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Commentaire de khan

sur Vatican et Pédophilie : on s'accommode en silence


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khan 20 juin 2008 12:29

Merci beaucoup d’avoir pris la peine de me faire une réponse aussi claire et aussi solidement charpentée.

Je suis particulièrement sensible à la pertinence de l’explication symbolique dans l’interdiction de l’inceste. Cela me rappelle une explication sur la loi du casherout : en interdisant de consommer le lait en même temps que la viande, la Torah poserait l’interdit de l’inceste : tu ne consommeras pas la mère ET l’enfant. Cela correspond-il à votre vision ?

Concernant l’age du consentement, je vois votre nuance. Je souscris tout à fait à l’idée que notre société manque de rituels qui permettraient de marquer les étapes de la vie. C’est aussi un défaut des sociétés multiculturelles atomisées. Ce qui est marquage adulte pour certains ne l’est plus pour d’autres : la Bar-Mitzva où le jeune kibboutzim recevait un fusil était un passage adulte, la Communion solenne me parait moins nettement avoir rempli ce rôle... elle a d’ailleurs carrément disparu des rites officiels catholiques.

Votre article prenait pour appuis le refus de l’Eglise Romaine de laisser agir la justice humaine dans toute sa sévérité à l’encontre de ses brebis égarées. Bien que je puis avoir une opinion sur cette question, mon propos aujourd’hui est plutôt de m’adresser à l’ordre symbolique.

Suite à l’aggionamento décidé lors du Concile Vatican II, les rituels ont été dépouillés de formules anciennes, ils ont été modifiés et traduits en langue vernaculaire. Et une grande partie du symbolisme a été retirée. En bien des façons, le catholicisme a voulu faire oublier qu’il avait été une religion à mystères. Alors, certes, je n’ai aucune sympathie pour la messe en latin, vecteur de tous les intégrismes et de toutes les crispations identitaires ; mais la perte du sens symbolique dans l’Eglise romaine me parait avoir des conséquences négatives dans la capacité globale à symboliser. Ce qui nous rapproche de votre réponse sur les interdits globaux. Je note au passage l’importance du tabou, qui a des raisons d’être et dont on ne peut songer à s’affranchir (et à affranchir autrui) sans craindre de dramatiques conséquences dans l’ordre social.

Votre réponse me plait encore par son coté mesuré, là où j’ai vu depuis bien des années des ayatollhas de cette nouvelles chasse aux sorcières. En ce sens, je crois pertinente la remarque sur ce fil ou un autre proche disant que la haine de la religion entraine à l’accuser du crime par essence de notre civilisation, la pédophilie. De même, j’ai l’intuition que l’argument renvoyant à la pureté innocente de la jeunesse, comme réparation symbolique de l’impureté ressentie de la sexualité adulte, pourrait être une explication à la fixation de certains religieux sur une libido tournée vers les enfants. Ainsi, ce serait une perversion liée à un rejet d’une sexualité adulte épanouissante. Mais cette lecture est peut-être un peu trop univoque pour être suffisante.

En revanche, et je ne pense pas que nous soyons d’accord sur cela, j’approuve l’attitude de Mgr Pican qui refuse de trahir le secret de la confession. Dans une approche symbolique, il me parait avoir raison et donc devoir accepter sa condamnation par les tribunaux de la République. Je trouve qu’il a accomplit son devoir de prêtre et de confesseur. Il devait inciter le coupable à la réparation (dans ce cas, à se dénoncer pour pouvoir être puni et soigné) mais pas le dénoncer lui-même. Et là, je reviens vers vous en tant que praticien : dénonceriez-vous un patient ayant commis un délit ou un crime et qui vous le confierais sous le sceau du secret médical. Je sais que la loi vous en fait obligation (comme à l’évêque), mais le feriez-vous ? Et partant, distinguons par exemple un crime ordinaire (vol à main armée) d’un délit sexuel (corruption de mineurs), qu’en feriez-vous ?

Je vais lire les documents cités en référence.

Bonne continuation !

 

 


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