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Commentaire de Henri Masson

sur La France va tricher aux examens de langue !


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Henri Masson 30 juin 2008 09:23

Le comportement de Justin B. Rye n’est pas celui d’un linguiste digne de ce nom, d’où la qualification de "pseudo-linguiste". Quels que soient ses diplômes, ils ne sauraient cacher que son comportement est précisément celui qui m’est reproché à tort : celui de "propagandiste", alors que mes informations, même sur le principal site que j’ai longtemps mentionné, sont très riches en liens extérieurs, y compris non espérantistes.

J. B. Rye se conduit en propagandiste anti-espéranto. Le titre de son site, tout comme le logo, l’expriment sans équivoque possible. Et il a voulu mettre tellement d’arguments contre l’espéranto qu’il apparaît clairement qu’il avait des comptes à régler, peut-être par rancune, pour avoir été mouché un jour par un espérantiste (?). Ça ressemble donc fortement au comportement de celui qui s’est accroché aux baskets de JBR après avoir cherché les raisons de dévaloriser l’espéranto, même après avoir été contesté par des espérantistes ayant eu une approche très diversifiée de la langue.

Il est visible que JBR se cantonne au seul domaine de la linguistique, qu’il passe sous silence les applications de la langue, sa diffusion, son histoire et une multitude de faits qu’un vrai linguiste prend en considération. Ici, rien sur ce qui se passe sur le terrain. Si vraiment l’espéranto n’avait jamais donné de satisfactions depuis 121 ans, y compris à des grands polyglottes et de vrais linguistes — et j’en ai déjà mentionné pas mal, Antoni Grabowski (30 langues parlées) fut sans doute le tout premier, ou aussi G.J. Ramstedt — il y a belle lurette qu’il ne serait qu’un nom parmi plus de 600 de propositions avortées de langues internationales.

L’intention malhonnête ne m’a pas échappé au départ dans la démarche de Bénichou comme dans le comportement de celui qui a prétendu prendre sa défense.
Outre le mépris affiché de façon grossière, vulgaire et ordurière, dire que personne ne parle l’espéranto, même si le but est de faire croire que des personnes le parlent tout de même, mais que leur nombre est négligeable, a un impact psychologique indéniable. Il reste toujours dans l’esprit de gens qui entendent ou lisent cela que, de ce fait, son apprentissage n’a aucun intérêt, ce qui constitue un moyen de détourner l’intérêt du public sans en avoir l’air, donc de freiner sa diffusion. Il est clair que le but est d’enfermer l’espéranto dans un cercle vicieux : décourager de l’apprendre pour pouvoir affirmer ensuite que personne ne s’y intéresse, que l’espéranto constitue un cercle fermé alors que sa vocation est au contraire de s’ouvrir et d’ouvrir des perspectives supplémentaires tout aussi bien aux monolingues qu’aux grands polyglottes. À plus forte raison quand le public est maintenu à tous les niveaux et dans toutes les tranches d’âge dans l’ignorance d’une alternative à l’anglais devenu religion d’État (voir du côté de Christine Lagarde, Valérie Pécresse, Xavier Darcos and Co).

Quand les gens découvrent l’espéranto par eux-mêmes, quel que soit leur âge, ils sont stupéfaits de progresser si rapidement. Des enfants sont émerveillés de pouvoir lire à haute voix sans se tromper, de savoir conjuguer tous les verbes en quelques leçons, de savoir compter, de former des mots et des phrases de leur cru, cohérents, ce pour quoi il faut longtemps en anglais : "Nos élèves sont, à 99%, incapables de faire une phrase de leur cru, incapables de lire un article de journal, incapables de s’entretenir avec un camarade de leur âge dans sa langue." (Rapport Bertaux, 1982, même s’il y a eu des améliorations indéniables depuis... mais à quel prix ?). Et les adultes, tout comme les personnes âgées, ne sont pas moins stupéfaits de leurs progrès, au point de regretter (chose maintes fois exprimée) de ne pas avoir eu la possibilité de l’apprendre à l’école. Alors, qu’importent les vaines discussions sur le vocabulaire "facile-difficile" par rapport à une langue quand les résultats sont là : l’espéranto fonctionne (chose constatée depuis plus de 100 ans par des grands scientifiques), et il est foncièrement malhonnête de dire que personne ne le parle et de laisser entendre ainsi qu’il est inutile, même si on ne trouve pas un espérantophone à tous les guichets. Aussi malhonnête qu’aurait été le fait de dire que, de façon définitive, le téléphone ne présentait aucun intérêt à ses débuts, tout comme, plus récemment, le web, vu qu’il n’y avait pas encore grand’chose à consulter. Le processus d’enrichissement de l’espéranto se poursuit en dépit du dénigrement systématique que lui opposent certains. Des applications existent et se développent au présent, même en Chine, où on voit apparaître des demandes d’enseignants connaissant et l’espéranto et l’anglais du fait qu’il est plus facile d’aborder l’anglais, ou d’autres langues européennes aussi, pour des élèves ou des étudiants ayant eu l’espéranto comme première langue étrangère. Et le premier ministre de l’éducation au monde qui ait plaidé pour cette démarche pédagogique et propédeutique fut un Chinois : Tsaï Yuanpeï qui l’avait appris en Allemagne. C’était en 1912. Nous avons près d’un siècle de retard en la matière, et certains veulent nous maintenir dans ce retard.

Rien d’étonnant donc que certains individus voudraient bien que ce soit sur AgoraVox comme dans certains médias traditionnels plus soucieux de leurs profits que de l’intérêt de la population et de son droit de trouver des moyens de s’informer.


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