Le perpétuel déficit : un Grenelle de la santé ?
Dix ans après sa mise en place, la Sécurité sociale était en déficit. Et depuis ce temps, nous ne cherchons qu’à combler un déficit perpétuel. Toutes décisions prises n’ont pas d’impact sur ce déficit. Avons-nous analysé les bonnes causes ?
Une fois de plus, l’on voit un déremboursement pointer le bout de son nez sur des médicaments dit « de confort » pour des maladies à longue durée. Je ne viens pas là critiquer le bien-fondé de l’action ou le choix des médicaments. Ce n’est pas de mon ressort ; en revanche, je viens m’étonner de l’énième décision qui consiste à moins dépenser en faisant des économies sur les conséquences et pas sur les causes.
Prenons les choses dans l’ordre. La cause : une personne est malade. La conséquence : elle se soigne. Une des méthodes de soin est la prise d’un médicament. Le médicament est un moyen de passer d’un état morbide à un état sain. L’équation posée est simple.
Vous me direz : on ne peut pas demander à une personne d’être moins malade. On ne choisit pas de l’être.
Et vous aurez raison… et tort à la fois.
On ne choisit pas d’être malade. Car comment expliquer que dans de mêmes conditions, une personne va développer un mal et pas un autre ? Mais comment expliquer aussi qu’un obèse sera plus sujet au diabète qu’un autre ? Il y a des terrains favorables, des prédispositions. Et selon les mêmes spécialistes qui dénoncent actuellement le danger du téléphone portable, la majorité des maladies – surtout les cancers – proviennent de notre façon de vivre. C’est pour cela que nous voyons apparaître des maladies que nos parents n’avaient pas. Et c’est là-dessus qu’il faut porter toute notre attention. Plutôt que de soigner un malade, occupons-nous d’abord de savoir comment faire pour qu’il ne le soit pas. En évitant de manger trop gras, trop sucré, trop salé, en faisant du sport, en mangeant des fruits et des légumes. L’on s’étonne de voir des centenaires au Japon alors qu’ils ne font appliquer que des principes simples et sains. Ce n’est donc pas impossible.
Comment décemment demander à une personne qui fait attention, qui prend soin de sa santé de verser un lourd tribut solidaire pour payer les médicaments de ceux qui sont malades de leur façon de vivre ? Comment expliquer qu’il faut payer pour la cirrhose d’un voisin alcoolique à un homme qui ne boit pas ? Comment expliquer qu’il faut payer pour le cancer du poumon d’un gros fumeur à un homme qui ne fume pas ? Pourquoi la solidarité n’irait-elle pas aussi dans l’autre sens - car c’est en général cela la définition de la solidarité : celui qui a une conduite à risque ne devrait-il pas faire un effort pour éviter aux autres de payer moins en faisant un effort sur lui-même ?
Nous sommes tombés dans la facilité, la science nous y aidant. Nous aimions le sucré sans vouloir grossir, pour nous, l’on a inventé l’Aspartame. Nous aimions le goût prononcé, nos aliments ont été salés. Maintenant, des petits malins cherchent à trouver le produit qui donnera l’impression du gras pour satisfaire le corps en aliment énergétique sans en apporter l’énergie. Nous voulons tout sans limitations, sans en avoir les inconvénients. Et nous avons oublié que les inconvénients sont indissociables des excès. Et nous ne pouvons pas échapper à cela.
Nous sommes tombés dans la facilité. Pensant qu’il y avait toujours la Sécu pour nous soigner en cas de problème, nous en avons oublié de faire attention, malgré tout, en oubliant également d’où vient l’argent qui sert à nous soigner. L’argent n’est pas imprimé spécialement pour combler le trou de la sécu, il est ponctionné de façon arbitraire et obligatoire sur l’activité des salariés et des entreprises et que de s’occuper d’être en bonne santé c’est aussi inciter le reste de la société à ne pas s’enfoncer dans une dette sans limites. C’est l’histoire qu’on raconte à nos enfants, une histoire avec une poule et un œuf en or. Et que dirons-nous à nos enfants lorsque notre système social sera fracturé, qu’ils ne pourront plus être soignés pour le moindre rhume ? Que nous diront –ils ? « En plus de polluer l’air et l’eau, de pêcher tous les poissons des mers, d’abattre toutes les espèces animales des terres, vous avez pillé la Sécurité sociale ! Que nous avez-vous laissé ? A quoi pensiez-vous ? »
Alors, il serait peut-être temps de prendre nos responsabilités, chacun autant que les autres, et de commencer à se remettre en question. Faudra-t-il un Grenelle de la santé pour que les consciences évoluent ?
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