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Accueil du site > Tribune Libre > Hannah Arendt et la banalité du mal

Hannah Arendt et la banalité du mal

La question se pose de savoir si une action s’évalue d’après les intentions ou selon les résultats.

Hannah Arendt est née à Hanovre en 1906, dans une famille d’origine juive. Son père décède alors qu’elle n’a que 6 ans. Adolescente, elle suit les cours de Martin Heidegger - avec lequel elle aura une liaison passionnée - puis ceux de Husserl et Jaspers et passera sa thèse de doctorat à l’Université de Heidelberg sur le thème : "Le concept d’amour chez Saint-Augustin", faisant preuve d’un remarquable esprit œcuménique. Son premier engagement politique date de 1933 et devient un destin personnel avec le début du nazisme. D’où sa réflexion approfondie sur la tradition juive, le judaïsme et le sionisme.

Pour échapper aux camps, elle s’exile en France, puis aux Etats-Unis, où elle apprécie le climat de liberté qui y règne. De 1948 à 1952, elle dirige la reconstruction de la culture juive et prend la nationalité américaine. Elle écrit alors : L’Origine des totalitarismes où elle essaie de saisir comment ce mal politique a pu naître et se développer. Elle s’efforce de comprendre ce qui s’est passé, comment cela a été possible. Son projet : tenter de se réconcilier avec un monde qui a pu tolérer de telles choses, de tels événements, afin de rendre ce monde de nouveau habitable. Ce mal absolu n’a été réalisable que parce que l’homme a été volontairement ravalé à l’état d’objet, de simple chose. Ainsi a-t-il été privé de son ipséité, de ses droits fondamentaux et moraux. Il a été destitué de toute responsabilité par une nomenklatura qui s’est chargée à elle seule de la gouvernance. Les individus, dès lors, n’avaient plus qu’à obéir. On les privait de leur droit naturel à exercer leur esprit critique, à exprimer leur singularité, à réaliser leurs ambitions. C’était le retour à l’uniformité primitive.

En 1961, Hannah Arendt assiste au procès d’Adolf Eichmann et publie en 1963 Eichmann à Jérusalem - Un rapport sur la banalité du mal, ouvrage qui fera grand bruit, à juste titre. La philosophe pensait trouver en Eichmann un monstre, un être d’une perversité et d’une immoralité absolues. Et que découvre-t-elle ? Un homme ordinaire, banalement stupide. Il y a donc une disproportion entre la gravité du mal et l’insignifiance de celui qui l’a fait. L’accusé n’a pas agi en tant qu’homme, mais en tant que fonctionnaire. Il n’a fait qu’obéir aux ordres, de façon mécanique. Comment juger une personne qui n’a jamais pris conscience qu’elle faisait le mal ? Son mal n’avait pas de mobile. Il n’était commis ni par esprit de vengeance ni par intérêt ni même par vice. Simplement, et cela est peut-être plus terrifiant encore - par absence de réflexion. D’ailleurs Eichmann, tout au long de son procès, ne s’exprimera que par clichés. Il ne pense jamais par lui-même et ne porte aucun jugement personnel. La société est donc en mesure de produire des monstres de ce genre à la pelle... tant il est vrai que nombreux sont les êtres humains incapables d’envisager les conséquences de leurs actes sur le long terme, de se projeter dans l’événement ou de se mettre à la place d’autrui.

La question se pose alors de savoir si une action s’évalue d’après les intentions ou selon les résultats ? Pour des philosophes comme Kant et Jankélévitch, ce sont les conséquences qui priment. Une bonne action serait l’union d’intentions bonnes et de conséquences satisfaisantes. Cependant il arrive que le mal ait été commis pour le bien d’une cause et ce mal peut être fait au nom du bien. A tel point que dire "c’est l’intention qui compte" pose problème. Il est vrai aussi qu’il n’y a pas de bien absolu à l’échelle humaine. Le bien n’est jamais qu’une aspiration vers le mieux, le meilleur, le préférable. Et il arrive que le bien ait des effets pervers. Alors ? En définitive, le mal réside souvent dans un mauvais usage de la liberté, la liberté incomprise dont j’abuse à partir du moment où ma liberté consiste à nier ou à réduire la liberté des autres. D’où l’extrême gravité de mes choix. Je suis responsable de mes obéissances comme de mes désobéissances. Jamais je ne dois me laisser aveugler par l’opinion générale, par la voix émise par le plus grand nombre. Si la pensée est le propre de l’homme, j’ai le devoir de ne point oublier de penser. L’homme ramené à sa plus simple expression n’est rien.

