bis repetita...
La notion de "trou de la sécu" me fait bien rire...si on peut dire
"... Le gouvernement pratique largement les exonérations de cotisations patronales, sans rembourser intégralement à la Sécurité sociale les dettes induites.
Enfin, de nombreux revenus échappent aux cotisations. Président de la Cour des comptes, M. Philippe Séguin a calculé que, si les stock-options étaient normalement assujetties aux cotisations sociales, elles fourniraient 3 milliards d’euros, soit la moitié du déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale en 2007.."(A.G.)
"Julien Duval rappelle le point de départ de cette campagne (sur le thème du déficit de la SS). Rapports de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, etc. : pas de chef d’orchestre mais une même volonté de réduire la rémunération du travail. Car les cotisations sociales, payées par les employeurs comme par les travailleurs, ne sont rien d’autre qu’une part de salaire, mutualisée afin que chacun puisse faire face aux aléas de la vie (maladie, vieillesse...) C’est cette mise en commun que les pouvoirs veulent casser. Si ce qui ne va pas au travail va au capital, il devient possible de faire de l’argent sur la maladie (les compagnies d’assurances), sur la retraite (les fonds de pension). Mais les raisons sont aussi idéologiques : briser les solidarités dans l’entreprise comme dans la société oblige chacun à se protéger comme il peut... selon ses moyens." (Martine Bulard)
Trou de la Sécu : est-ce si grave, docteur ? :
"...Les dépenses de santé sont également alourdies par la crise économique et le chômage.Mais la Sécurité sociale a également subi des pertes côté recettes, à la suite, notamment , de l’augmentation récente des exonérations de cotisations sociales. En 2005, ces exonérations s’élevaient à plus de 21 milliards d’euros, mais l’Etat n’en n’avait compensé que 19 milliards. Autrement dit, deux milliards manquaient à l’appel.A cela s’ajoute les arriérés de paiement de l’Etat, qui doit compenser les réductions de charges et, en tant qu’employeur, verser sa part de cotisations. Or l’Etat n’est pas d’une grande ponctualité dans le versement de ce qu’il doit. Actuellement, la dette de l’Etat dépasse 6 milliards d’euros..."
Le mythe du "trou de la Sécu", par Julien Duval :
"... Le montant absolu du déficit, auquel les médias s’en tiennent généralement, paraît colossal. Mais, rapporté aux sommes en jeu, il ne correspond pas à une part considérable de l’ensemble des recettes du régime général : même en 2005, où il atteint un niveau sans précédent, il n’en représente que 4,3 %. La même année, pour le budget de l’État, le rapport du solde aux recettes s’élève à 18 %. De même, on peut noter qu’en 2005 les besoins de financement de la Sécurité sociale ne constituent que 7,3 % de l’ensemble des besoins des administrations publiques .
Si l’importance accordée au chiffre du déficit paraît disproportionnée, on peut aussi discuter de la lecture qui en est régulièrement faite. L’expression « trou de la Sécu » est une sorte d’« obstacle verbal » qui « pousse à une pensée autonome » et tend à fournir « une fausse explication à l’aide d’un mot explicatif » . Elle invite à penser les finances de la Sécurité sociale sur le modèle du budget d’un ménage. L’analogie est parfois explicite. Pour tel journaliste de télévision, par exemple, il s’agit de problèmes « tout simples » : « le budget d’un ménage, il est composé des revenus et puis on doit s’y tenir, tout simplement » . L’expression « trou de la Sécu » ne fait pas que nommer un problème, elle renvoie implicitement au principe de l’économie ménagère selon lequel on ne peut pas durablement dépenser plus qu’on ne gagne. Elle renferme ainsi une explication : l’institution est en déficit parce qu’elle vit au-dessus de ses moyens ; et si elle vit au-dessus de ses moyens, c’est qu’elle gaspille ses ressources ou fait des dépenses inutiles...