Jean Sarkozy, un conte de fée
Pour faire un parallèle avec l’automobile, et si Sarkozy père a six cerveaux, le fils de Monsieur, à la même différence qu’entre un V6 et un V12, en a le double. La puissance augmentée permet de plus foudroyantes accélérations. En digne fils de son père, le Jean terrien a grillé au démarrage dans l’histoire de l’humanité tout autre politique si précoce fût-il. Il est arrivé plus vite et trahi plus précocement encore que son maître à penser et par ailleurs géniteur, accessoirement mari de chanteuse enfant de quarante ans et à 30 amants et trop pressé fondateur de l’Europe et de l’UPM. L’élève dépassera-t-il son professeur ? Ses débuts prometteurs sur la scène politique à défaut de théâtrale pourrait le laisser désespérer.
Voilà une arme politique bien affûtée. Le Jean, lui il ne traîne pas. Son père épouse la musique transalpine, lui, pour ne pas être en reste se fiance avec l’électroménager et la hi-fi grand public. Le meilleur service après-vente de toute la France, la Navarre et le Neuillyois. A 21 ans, l’activité du fils prodigue ne laisse pas de nous émerveiller. Il n’a pas 21 ans, l’ancienne majorité rabattue à 18 avant VGE, il va être chargé de famille, sans souci de fin de mois faut-il le préciser. Il a déjà son salaire de conseiller général des Hauts-de-Seine. Les études de droit et sur les planches mènent à tout.
Dans une même semaine, il chausse les bottes de sept lieues pour suivre les empreintes anciennes laissées par son papa qui pense tant de bien de lui, son fiston qui est courageux (dixit le locataire du château et de la Lanterne, l’une éclairant l’autre de ses foudroyants éclairs) tant il est vrai qu’il faut un courage défiant les plus abrupts résistants pour se présenter avec un tel nom dans un canton d’une contrée si difficile à conquérir et dont le risque de perdre n’est pas visible au microscope électronique. Ah le courage, le panache et au bout la gloire méritée ! Voilà un modèle pour nos petits bouts du jardin d’enfants. Les autres catégories d’enfants étant bloqués par les études de Môquet au collège, et la Shoa en cours moyen. Du reste, il faut bien mettre en tête de nos enfants ce destin édifiant et le plus tôt possible pour éviter qu’ils tournent mal si on n’a pu détecter à temps les graines de voyous qui pourraient se nicher dans ces cœurs inconscients du mal que pourraient receler leurs gènes.
Ainsi donc, disé-je, en moins de deux jours on apprend que Jean, fils de Nicolas, se moule dans l’habit hérité à sa naissance : people et politique. Certes personne ne lui demande d’épouser une louloute du 9-3, nous ne pouvons que constater que le hasard fait bien les choses et que l’ascenseur social fonctionne. Petit-fils d’un immigré, dépourvu d’appui, vivant dans une contrée si éloignée de Paris et si déshéritée et discriminée qu’il veut qu’un petit milliard d’euros serve à rapprocher son canton de la capitale en couvrant le périphérique, il a dû subir toute sa jeune vie les quolibets, lui à la vie difficile, portant un nom qui à Neuilly et Passy vous claque la porte au nez, un nom qui au sein des instances UMP est un tel handicap qu’il faut une force de caractère peu commune pour sortir la tête du lot d’autres militants et responsables dont les caractères, les valeurs et les capacités, et leurs engagements, et leur travail depuis de longues et épuisantes années - et nombre de ceux-ci pour une section la plus peuplée du Parti du président - pourraient laisser supposer qu’ils aient quelques droits à diriger une section ou un groupe. Il faut sans mauvaise ironie dire que la couleur des cheveux du jeune éphèbe et la douce onde de leur mouvement n’est pas pour rien à ses mérites. Phoebus éclaire de ses doux rayons les couchants de l’Ouest parisien. Et sous ce charme élégant la belle est tombée. A trois jours d’intervalle donc nous apprenons que les fées qui s’étaient penchées sur le berceau de notre héros ont été sages et efficaces. Avec l’amour arrive à grands pas la réussite. En effet prenant tous les caciques par surprise (en voilà qui bien que depuis longtemps dans les arrière-cuisines de la chose publique se laissent encore avoir par plus tordu qu’eux, plus affamé de pouvoir, plus cynique, plus a-moral) Jean qui veut accroître ses terres, à 21 ans, mieux que Bonaparte à Arcole, prend d’assaut le groupe UMP au conseil général des Hauts-de-Seine. Comme le révèle parmi d’autres Le Figaro : JEAN SARKOZY n’a pas laissé le choix à Patrick Devedjian. Le président du conseil général des Hauts-de-Seine, comme la plupart de ses élus de droite et du centre, a découvert que le benjamin du groupe en briguait la présidence quand il a reçu sa lettre, par fax, jeudi. Depuis, Devedjian tente de réparer les dégâts causés par cette candidature surprise. « On ne peut pas dire qu’il soit ravi, reconnaissent ses proches, mais sa priorité, c’est de restaurer l’unité au sein du groupe majoritaire.