Hannah Arendt eut l’immense mérite d’approfondir la condition de l’homme moderne, d’analyser l’importance de la déstabilisation qui lui fut infligée au XXe siècle par le totalitarisme nazi et le communisme stalinien. Selon Finkielkraut, la formule même du credo totalitaire fut prononcée par les Khmers rouges du Cambodge : perdre n’est pas une perte, conserver n’est d’aucune utilité.

Quelle leçon tirer de ces sacrifices perpétrés par des régimes vouant autant d’hommes à l’inutilité ? Hannah Arendt a déjà répondu à ce constat terrible, en écrivant ceci dans L’Humanité perdue : "La personne déplacée est la catégorie la plus représentative du XXe siècle. Or, la leçon que cette personne est amenée, comme malgré elle, à tirer de son expérience, c’est que l’homme ne conquiert pas son humanité par la liquidation du passé qui le précède, la répudiation de ses origines ou le dessaisissement de la conscience sensible au profit d’une raison surplombante et toute-puissante. Abstraction faite de son appartenance et de son ancrage dans un milieu particulier, l’homme n’est plus rien qu’un homme."

Ce traditionalisme auquel Hannah Arendt se rattache n’a rien à voir avec une crainte qui concernerait toute notion de changement. C’est une inquiétude en ce qui concerne l’existence elle-même, un sentiment aigu de la stabilité du monde, un monde qui a la charge de se soucier de son passé et de son héritage. Car peut-être n’est-il rien de plus apaisant que d’évoquer ce long enfantement de lui-même, le murmure des mille vies qui engendrèrent la nôtre et l’ordre qu’elles ont trouvé pour encadrer les innombrables orages de l’existence humaine ?

Hannah Arendt mourut à New York en 1975, laissant pour héritage aux hommes du XXIe siècle, une œuvre considérable de par sa puissance, son actualité et son universalisme.

Pour en savoir davantage, cliquer sur :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Arendt


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38 réactions à cet article    


  • jack mandon jack mandon 30 juin 2008 14:53

    @ Armelle

    Les Travaux d’Annah Arendt « rapport sur la banalité du mal »

    me renvoient à plusieurs observations.

    Dans les années 60, Henri Verneuil, met en scène dans « I comme Icare »

    le problème de la soumission à l’autorité. Conditionné, dans un cadre protégé, un être humain est tout à fait capable de faire du mal à son semblable, avec un temps de prise de conscience plus ou moins long.

    Cela peut aller jusqu’au meurtre. Tout le monde est concerné.

    D’autre part, 50 à 70 % des êtres humains vivent sous le seuil de la conscience, c’est à dire qu’ils vivent par procuration. Ils refoulent dans l’inconscient leurs désirs, puis, pour essayer de les vivre, les projettent sur une personne, une idée, une oeuvre....1 cerveau pour 100 personnes, quand il s’agit d’un mouvement de groupe, cela fait peu de matière grise pour une seule personne.

    Ex. simple d’actualité, au lieu de beugler comme un malade sur un stade de foot ou à la tv devant un match, il serait beaucoup plus sain pour le corps et l’esprit de pratiquer ce sport, s’entraîner et jouer...pour être, pour exister comme sportif. Des exemples comme celui ci sont à l’infini dans tous les domaines.

    Merci Armelle

    Jack


    • jack mandon jack mandon 30 juin 2008 14:59

      @ Armelle
      Toute thèse ou travaux philosophiques sur la condition humaine ne prend un intérêt qu’à partir du moment ou je la vis dans mon ventre, quand mon corps s’en saisit.
      Jack


    • Gazi BORAT 30 juin 2008 15:54

      @ Jack Mandon

      A propos de l’expérience de Milgram et de "la banalité du mal".

      Les travaux d’Hannah Harendt sur le personnage Eichmann et le "meurtre bureaucratique" ont été étoffé ensuite par d’autres, notamment Christopher Browning dans son ouvrage sur le "101 ° bataillon d’einsatzgruppen", qui participa aux massacres connus sous le nom de "Shoah par balles" et qui était constitué (selon le titre du livre par "Des Hommes Ordinaires".

      http://clio.revues.org/document537.html

      La conclusion de Browning fait appel, comme vous le faites à l’explication par des phénomènes de psychologie sociale.

