L’analyse est intéresante, même si elle est à mon avis partiellement erronée.
Votre paragraphe introductif résume à lui seul cette ambigüité : les élements cités, que vous développez par la suite, participent effectivement à l’affaiblissement de François Bayrou, et créent des difficultés pour son projet politique. Mais sa vision sociétale elle continue d’être très populaire.
Deuxième élément majeur, omis dans cette analyse, la réalité du paysage politique français. D’un côté, une UMP électoralement hégémonique, mais dont le président est largement désavoué, de l’autre un PS miné par des querelles internes sans fins, dont on voit guère l’arrêt d’ici 2012.
Jean-Michel Aphatie a récemment, sur Canal+, prononcé une analyse largement juste : François Bayrou constitue un recours. Pour réussir, faute de soutien médiatique, il a bien sûr besoin que les autres échouent. Cet élément là semble, hélas pour la France, en bonne voie. Puis il doit proposer une vision cohérente et attractive : du chemin reste encore à faire, mais le président du MoDem part sur de bonnes bases : il avait raison avant tout le monde, en 2007, sur son analyse de la situation. Il propose des solutions acceptables par l’essentiel de la population, sa vision de la société est sans doute la plus aboutie, celle qui tient le plus en compte les angoisses des français vis à vis de l’évolution de notre société. Enfin, l’homme Bayrou a acquis une profondeur et une crédibilité incontestable. Lui reste à acquérir une envergure internationale reconnue, mais c’est dans ses cordes.
Reste qu’il lui manque encore une équipe crédible, un projet abouti et une machine de guerre électorale. C’est bien l’enjeu de ces prochaines années pour le Mouvement Démocrate, mais il lui reste 4 ans. Si la situation ne s’améliore pas pour les français, la guerre interne à l’UMP redoublera, et celle du PS semble inextinguible. Les départs de seconds couteaux du MoDem n’intéressent vraiment que les journalistes politiques. Ni le Nouveau Centre, ni les groupuscules attenants ne constituent d’alternatives crédibles pour les français, faute de vision politique indépendante. Et vouloir résusciter une UDF conçue sur les base de la société des années 70-80 ne peut mener qu’à l’échec : la société a changée, l’UDF est morte comme l’est le PRG ou le parti radical valoisien ; ce ne sont que des coquilles vides faites pour entretenir quelques synécures. Si je vous rejoint sur le cafouillage des élections municipales, les prochaines élections intermédiaires devraient permettre au MoDem de s’affirmer plus clairement, même après nouvelle modifications du scrutin.
Contrairement à vous, je pense que les centristes (les démocrates, pas les ex-UDF...) que représentent François Bayrou ne font rire ni Nicolas Sarkozy, ni les tenors du PS.