Depuis cette annonce du 13 juin, l’affaire est réglée. Devinez quoi ? Le lourd handicap du nom de l’impétrant n’a pas vaincu l’ardeur de la jeunesse et la qualité du personnage : Jean Sarkozy est le nouveau patron du groupe UMP au conseil général des Hauts-de-Seine, bien parrainé par les Balkany qui aiment particulièrement les employés municipaux et moins les bancs des cours de justice. Mais avec Dominique Paillé qui lui est le recalé des élections et des tribunaux, Santini qui est renvoyé en correctionnelle et d’autres comme Richard qui frauderait le fisc, sans oublier les soutiens comme Tapie, Virenque et Halliday, un Balkany a toute sa place dans ce monde de joie, de pureté, d’idéal, de gentillesse de fidélité et de courtoisie. Ce n’est que pour les endurcir afin d’affronter une vie rude que le patriarche donne des leçons publiques de maintien. Et un Casse-toi pauv con n’a qu’un intérêt didactique. Sinon la délicatesse du jeune Jean serait un handicap pour ce monde de brutes qu’il affronte avec dignité et rapière en avant.
Douze cerveaux, c’est ce qu’il faut à ce surdoué. En effet, il n’a pas 21 ans et le voilà déjà aux portes de la mairie et de l’église, plus jeune que son père qui convolait (en un seul mot SVP) à 27, à 21 ans il est conseiller général alors que son père a attendu 28, plus jeune il a eu la délicate épreuve de trahir ses promesses, ses amis et, doué comme il est, il a passé l’épreuve haut la main. Revenons juste un instant sur les déclarations de l’enfant prodige, qui n’a pas eu les problèmes de ces enfants surdoués dont certain rédacteur d’ici nous parlait récemment, lui a eu en plus la chance d’avoir une famille dont le mode de vie et la moralité (à l’oral, peu de différence avec l’amoralité) était le cocon idéal pour que s’expriment de telles qualités.
