@ l’auteur,
Vous rapportez :
"C’est donc ce paradoxe que souligne ce travail scientifique, soit un seuil de tolérance aux violences sexuelles qui s’affaisse, mais qui ne se traduit pas par une augmentation des plaintes devant nos instances pénales. Comment expliquer cela, les auteurs ne nous éclairent pas plus quant à l’interprétation possible de ce phénomène, si ce n’est par l’évocation d’une certaine dépendance matérielles et financière des victimes à l’égard de leur tortionnaire"
Il y a pourtant bien des explications à cet apparent paradoxe. Si les auteurs avaient demandé aux victimes ce qu’elles ressentent, ils auraient trouvé d’autres réponses que cette histoire de dépendance matérielle...
- En France, l’immense majorité des victimes de violences sexuelles commencent par se sentir coupables et honteuses... même si beaucoup savent que ce sentiment n’a rien de légitime. Or, poursuivre son agresseur implique de "prouver" que l’on est victime. Le plaignant est placé dans une position où la réalité du préjudice et de la contrainte seront mis en doute. Perspective particulièrement angoissante pour une victime constamment en proie au doute et rongée par la honte.
- Les auteurs de l’enquête de manquent pas de relever que la plupart des violences sont commises par des proches. Les victimes se trouvent alors dans une position ambivalente vis à vis de leur agresseur, qui est aussi un "proche". C’est lourd pour quelqu’un de se dire qu’il va peut-être envoyer son père, son frère ou autre en prison... même si celui-ci l’a violé.
- La justice attend des preuves. Or, ici il n’y a aucune la plupart du temps, ce sera la parole de l’un contre celle de l’autre. En cas de doutes sur la culpabilité de l’accusé, il sera acquitté, relaxé, ou même pas poursuivi après instruction. Nombres de victimes estiment -à raison- qu’elles n’ont aucune chance, et préfèrent s’épargner la deuxième blessure de voir leur préjudice publiquement nié.
- Il y a aussi la crainte des conditions d’accueil et d’écoute par la police judiciaire et la justice. Sans doute se sont-elles améliorées. Mais il serait naïf de croire que toutes les victimes de violences sexuelles sont reçues et écoutées de façon respectueuse. C’est assez décourageant.
- Plus concrètement encore : le délai de prescription. Nombres de victimes se trouvent psychologiquement en mesure de porter plainte une fois passé ce délai.