Eh bien pour ma part, le petit Jeannot me fait beaucoup de peine.
Investi par papa comme "moi en plus grand et en plus beau", le pauvre chéri n’est pas sorti de l’auberge. Il vivra la vie rêvée de papa, mais pas la sienne. C’est triste.
Sous le blond californien de surfer, des yeux prématurément cernés et ridés, et pas de rides de rire...
Le nez pourrait être conquérant : il se projette pour s’affirmer, masculin et viril, mais finit par se rabattre, vers le bas.
La bouche, encore sensuelle, marque déjà un pli d’amertume, et le petit menton fuit.
Je ne suis pas morpho-psy chose, j’essaye juste d’expliquer pourquoi je n’arrive ni à haïr, ni à soutenir, ni à penser autre chose de ce gosse que "pauvre gosse", malgré son salaire, son ascendance, ses perspectives d’avenir et son prochain mariage avec une gamine qu’on associe à une camionette, et qui doit pas l’avoir eu drôle tous les jours non plus, en dépit, ou à cause de la réussite de leurs célèbres parents.
Leur "réussite", ils la payent, l’on payée ou la payeront : ça rend aigri, et c’est sur notre dos qu’ils se rembourseront, parce que tout renvoyer dans la gueule de papa serait certes salutaire, mais trop dur : ils ne le feront pas.
Du coup, la seule question importante pour nous, le commun des mortels, est : comment nous défendre et nous garantir de ces "pauvres petit(e)s fils/filles riches" qu’on érige en modèles et qu’on nous balance dans les pattes avec comme seule légitimité d’être nés ici plutôt qu’ailleurs ?
Ah , quelle merveilleuse ode au Mérite ! Gloire aux gènes des frustrés devenus prédateurs !
Merci à l’auteur pour cet article délicieusement et malicieusement soumis à la légitimité et à l’exemplarité.
Pauvre gosse, quand même... Je préfère les miens, ni décolorés, ni brushés, ni cravatés, -sauf quand ils veulent-, à qui il manque toujours 5 cts pour le ticket de métro- mais ça fait rien, ils aiment marcher et faire du vélo-, avec des trous dans les jean’s qui sont pas faits "pour faire style", mais juste parce que les jean’s sont vieux, très vieux- ma fille porte ceux que je portais à son âge-, ils font ce qu’ils ont envie de faire, à condition d’assumer parce qu’ils savent qu’ils n’ont derrière eux que de l’affection et de la confiance, mais ni carnet de chèque, ni "connections", ni "réseau". Ils galèrent pour faire ce qu’ils ont envie de faire, et moi, je galère pour les soutenir.
Je crois qu’ils sont heureux. C’est ce qu’ils me disent. Peut-être que c’est juste pour me faire plaisir.
En même temps, quand je vois leurs bouilles et que je les compare à celles du petit Sarkozy et de la petite Darty, quand je les écoute et que je compare leurs discours à ceux du "légitime", je n’ai plus de doutes : un mois difficile de patates au lard et de spaghetti bolognaises partagés dans un squatt enrichissent plus .
Je ne le souhaite pas pour tous, bien sûr. Mais s’il vous arrive de le vivre, ne culpabilisez surtout pas en pensant à la fille "Darty" ou au fils "Sarkozy". Eux, ils n’ot le droit de rien apprendre de personne ni de rien.
Pauvres, pauves petits.