      Certains ont écrit que le travail d’Hannah Arendt, en prenant pour sujet le fonctionnaire z^lé d’Eichmann, lui permettait de "sauver"- sans doute inconsciemment - Heidegger, avec qui elle eut les relations que l’on sait et dont on connait l’engagement dans le national socialisme, celui-ci étant à l’opposé d’un Eichmann personnage particulièrement terne et falot, un esprit brillant aux antipodes donc d’un "bourreau ordinaire".

      Mais ceci relève de la psychologie individuelle et Hannah Arendt en gardera à jamais le secret..

      gAZi bORAt


    • Gazi BORAT 30 juin 2008 14:56

      @ l’auteur :

       

      Merci d’apporter de nouveau un sujet intéressant et de votre compréhension des polémique que celui-ci, par sa complexité, ne manquera pas de provoquer, particulièrement en raison de son concept-clé – le totalitarisme – que vous évoquez au début de votre article.

       

      La pensée d’Hannah Arendt est indissociable du contexte dans lequel elle a acquis sa notoriété – les Etats Unis de la Guerre Froide – et de l’instrumentalisation qui en a été faite pour la promotion du modèle économique dit « libéral », modèle opposé par sa pensée aux totalitarisme.

       

      La question que l’on peut se poser est :

      • Hannah Arendt fut-elle une penseuse « libre » ?

       

      Avant de tenter d’apporter des éléments suceptibles de répondre à cette question, un retour sur le contexte

      Le vingtième siècle vit éclore, presque simultanément, deux groupes de régimes dont les modèles et les précurseurs furent d’un côté le système soviétique issu de la révolution de Lénine et qui culmina sous la direction de Joseph Staline, l’autre le système fasciste issu de « La Marche sur Rome » de Benito Mussolini et qui se nomma alors le « Troisième Reich », à savoir l’Allemagne hitlérienne.

      Impossible de parler de la pensée d’Hannah Harendt sans évoquer le contexte dans lequel elle écrivit ses textes majeurs - la période dite « de la Guerre Froide » alors qu’elle vivait aux Etats Unis, état opposé politiquement à la Russie Soviétique et vainqueur de l’Allemagne hitlérienne.

      Pour arriver à ce résultat, les Etats Unis, pays d’accueil d’Hannah Arendt, d’abord neutre vis-à-vis de l’Allemagne nazie et plutôt hostile à l’URSS, s’allièrent cependant avec cette dernière lorsque, poussés dans un conflit armé avec le Japon, ils se retrouvèrent confronté à son allié, l’Allemagne soviétique.

      La paix revenue, USA et URSS se retrouvèrent face à face.

      Les ouvrages d’Hannah Arendt sur le totalitarisme accréditèrent l’idée de l’appartenance à une même catégorie des deux régimes considérés comme les plus criminogènes de l’époque.

      Ainsi, par comparaison, l’Amérique libérale apparaissait ainsi comme un régime idéal, avec ses imperfections face à ces deux extrèmes. La pensée d’Hannah Arendt fut instrumentalisée pour les besoins de la politique étrangère américaine.

      La question sur la "libertéde pensée d’Hannah Arendt se pose pour moi dans une position curieuse qu’elle adopte à propos de la nature du régime maoïste, alors marqué par l’expérience de la "Révolution culturelle".

      On en trouve un exemple frappant dans l’extrait de texte ci dessous, dans la partie où, curieusement, elle semble ne pas vouloir inclure la Chine maoïste dans cette catégorie des totalitarismes, position impossible aujourd’hui.

      Mon hypothèse serait qu’en raison de la victime de Richard Nixon à Pekin, du jeu de Kissinger de tirer parti de l’opposition Chine Populaire / Union Soiviétique pour tenter de trouver une issue honorable à la guerre du Vietnam fac au Vietnam « Nord », alors dans l’orbite russe, explique sans doute ces propos surprenants d’Hanah Arendt.

      CITATION

      Dès 1954, Raymond Aron, qu’on ne pouvait soupçonner de complaisance à l’égard du communisme stalinien, soulignait, au-delà des similitudes, la différence entre le travail esclavagiste du goulag et le génocide d’Auschwitz. D’autres critiques ne se privèrent pas de signaler que si la méthode arendtienne établissant la continuité entre l’antisémitisme, le racisme colonial, l’impérialisme et le nazisme était convaincante, elle l’était moins en ce qui concerne le stalinisme.

