Une destruction créatrice est sans doute souhaitable.
On se rejoint donc. Mon point de vue c’est effectivement qu’il y a destruction créatrice, qu’on ne peut en controler la vitesse (je vais développer plus bas) et que l’on a pas fait ce qu’il fallait pour en atténuer les effets.
La question, pour rejoindre l’article que je trouve excellent, est quelle peut en être le rythme pour qu’il soit soutenable. L’autre problème est que la mécanique n’ayant que pour seul contrôle les lois assez opaques du marché, nous subissons plus que nous ne choisissons.
Oui effectivement à cause du marché mais pas seulement nous ne controlons pas la vitesse de la destruction créatrice. Mais nul besoin d’attendre le libéralisme. Lorsque l’imprimerie a pointée le bout de son nez la société s’est vue retournée à la vitesse de l’éclair ! L’idée c’est que l’introduction dans la société d’un nouvel outil modifie instantanément les rapports de pouvoir entre les hommes avec des gagnants et des perdants.
Mais l’idée c’est aussi que bien sot est celui qui croit savoir qui vont être les gagnants et les perdants de sa nouvelle invention (lire Neil Postman "The Technopoly" à ce sujet. Excellent même si je ne suis pas d’accord avec lui sur tout). Pour prendre un exemple (tiré du bouquin précédemment cité), Gutenberg croyait que son invention allait renforcer l’Eglise en permettant d’imprimer la bible. En réalité, c’est le schisme protestant qui fut grandement facilité par l’imprimerie. Et l’église y perdit beaucoup.
De même pour l’internet. Lorsque le gouvernement américain a ouvert le réseau au commerce, ils croyaient que son utilisation serait anectdotique et que cela servirait juste de terrain de jeu à quelques boites de technos avant que des boites comme Microsoft et America Online lance des réseaux privés et parfaitement controlés. De tels plans de réseaux globaux privés ont été fait et présentés aux investisseurs au début des années 90 (AOL en était un à la base avant de s’ouvrir à l’internet de même que Compuserve et plus tard MSN.). Il n’est pas du tout sur que le gouvernement US ait libéralisé Internet si il avait prévu que ce réseau incontrolable devienne l’épine dorsale de l’économie mondiale. Ils auraient certainement préférés qu’une entité commerciale unique comme MS controle entiérement ce réseau.
Bref pour revenir au sujet, on ne peut pas controler la vitesse du changement parce que lorsque l’on introduit les graines du changement on ne sait pas si elles vont pousser et quel arbre elles vont donner.
Les deux seules alternatives sont :
- Passer en mode taliban, tout bloquer et regarder la société s’effondrer. Ce qui impose une dictature.
- Laisser faire en essayant au fur et à mesure d’accompagner au niveau de l’enseignement et de la politique pour que la transition soit la plus simple possible à vivre. Je préfére honnétement celle-ci.
Enfin si vous vous posez la question de la rapidité du changement, demandez à une personne ayant vécu en Chine des années 80 jusqu’à nos jours. Il aura certainement des choses intéressantes à vous raconter sur le sujet. Il y aurait certainement un film à faire la dessus.
Dans ces conditions, la philosophie permet de ne pas pêter les plombs et de se recentrer sur les choses essentielles de l’existence.
Attention et encore une fois attention, d’une part je n’ai pas dit que je trouvai la philo inutile. Juste que peut être que dans le monde actuel c’est moins prioritaire que d’autres enseignements.
D’autre part, le philosophe, par définition le sage est censé maitriser une très large étendue de savoirs pour pouvoir philosopher. Les grands philosophes étaient d’ailleurs pour beaucoup également de grands scientifiques. On ne peut pas philosopher si l’on ne comprend pas le monde autour de nous. Et cette compréhension aujourd’hui comprend une grande part de sciences, de techniques, et d’économie. C’est pour cela qu’à mon sens, le cours de philo devrait venir après !