Tout d’abord, merci beaucoup pour ce long témoignage...
Je vivais, moi aussi, du côté de l’aéroport, sur la route des Almadies.
Concernant l’histoire de la TV, cela ne m’étonne pas ou plutôt plus ! Ils aiment la musique, les séries locales, les infos... Comme ils ont la mer à portée de main (papotte sur la plage ou pêche en pirogue), c’est une source de distraction dont ils ne se lassent pas. Et d’ailleurs, ne sommes nous pas, nous mêmes, à la recherche éternelle de distraction ?
Quand au second point, j’ai rencontré des "chefs de famille" qui n’en pouvaient plus d’assurer et d’assumer leur rôle, celui de "distributeur automatique" car il faut bien le dire, cela arrange parfois cousins et autres ! Ils ne vivent plus qu’à cause de ça : subvenir aux besoins de leur famille, parfois très nombreuse ! Ils donnent à la famille la plus grande valeur, ce qui est tout à leur honneur (ils vénèrent leur marabout aussi !). Mais actuellement, je me suis rendue compte que cela leur pesait de plus en plus.
Les détacher de leurs coutumes ? Même réussi, cela, à long terme, les rendraient petit à petit, comme nous, les occidentaux, et je ne sais pas si c’est un service à leur rendre ?
Les laisser "se débrouiller" ? Dur dur, au moins très longtemps...
Je pencherai vers la première solution parce que je crois qu’ils n’en peuvent vraiment plus et qu’il est peut-être temps pour eux de laisser derrière eux leur culture qui n’est plus en rapport avec le Monde actuel et qui, si belle soit-elle, les a sûrement, comme vous le laissez entendre, empêché d’avancer. Les civilisations ont évolué de tout temps ; la leur stagne depuis... Malheureusement, on sait que "croissance" va avec liberté individuelle et ils ne connaissent pas !
"Il faudrait..." Je ne peux pas terminer la phrase, hélas, n’étant ni sociologue, ni économiste, ni politicienne, ni même assez intelligente tout simplement pour trouver, même pas proposer, une solution.
Je crois que, par la force, il nous faudrait leur apprendre à gérer les finances, à travailler en pensant au futur et ne pas se suffire du présent (auj nous mangeons, demain, on verra), etc... cela serait horrible pour eux et je ne serai pas ravie d’être du peloton d’exécution, mais si l’on veut que ce peuple survive, n’est-ce pas la seule solution que de les bousculer un peu violemment ? Il nous faudrait encore les aider mais en étant sur le terrain, vraiment, et ne pas leur donner le choix de l’utilisation de ces aides ? Les aider, c’est aussi s’en prendre à leur gouvernement qui on le sait tous est uniquement ivre de pouvoir et de richesse ; cela veut dire alors les aider de façon totalement altruiste, ce qui n’est pas le cas auj. Rappelons-nous les années Senghor : le Sénégal allait "bien", la jeunesse étudiait, les facs étaient de très bonnes facs fréquentées par bcp de français d’ailleurs, la culture accessible, la liberté d’expression plus "libre" (!), l’économie meilleure et mieux re-distribuée. Il y a 30 ans, mon Sénégal à moi était sans violence ; auj, mes enfants, jeunes adultes, ont peur de marcher dans Dakar... Les gens des campagnes restaient dans leurs campagnes, bon an mal an ; auj, ils fuient les campagnes pour regagner la capitale (d’ailleurs, Wade veut que ce soit Thiès, ce qui veut dire bcp bcp d’argent pour construire le nouvel aéroport ce qui à mon sens n’est pas la priorité) où ils ne trouvent ni boulot, ni à manger.
Franchement, je me creuse la tête pour rien, je ne trouve pas de solution pour sauver le Sénégal et par extension l’Afrique.
Alors, Yann, je continue de faire à ma petite échelle ; ma famille idem.
Et j’attends bêtement que quelqu’un trouve la solution à ma place !
Tristement,
Sophie