Bien d’accord avec vous : nous avons eu jusqu’à 5 abonnements avant de résilier suite à un coup de sang le jour où nous avons eu la curiosité d’additionner les factures.
Bon , OK, nous ne sommes pas des modèles d’économie domestique et nous avions négligé de résilier les options offertes pendant 3 mois, qui ne nous servaient à rien sauf à doubler les forfaits. On en avait pour 200 à 300 € /mois (famille nombreuse), et pour quoi faire ?
Appeler d’un embouteillage pour dire qu’on aurait 20 minutes de retard, du supermarché pour demander s’ils préfèrent des gnocchis ou des tagliatelles, se faire sonner en pleine réunion par la petite dernière qui demande si elle peut emprunter vos escarpins ou par un service de télésondage, ou par une pub, et stresser comme des malades quand il y a vraiment quelque chose d’important et que ça ne répond pas, ou que le grand découche sans avoir prévenu, et que ça tombe direct sur répondeur, ou qu’on l’a perdu, ou qu’il est déchargé...
Alors on s’est dit qu’on avait réussi à vivre près de 40 ans sans portables et qu’il n’y avait pas de raison que ça devienne impossible aujourd’hui.
On a tout résilié et on s’est fait harceler sur notre fixe -sur liste rouge, mais qu’on avait dû donner en s’abonnant-, par l’opérateur fort marri de voir s’envoler toute une famille de pigeons dodus.
On a repris deux portables avec cartes prépayées de deux grands opérateurs qui nous permettent d’être joignables en déplacement : nous nous les partageons en fonction des priorités.
Comme je bosse en ce moment à 7 bornes de chez moi, que je dispose d’un fixe au boulot, que je m’y rends à vélo et ne risque donc aucun contre-temps embouteillatoire, je ne suis jamais prioritaire et je n’ai plus de portable. J’en ai gardé un vieux qui me sert de montre, de réveil et de calendrier. Depuis l’abandon du portable, le pire qui m’est arrivé, c’est une crevaison de vélo : j’avais pas de quoi réparer et j’ai continué à pieds. Une demi-heure de retard et tout le monde s’en foutait : ils ont cru que je buvais un pot avec les collègues après la réunion.
En revanche, la pression sociale se fait bien sentir quand votre supérieur vous engueule parce que vous vous présentez, comme prévu, à 8h du mat’ dans son bureau alors que tout a été annulé la veille par sms : celui qui est gêné, ce n’est pas celui qui a tout organisé depuis deux mois , qui a exigé que vous soyiez préparée à une confrontation musclée pour laquelle vous avez affuté vos arguments, sué sang et eau en vous repassant le film des probables, négligé vos proches ou les avoir assommés en les exhortant à vous contrer et à vous contredire sur des thèmes ou des sujets dont ils n’ont strictement rien à foutre... Non, le coupable, c’est vous : vous n’aviez pas le portable ce soir là ! C’est le fiston qui tenait la caisse à un concert de rock qui l’avait, parce que c’était un plan qui nous semblait risqué : on voulait qu’il puisse appeler pôpa et môman.
Moi, ce qui me frappe, en dehors des dangers physiologiques supposés, c’est qu’après avoir été sommée d’éxécuter un boulot , je le fasse, je le livre en temps et en heure, et parce que ça a été annulé par un sms que je n’ai pas reçu, c’est à moi qu’on reproche de n’être pas "joignable"- j’ai un e-mail et un fixe !- En revanche, vos boss organisateurs qui se permettent d’annuler une conférence prévue depuis 3 mois pour laquelle ils ont exigé de vous un investissement exemplaire... Ben quoi ? Y z-ont envoyé un sms, ou bien ?!
En bref : je hais les téléphones mobiles, les sms et les bagnoles-celles dans lesquelles les mecs téléphonent garés sur les pistes cyclables- ceux -là, un coup de talon aiguille dans la portière, et si je suis dans un bon jour, je leur explose le rétro. C’est fou ce que ça défoule.
Je hais les téléphones tout court : quand je les entends sonner, j’ai l’impression qu’on me siffle. Merde alors ! Je dois arrêter de vivre parce qu’à un moment, y’a un truc qui fait "dring dring", ou "tudutut tudutut", ou chante la traviata, ou meugle, ou pépie-y’a de tout de nos jours !-
Eh bien ça me fait chier : j’aime pas qu’on me sonne, ni qu’on me somme de quoi que ce soit.
Les téléphones j’en ai, mais désormais je les coupe, les débranche, et les réserve aux urgences.
Résistons.