      Non que la caractérisation, par Hannah Arendt du régime stalinien de 1930 à 1953, comme totalitaire ne soit pas pertinente. Mais plutôt que le travail fourni sur la genèse du nazisme et qui visait à expliquer au départ sa singularité, n’a pas été mené avec la même précision dans le cas de l’URSS. Dès lors, il n’est pas étonnant que dans le climat de la guerre froide, certains aient préféré gommer cette difficulté et faire des Origines une simple typologie passe-partout du totalitarisme.

      Or une lecture attentive de l’ouvrage relève malgré tout des surprises. Dans l’introduction à l’édition française (1972) du Système totalitaire, Arendt affirme que la Chine maoïste montre des « différences essentielles avec le totalitarisme » ou encore « qu’il existait une alternative évidente à la prise du pouvoir par Staline [en 1929] et la transformation de la dictature unique en domination totale : cette alternative consistait à poursuivre la Nouvelle politique économique inaugurée par Lénine  ». Arendt avait horreur qu’on la confonde avec une anticommuniste vulgaire. Hannah Arendt n’est pas la première à avoir pris sur elle de comparer nazisme et stalinisme, y compris parmi les auteurs socialistes ou marxistes

      FIN de CITATION

      Hannah Arendt, aujourd’hui, est encore abondamment citée par tous ceux qui cherchent une caution philosophique à la défense du libéralisme..

      gAZi bORAt


      • Gonzague gonzague 30 juin 2008 15:41

        Une légère critique, outre la concision du texte : Elle dirige la "Commission pour la reconstruction de la culture juive" et non "la reconstruction de la culture juive". Pour une personne ne connaissant pas Arendt, cette nuance est de taille. Elle insinuerait qu’il n’y avait pas de commission. 
        Cela est sinon toujours agréable de reparler de cette grande dame. 


        • zoé 30 juin 2008 15:51

          J’ai toujours cru que les états unis priviligiaient le système du communautarisme. Pour faire simple que le communautarisme de cette nation était délibéré et non subi .
          Quant au système éducatif francais il prend une forme de plus en plus innique et incohérent, en effet.

          Quant aux oeuvres que nous a laissées hannah Arendt, il serait bon de nous y replonger .Quand j’écoute bernard Kouchner ( dans une video qui circule sur le net) expliqué la bouche coeur, dans un élan de lyrisme dont lui seul a le secret qu’il est inévitable d’atomiser Teheran pour le bien de l’humanité , je ne doute pas un instant que ses "intentions" possèdent un caractère tout à fait louable et que son prompt désir de massacrer des centaines de milliers d’individus ne correspond à aucune forme de" vengeance" ,d"’intérêt "ou de" vice".C’est juste un" homme ordinaire, banalement stupide" qui ne fait que répondre au chant du cor du neoconservatisme .
          En effet hannah Arendt nous a également légué "la crise de la culture". Dans ce traité elle invite ses lecteurs à interroger sans cesse les composantes de la société dont nous sommes contemporains afin de l’apprehender pleinement. Pour ce faire il est inutile, selon elle ,de faire sans cesse appel au passé , d’établir une filiation constente entre le passé et le présent pour comprendre ce dernier.
          Elle n’avait pas tout à fait tort. Actuellement ceux que le passé aveugle croit encore que les dangers immédiat sont le nazisme et le communiste


          • Gazi BORAT 30 juin 2008 18:03

            « Trois grands événements dominent le seuil de l’époque moderne et en fixent le caractère :

            • la découverte de l’Amérique, suivie de l’exploration du Globe tout entier ;
            • la Réforme qui, en expropriant les biens ecclésiastiques et monastiques, commença le double processus de l’expropriation individuelle et de l’accumulation de la richesse sociale ;
            • l’invention du télescope et l’avènement d’une science nouvelle qui considère la nature terrestre du point de vue de l’univers. » (Hannah Arendt, La Condition de l’Homme Moderne, p.315)
            Je tombe par hasard sur ce texte de 1958 d’Hannah Harendt qui me laisse perplexe dans le choix de ces évènements fondateurs de la modernité :
            • Le premier fait fi d’explorations antérieures et, si l’on reste dans l’occidentalo-centrisme, oublie même l’épopée de Marco Polo. De plus, le choix de l’Amérique laisse songeur (v. commentaire + haut)
            • Le second évoque le décollage du capitalisme occidental, lié apparemment à un prédicateur qui avait pour clientèle les riches marchands de la Hanse.
            • Quant au dernier, nombre d’interprétations sont possibles..
            gAZi bORAt

