Agence France-Presse
Washington
Les milliers de Kurdes gazés à Halabja, dans le nord de l’Irak, n’étaient pas directement visés par Saddam Hussein mais ont été les victimes indirectes d’une bataille entre l’Irak et l’Iran, affirme un ancien responsable militaire et de la CIA dans le New York Times.
Stephen Pelletiere, qui a enseigné à l’école de guerre de l’armée de Terre américaine, estime que le président américain George W. Bush ne devrait pas utiliser ce gazage en mars 1988 comme un des arguments en faveur d’une intervention militaire contre l’Irak.
« L’Irak a utilisé des armes chimiques pour tenter de tuer des Iraniens qui avaient pris la ville » proche de la frontière et « les civils kurdes ont eu le malheur de se trouver là (...) mais ils n’étaient pas la cible principale », écrit-il.
De plus, « nous ne pouvons pas dire avec certitude que des armes chimiques irakiennes ont tué les Kurdes », affirme M. Pelletiere, qui a été un expert de l’Agence centrale de renseignements (CIA) pendant la guerre du Golfe.
M. Pelletiere cite ainsi une étude, classée confidentielle, des services de renseignements militaires américains « affirmant que c’est du gaz iranien qui a tué les Kurdes, et pas du gaz irakien ». D’après lui, un gaz à base de cyanure aurait été utilisé, un type de gaz que possédaient les Iraniens mais pas les Irakiens.
Le massacre fit au moins 5000 morts civils, principalement des femmes et des enfants.
Selon d’autres experts, ce bombardement intervenait, semble-t-il, en représailles au soutien accordé par les Peshmergas (combattants kurdes) à l’armée iranienne en guerre contre l’Irak de 1980 à 1988.