@ hans lefevbre
Vous précisez dans le premier commentaire :
"loin de moi de nier les problèmes liés au fonctionnement de notre institution, ses carences et autres problématiques liées à ses moyens matèriels et humains"
Euh... ce n’est pas ce que j’avais compris en lisant la dernière fois :
" Par contre, lorsque les faits sont révélés, je peux vous affirmer que tant la police que la justice mènent à bien leur travail, et je parle en connaissance de cause."
Plus bas, ma réponse différée pour le développement de mon "croyez-moi" quant à l’existence d’un contraire à cette description.
Au sujet de votre commentaire cité dans cet article :
"Le problème fondamental reste le dépôt de plainte, c’est donc le silence qui continue à œuvrer, mais n’y voyez aucun reproche, je mesure entièrement la difficulté pour les victimes de verbaliser, et ensuite de s’exposer à une procédure douloureuse et longue."
Je me suis demandée, comme Kieser, si vous supposiez par là que la victime et sa malheureuse histoire étaient seules responsables de ce silence.
Vous répondez que non, c’est l’agresseur qui est en cause. Arrêtez moi si j’interprète... mais en argumentant "c’est souvent l’auteur des faits qui impose le silence par le régime de terreur qu’il fait régner ! La justice ne peut agir que sur plainte, comme vous le savez", vous abondez dans le sens d’une absence de responsabilité collective.
Que la justice ne puisse agir sans dépot de plainte n’enlève rien au fait que la victime sait d’avance qu’elle "s’expose à une procédure longue et douloureuse" en choisissant de poursuivre son agresseur. Je m’interroge : la société et le système judiciaire français n’y sont donc pour rien si porter plainte pour violences sexuelles, c’est s’exposer à une procédure longue et douloureuse ? Je pourrais être d’accord si il n’y avait pas de dysfonctionnements significatifs dans la longueur et le déroulement des procédures. Or, vous ne pouvez nier que c’est le cas, à la lecture des témoignages que Kieser et moi-même rapportons. Vous rappelez d’ailleurs en être averti au début de cet échange.
Que la victime en soit précisemment informée ou non avant de décider de porter plainte ne change pas grand chose à son problème. Si les dysfonctionnements et abbérations sont encore fréquents, c’est qu’il y a des raisons à cela : des professionnels encore perclus d’idées reçues rétrogrades (archaique oui), faisant état d’une inquiétante méconnaisse du pb et enclins à une forme de banalisation par leur attitude. Et si cela est encore observé parmi les gens dont c’est le métier d’instruire et juger ces affaires, que dire du reste de la population non victime ? La même, en plus généralisée.
Dans le silence et le déni, il est assez difficile pour une victime de ne pas reprendre à son compte toutes les inepties culpabilisantes qui circulent sur le sujet... quand la situation a brouillé ses repères. Comment ne pas se sentir honteux dans ce contexte ?
En sortant du silence, on comprend vite que l’on s’expose à des réactions préjudiciables et blessantes en évoquant son vécu. Elles peuvent émaner de l’entourage proche, intime, de psys. Et l’on s’aperçoit que rares sont les personnes capables d’entendre. Se posent les questions suivantes : Quand choisir d’affronter et lutter contre ces réactions ? Quand choisir de les éviter en esquivant et en taisant des pans parfois entiers de sa vie ? Laquelle des deux positions conduit à plus d’isolement ? Des questions que je me pose quotidiennement. Non que je voudrais pouvoir raconter le détail de mon histoire à tous. Mais j’éprouve souvent le pesant sentiment de devoir vivre dans une sorte de clandestinité.
Comment ne pas supposer que l’on va s’exposer aux mêmes risques face à la justice ? J’aurais aimé voir ma méfiance démentie...
Tout cela ne tient pas seulement aux agresseurs qui soit dit en passant font aussi partie de notre société moderne et "civilisée" . Ils y sont d’ailleurs le plus souvent admirablement intégré et apprécié.
Voilà mon point de vue, de "l’intérieur".