          • del Toro Kabyle d’Espagne 30 juin 2008 19:16

            " Quant au dernier [l’invention du télescope], nombre d’interprétations sont possibles.. "

            Peut-être est-il question de la dichotomie vita contemplativa / vita activa (tout en pensant à Leo Strauss sans jamais le nommer).

            Sinon, Eric et Ramzi viennent de me dire qu’ils ne voyaient pas d’autre explication ...


          • del Toro Kabyle d’Espagne 30 juin 2008 16:50

            Juste une info sur le contenu des programmes de philo dans la majorité des pays "arabes" (Maghreb, Egypte, Syrie, Arabie Saoudite) : tout comme Spinoza, Arendt est entre le marginal et l’inexistant. Pareil chez les intellectuels.
            Allez savoir pourquoi ...


            • Gazi BORAT 30 juin 2008 17:43

              Et qu’en est-il en Asie ?

              gAZi bORAt


            • del Toro Kabyle d’Espagne 30 juin 2008 18:42

              " Et qu’en est-il en Asie ?
              gAZi bORAt
              "

              Je sais pas ... faut demander à Fouad, c’est lui le spécialiste de l’historiographie chinoise. (Paradisial vous aidera sûrement avec une vidéo égyptienne de Hannah Harem).

              Plus sérieusement : je suis dans la relecture de son Report on the Banality of Evil ; je me suis simplement rendu compte que c’était une référence peu connue chez beaucoup de lecteurs maghrébins (sachant que les programmes de philo sont en général pompés sur Armand Cuvillier).


            • Gazi BORAT 30 juin 2008 20:14

              Ma question sur l’Asie est liée à un souvenir personnel..

              Il y a vingt ans, je discutais avec une étudiante chinoise qui me faisait la liste des auteurs français (des classiques) qu’elle avait luss.. De Victor Hugo à Balzac en passant par Alexandre Dumes, Maupassant, etc..

              C’est ensuite qu’elle m’a gêné quand elle m’a demandé :

              • Et vous, en France, quels sont les auteurs chinois que les gens lisent le plus ?
              Les programmes scolaires sont en général ethnocentristes.. Je comprend parfaitement que l’on puisse se passer de connaitre Hannah Arendt (sauf à vouloir passer une soirée à discuter avec Alain Finkielkraut).

              Les étudiants français liront Machiavel et les chinois Sun Tzu. Les Allemands Hegel en place de Confucius.. et, dans le monde arabe, Ibn Khaldun sera considéré comme le pêre de la sociologie tandis qu’ici, rien n’existera en cette science avant Durkheim..

              gAZi bORAt

            • charlie 30 juin 2008 17:11

              Peut être parce que dans la majorité des pays "arabes" l’intellectuel et le philosophe sont entre la marginalité et l’inexistant ...


              • Olga Olga 30 juin 2008 17:30

                Charlie
                Spécialiste de l’inexistance marginale...


              • Gazi BORAT 30 juin 2008 17:46

                Charlie...

                Un pseudonyme en rapport avec l’organe hebdomadaire de Philippe Val ?

                gAZi bORAt


              • charlie 30 juin 2008 17:50

                Mr BORAT....oui, mais chez moi....l’organe est quotidien !
                Ma belle OLGA....étes vous spécialiste en la matiére ???


              • del Toro Kabyle d’Espagne 30 juin 2008 19:19

                Je vous le concède bien volontiers, Charlie.
                Il faudrait ajouter aussi l’existence et le rôle de la presse (indépendante, si possible mais ça, c’est aune autre histoire).


