@ l’auteur :
Merci d’apporter de nouveau un sujet intéressant et de votre compréhension des polémique que celui-ci, par sa complexité, ne manquera pas de provoquer, particulièrement en raison de son concept-clé – le totalitarisme – que vous évoquez au début de votre article.
La pensée d’Hannah Arendt est indissociable du contexte dans lequel elle a acquis sa notoriété – les Etats Unis de la Guerre Froide – et de l’instrumentalisation qui en a été faite pour la promotion du modèle économique dit « libéral », modèle opposé par sa pensée aux totalitarisme.
La question que l’on peut se poser est :
Avant de tenter d’apporter des éléments suceptibles de répondre à cette question, un retour sur le contexte
Le vingtième siècle vit éclore, presque simultanément, deux groupes de régimes dont les modèles et les précurseurs furent d’un côté le système soviétique issu de la révolution de Lénine et qui culmina sous la direction de Joseph Staline, l’autre le système fasciste issu de « La Marche sur Rome » de Benito Mussolini et qui se nomma alors le « Troisième Reich », à savoir l’Allemagne hitlérienne.
Impossible de parler de la pensée d’Hannah Harendt sans évoquer le contexte dans lequel elle écrivit ses textes majeurs - la période dite « de la Guerre Froide » alors qu’elle vivait aux Etats Unis, état opposé politiquement à la Russie Soviétique et vainqueur de l’Allemagne hitlérienne.
Pour arriver à ce résultat, les Etats Unis, pays d’accueil d’Hannah Arendt, d’abord neutre vis-à-vis de l’Allemagne nazie et plutôt hostile à l’URSS, s’allièrent cependant avec cette dernière lorsque, poussés dans un conflit armé avec le Japon, ils se retrouvèrent confronté à son allié, l’Allemagne soviétique.
La paix revenue, USA et URSS se retrouvèrent face à face.
Les ouvrages d’Hannah Arendt sur le totalitarisme accréditèrent l’idée de l’appartenance à une même catégorie des deux régimes considérés comme les plus criminogènes de l’époque.
Ainsi, par comparaison, l’Amérique libérale apparaissait ainsi comme un régime idéal, avec ses imperfections face à ces deux extrèmes. La pensée d’Hannah Arendt fut instrumentalisée pour les besoins de la politique étrangère américaine.
La question sur la "libertéde pensée d’Hannah Arendt se pose pour moi dans une position curieuse qu’elle adopte à propos de la nature du régime maoïste, alors marqué par l’expérience de la "Révolution culturelle".
On en trouve un exemple frappant dans l’extrait de texte ci dessous, dans la partie où, curieusement, elle semble ne pas vouloir inclure la Chine maoïste dans cette catégorie des totalitarismes, position impossible aujourd’hui.
Mon hypothèse serait qu’en raison de la victime de Richard Nixon à Pekin, du jeu de Kissinger de tirer parti de l’opposition Chine Populaire / Union Soiviétique pour tenter de trouver une issue honorable à la guerre du Vietnam fac au Vietnam « Nord », alors dans l’orbite russe, explique sans doute ces propos surprenants d’Hanah Arendt.
CITATION
Dès 1954, Raymond Aron, qu’on ne pouvait soupçonner de complaisance à l’égard du communisme stalinien, soulignait, au-delà des similitudes, la différence entre le travail esclavagiste du goulag et le génocide d’Auschwitz. D’autres critiques ne se privèrent pas de signaler que si la méthode arendtienne établissant la continuité entre l’antisémitisme, le racisme colonial, l’impérialisme et le nazisme était convaincante, elle l’était moins en ce qui concerne le stalinisme.
Non que la caractérisation, par Hannah Arendt du régime stalinien de 1930 à 1953, comme totalitaire ne soit pas pertinente. Mais plutôt que le travail fourni sur la genèse du nazisme et qui visait à expliquer au départ sa singularité, n’a pas été mené avec la même précision dans le cas de l’URSS. Dès lors, il n’est pas étonnant que dans le climat de la guerre froide, certains aient préféré gommer cette difficulté et faire des Origines une simple typologie passe-partout du totalitarisme.
Or une lecture attentive de l’ouvrage relève malgré tout des surprises. Dans l’introduction à l’édition française (1972) du Système totalitaire, Arendt affirme que la Chine maoïste montre des « différences essentielles avec le totalitarisme » ou encore « qu’il existait une alternative évidente à la prise du pouvoir par Staline [en 1929] et la transformation de la dictature unique en domination totale : cette alternative consistait à poursuivre la Nouvelle politique économique inaugurée par Lénine ». Arendt avait horreur qu’on la confonde avec une anticommuniste vulgaire. Hannah Arendt n’est pas la première à avoir pris sur elle de comparer nazisme et stalinisme, y compris parmi les auteurs socialistes ou marxistes
FIN de CITATION
Hannah Arendt, aujourd’hui, est encore abondamment citée par tous ceux qui cherchent une caution philosophique à la défense du libéralisme..
gAZi bORAt
02/07 15:40 - Gilles
Roland Normal, vous ne savez même pas de quoi je veux parler
02/07 06:34 - Gazi BORAT
01/07 19:56 - Roland Verhille
01/07 15:34 - Gilles
Verhille "à son éducation à la démocratie (En France, l’école publique a été (...)
01/07 11:56 - chris
@ GAZI BORAT "Mais l’Etat protège aussi de la loi du plus fort.. " En êtes (...)
01/07 11:19 - Gazi BORAT
@ OLGA Ni Dieu ni maître ! Bakounine est opposé à la religion, c’est une position (...)
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