Lorsque je vous dis que vous voulez remplacer de la dette à taux par de la dette sans taux, vous me dites que je n’ai rien compris.
"Non ... Absolument pas ... Je ne veux pas réemprunter à la banque centrale pour payer la dette n’importe quoi .."
Et ensuite ..
"Nous dépensons aux alentours de 60 milliards pour des investissements chaque année, nous avons contrairement à ce que vous dites tout à fait le droit de financer ces investissements par des emprunts, emprunts auprès de notre banque centrale, donc sans payer d’intérêts ( ou alors on paye des intérêts mais ils nous reviennent sous forme d’impots sur les benefices et via les dividendes vu que la banque de France est 100% publique )"
Donc vous remplacez la dette antérieur par de la dette nouvelle.
Pire vous méconnaissez le mécanisme de la dette actuelle, et vous refusez de le voir (quand vous dites que l’Etat ne rembourse pas sa dette vous avez tord).
Allez un petit cours sur le fonctionnement de l’AFT (chiffres de 2004, je n’ai pas les nouveaux). Le boulot de l’AFT, c’est de gérer la dette de l’Etat (la dette, pas la charge qui reste dans le budget).
En 2004, l’AFT a donc "dépensé" : 66,5 milliards en amortissement de la dette à moyen et long terme. C’est à dire en remboursant la dette existante ! et 46,4 milliards en comblant le déficit de l’Etat (et oui, c’est son boulot), pour un total de 112,8 milliards d’euros (les arrondis sur les sous valeurs expliquent la différence)
En face, elle a obtenu des ressources comme suit : 121 milliards d’émission (donc de dette nouvelle), réctifié par les BTF, les variations des comptes, etc... pour un total de 112,8 milliards.
L’amortissement de la dette n’est pas dans le budget, puisque l’Etat amortit en réempruntant. S’il ne peut réemprunter, il devra financer cet amortissement sur ses propres deniers.
Continuons à jouer un peu.
Le besoin de financement est de 120 milliards annuels (dont 40 de déficit).
Vous avez sorti 60 milliards du budget. Donc le budget est en excédent de 20 milliards. Le besoin de financement passe de 120 milliards à 60 milliards .... qu’il faut trouver chaque année.
On fige tout (on suppose que les dépenses ni les revenus ne progressent en euros constant). On parle à partir de là en euros constants, ce qui veut dire qu’on parle en équivalence.
cas 1 : vous emprunter à taux 0.
Au bout de 20 ans, vous avez remplacé 1200 milliards de dette à taux par 1200 milliard de dette sans taux. En parallèle, vous avez investi 60 milliards par an sans taux. Votre dette totale est donc de 2400 milliards.
En contrepartie, vos intérêts sont nuls.
Votre besoin de financement est devenu 135 milliards en amortissement (le double d’actuellement puisque le double de dette). Mais votre budget (toute chose égale par ailleurs) est excédentaire de 65 milliards. Reste à trouver les 65 milliards restant !
Il reste les investissements, qui ont pris de la valeur. Sont-ils cessibles ? Attention, logan va vous dire qu’il ne faut pas vendre les biens de l’Etat, qu’il suffit de pouvoir réemprunter à la banque centrale. Euh, non logan c’est vous.
Cas 2 : vous n’empruntez pas. Alors il faut modifier le budget (on en revient à la proposition initiale qui était selon vous stupide), parce que la charge de la dette va se compléter du reste du service de la dette (l’amortissement).
Revenons dans le monde normal. Que faut il faire ?
Primo, l’Etat a intérêt a emprunté en ce moment pour amortir le plus possible la dette ancienne qui est plus couteuse. Mais il doit emprunter uniquement à taux fixe (pour que le taux n’augmente pas). Ainsi, il diminue la charge de la dette.
Ensuite, il doit stabiliser ses dépenses et améliorer ses recettes. Le déficit se réduira, ce qui réduira la progression de la dette. S’il arrive à faire en sorte que les recettes progressent plus vite que les dépenses, alors il pourra commencer à amortir plus qu’il n’emprunte, et la dette commencera à reculer.
Comment peut il faire pour dégager 80 milliards en année pleine ?
Primo, il doit revoir ses dépenses. Et là le débat est complexe. Evidement, la droite a tendance à faire des économies sur "l’assistanat". Je pense qu’on peut faire autrement (revoir son organisation, optimiser ses processus de travail en simplifiant un peu les démarches, ...).
Secundo, l’Etat doit revoir sa fiscalité (donc ces recettes). C’est dire qu’il doit vérifier, point par point, les dispositifs, les rentrées, les coûts afférents, trouvez les déductions contreproductives, les allégements inutiles, renforcer ceux qui, au contraire, ont fait preuve d’efficacité, ...