              • Roland Verhille Roland Verhille 30 juin 2008 17:50

                Le totalitarisme prend des formes diverses. Certaines sont indisieuses. Hannah Arendt a écrit le préalable à l’instauration d’un régime totalitaire : la destruction des structures sociales existantes.
                Réfléchir à cette question du totalitarisme effraie, surtout en concentrant son attention sur ses formes insidieuses. Tout totalitarisme est toujours le fait d’un Etat, ou d’Etats. L’auteur de l’article rappelle que le plus souvent les agents de l’Etat agissent moins en tant qu’êtres humains qu’en tant que rouages de l’Etat, et c’est cela qui est terrifiant. Quand dans un régime politique dit démocratique tel que le notre, les individus se trouvent submergés par des réglementations, à chaque instant à la merci des administrations malglé les juges, quand leur Etat prélève plus des deux tiers du produit de leur travail pour décider lui même quoi en faire, quand la presse n’est plus que distributeur de divertissements et d’informations produites par les ministères, quand le système juridique et politico-social a détruit comme c’est le cas les structures sociales traditionnelles, quand les partis politiques ne diffèrent plus que dans leur manière de voir l’Etat soumettre ses citoyens, on peut se demander si nous ne sommes pas soumis "chez nous" à une forme insidieuse de totalitarisme. 


                • Gazi BORAT 30 juin 2008 18:07

                  Le totalitarisme, c’est laquestion du pouvoir de l’Etat..

                  Moins d’Etat signifiera donc éloigner le spectre du totalitarisme.... Une argumentation sur-mesure pour les tenants du libéralisme économique pour qui Hannah Arendt a depuis longtemps remplacé Tocqueville dans le registre "citations chics".

                  Mais l’Etat protège aussi de la loi du plus fort..

                  gAZi bORAt


                • chris chris 1er juillet 2008 11:56

                  @ GAZI BORAT

                  "Mais l’Etat protège aussi de la loi du plus fort.. "
                  En êtes vous si sûr ?
                  l’Etat ne tend il pas à maintenir des positions dominantes ?

                  Si je vous suis : "Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit..." 
                  Certes, mais toute la difficulté c’est de placer le curseur au bon niveau, le rééquilibrage ne doit pas se faire au détriment de l’équilibre lui-même. 


                • charlie 30 juin 2008 17:54

                  SORRY , j’oubliais !


                  • Roland Verhille Roland Verhille 30 juin 2008 18:22

                    à Gazy Borat,
                    Le plus fort, c’est l’Etat ! Il vous protège contre les plus forts ? Les plus forts sont les masses, un bulletin une voix pour les démagogues, et les masses, on les amuse, on manque de les éduquer et de les informer, on les trompe même, on leur distribue des aumônes, on leur fait croire aux miracles des politiciens. 
                    Et l’Etat, il est entre les mains des politiciens démagogues, les agents de l’Etat n’y peuvent rien, ils doivent obéissance.


                    • Gazi BORAT 30 juin 2008 20:33

                      La question des masses.. incontournable pour tout ce qui touche au totalitarisme.

                      La révolution industrielle, en rassemblant les ouvriers dans les usines, en les soumettant aux mêmes horaires, au même travail, en les uniformisant, leur a fait prendre conscience de leur force et de leur apporté la conscience de leur existence en tant que classe.

                      Le mouvement ouvrier s’est formé, les partis ouvriers se sont étoffés puis leur nombre a réduit et la Révolution d’Octobre a fait apparaitre la possibilité d’un état fusionnant avec un parti unique.

                      Avant garde puis parti de masse, la réthorique léniniste de la qualité vers la quantité puis de nouveau vers la qualité avec la morale prolétarienne et la création de "l’Homme Nouveau".

                      Le capitalisme ensuite s’est appliqué a suivre les même recettes d’embrigadement des masses en les dévoyant à l’aide du nationalisme et du racisme. Fascisme et nazisme ont été des réponses du capitalisme à des périodes de crise. Les structures sociales bouleversées, détruites, décrites par Hannah Arendt ?

                      On les trouve, bien sûr.. Mais les grandes structures capitalistes, les grandes entreprises et les trusts ont par contre été préservées : Fiat, Macchi, IG Farben, Porsche...

                      C’est ensuite, après le bilan de la deuxième guerre mondiale, et avec l’analyse du deuxième conflit mondial, que les capitalistes ont appris à se méfier des masses et à créer d’autres outils de contrôle sans cette militarisation de tout le corps social.

                      La période du "maccarthysme" et de la "chasse aux sorcières" ont alors prouvé que le capitalisme ne pouvait que bien se porter avec une doctrine économique libérale, un appareil policier "musclé" et une menace extérieure.