Le soir des élections de papa à l’entrée d’une boîte de nuit, il déclarait à des journalistes que ceux-ci étaient bien gentils, mais qu’ils devaient comprendre qu’à partir de cet instant il serait muet pendant cinq ans. Bon. Ensuite, devant les jeunes UMP, il déclarait avec cette fougue que l’on reconnaît à la jeunesse et qui nous émeut, et qui nous emplit le cœur de joie, qu’il soutenait à mort David Martinon. (Bon tout le monde comprend que dire à mort n’a pas la même résonance à Neuilly, où le seul risque est celui d’une cuite au champagne ou une indigestion d’ortolans, qu’en Irak, par exemple, et le risque de mourir n’est pas des plus élevés). Pardonnons au jeune âge de notre Pierrot qui autorise des erreurs d’appréciation. Oh, il s’était trompé. La faute à Martinon. Neuilly avait besoin d’être sauvegardé d’un gendre idéal, gominé et distant. Les deux mains sur le cœur, le verbe haut, avec entre autres cet imbécile d’Armand Teullé, il trahissait sans l’ombre d’une hésitation, car le péril rôdait autour d’une ville en danger, ce pauvre porte-parole de l’Elysée qui n’a fait bonne figure que 12 heures avant de partir la tête basse et la queue entre les jambes, ce qu’il pouvait difficilement faire autrement. Bon il sera consul chez Schwarzie. Et pourquoi donc s’arrêter en si bon chemin. Aidant Teullé à trahir, il trahit Teullé le quart d’heure d’après. Il ne le soutient pas, prend sa place comme candidat aux cantonales (« En plein accord avec Arnaud Teullé, qui souhaite se consacrer exclusivement à la campagne des élections municipales, j’ai décidé de me présenter aux suffrages des Neuilléens pour les élections cantonales de Neuilly Sud ») et devient le nouveau cantonnier de Neuilly Sud. Il se sert de son nouveau balai pour en donner un coup définitif sur la tête du décidément pauvre Teullé et lui prend la place à la tête de la section locale de l’UMP. En quelques mois, la trahison de sa parole et quatre trahisons successives. Ah il apprend vite le bougre. Sarkozy avait raison, il doit y avoir quelque chose dans l’ADN. Quelques illuminés pensaient que la bête nourrie allait se calmer rassasiée. C’est comme si vous croyiez que de donner un sou à Picsou l’empêcherait d’en vouloir un autre, puis un autre. L’appétit vient en mangeant. Le rusé fils de son père déclare ensuite qu’il allait prendre le sens de sa mission et travailler comme un bœuf laboure son champ. Il avait beaucoup à prouver. Il déclara alors aux naïfs assemblés que pour l’instant il se contenterait de son poste de conseiller général et qu’il y avait suffisamment à faire dans son canton pour l’occuper. Las, il fallait un chef au groupe UMP, une place promise à un certain Hervé Marseille du Nouveau Centre, vous savez ce parti de traîtres et de cocus, aux ordres et fiers de se faire marcher sur les pieds, quoique ça chauffe un peu en ce moment. Du reste voici un passage éclairant de cet étonnant tigre de la politique lors d’une interview du Figaro quant à sa candidature aux cantonales et qui fera plaisir à Martinon, Teullé et Marseille :
Avez-vous l’investiture de l’UMP ?
Je suis le seul candidat de la majorité présidentielle. J’ai sollicité l’investiture UMP auprès du secrétaire départemental Jacques Gautier, et le soutien du Nouveau Centre auprès d’Hervé Marseille.
Qu’en pense Arnaud Teullé qui avait été initialement investi par l’UMP dans ce canton ?
Bien sûr, c’est une décision prise en accord avec Arnaud. Il a fait le choix de se présenter aux élections municipales et veut y consacrer toute son énergie.
Qui allez-vous soutenir entre Arnaud Teullé et Jean-Christophe Fromantin, le candidat investi par l’UMP ?
Je vais respecter la plus grande neutralité. Je ne souhaite pas intervenir dans le débat des municipales. Je réserverai à l’isoloir le secret de mon vote.
Vous faisiez équipe avec David Martinon et Arnaud Teullé. N’avez-vous pas l’impression d’avoir trahi l’un puis l’autre ?
Je n’ai jamais trahi personne. Je regrette sincèrement l’incompréhension qui s’est installée. J’ai apporté à la campagne ma contribution franche et loyale. J’ai averti très régulièrement le candidat des problèmes que nous rencontrions. Je l’ai fait de la façon la plus franche qui soit.
En résumé Jean Sarkozy à 21 ans est fiancée à Darty, conseiller général, responsable local de l’UMP et président du groupe UMP au conseil général des Hauts-de-Seine. La question est de savoir s’il battra le score de son père qui en 2006 était tout à la fois : président de l’UMP, adjoint au maire de Neuilly, conseiller général et président du conseil général des Hauts-de-Seine, ministre de l’Intérieur.
Sarkozy a inventé l’élection héréditaire à défaut de monarchie.
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