                      Plus besoin de promettre à la classe ouvrière des rêves de "communauté nationale", de confort pour tous.. les médias, Hollywood, ont pris alors la place des ex-ministères de la Propagande centralisés et l’abondance des biens de consommation, gommant la visibilité des appartenances de classe, a fait croire que n’existait plus maintenant qu’une unique classe moyenne avec des différences de salires perçues comme légitime.

                      Hannah Arendt s’inscrit parfaitement dans cette stratégie lorsqu’elle théorise, pour les systèmes fascistes, une alliance entre la plèbe et l’aristocratie : la classe moyenne en sort indemne..

                      Ne reste plus alors qu’à contrôler les médias et la liberté de choisir entre deux candidats, le bipartisme américain étant le "service minimum de la pluralité démocratique" et à se laisser séduire par le plus démagogue et le mieux coiffé des prétendants au leadership..

                      gAZi bORAt


                    • Roland Verhille Roland Verhille 30 juin 2008 20:56

                      à
                      Gazy Borat,
                      Il semblerait que nos analyses se rejoignent sur beaucoup de points.
                      Mais il me semble erronné de mêler le capitalisme comme vous le suggérez au point où vous le faites à l’émergence et à l’existence des totalitarismes.
                      Le pouvoir d’Etat est démoniaque, mais il lui faut enrôler des soutiens ou des complices. Voyez les syndicats de salariés, devenus partenaires de l’Etat bien plus que défenseurs des travailleurs (pillés par l’Etat avec la complicité ou même le rôle actif des syndicats). Il en est de même non pas avec toutes les entreprises privées, mais avec les grandes entreprises fort minoritaires en nombre, dont beaucoup en France doivent leur développement à l’Etat plus qu’à leurs clients (Voyez l’exemple de Bolloré). Il ne faut pas confondre capitalisme et ces grandes entreprises. Votre "petit" garagiste indépendant est "un capitaliste", et ces travailleurs indépendants sont de très loin les plus nombreux ; ils font fonctionner l’économie bien plus que ces grandes entreprises.
                      Mais peu importe nos quelques divergences, tout irait mieux si "les masses" accédaient à votre niveau de conscience.


                    • Gazi BORAT 1er juillet 2008 07:05

                      @ Roland Verhille

                       

                      Je relève, dans vos propos, une description de processus qui relèvent, selon moi de phénomènes de « dérive des appareils ». C’est une loi souvent constatée que toute construction de type bureaucratique, crée dans un but particulier, n’ait à terme plus pour but que de se perpétuer elle-même.

                       

                      Voyez les syndicats. Créés dans le but de défendre les travailleurs, comme des outils de lutte sociale, ils finissent plus tard par n’avoir plus comme objectifs de combat que de défendre leur existence même, les préoccupations des Travailleurs devenant alors secondaires.

                       

                      Que devient un mouvement à l’origine révolutionnaire quand, au bout de plusieurs années d’existence, il n’a pas réalisé son programme, s’est accommodé peu à peu, sous couvert de « stratégie réaliste » d’un système défini pourtant comme son ennemi et finalement, a trouvé son compte dans cette situation qu’il s’est construite peu à peu ?

                       

                      Ce fut le reproche fait au Parti Communiste Français, dans les années soixante-dix, par les « gauchistes ». Le Parti qui, selon le dogme marxiste, devait être l’outil d’émancipation des masses, s’était peu à peu accomodé en nos contrées d’une perspective révolutionnaire sans cesse repoussée, gérait l’acquisition d’avantages sociaux « raisonnables » pour son électorat « au jour le jour », tout en maintenant toutefois un discours de contestation de la société bourgeoise de moins en moins agressif.

                       

                      C’est alors qu’il fut qualifié de « révisionniste » par une génération plus dynamique. On l’oublie souvent mais, durant la période dans lequel éclatèrent les évènements de Mai 68, les adversaires quotidiens des « gauchistes » étaient tout autant la direction des usines que les militants de la CGT, qu’ils accusaient « d’alliance objective » avec le patronat en bridant « l’énergie révolutionnaire » du prolétariat.

                       

                       Ce qu’ils dénonçaient, c’était la bureaucratisation d’un appareil construit pour la prise de pouvoir et qui peu à peu, y avait renoncé, d’une volonté révolutionnaire initiale devenue réformisme pragmatique.

                       

                      Ces jeunes mouvements, qui avaient pris pour modèle l’alors dynamique République Populaire de Chine en place de l’URSS agissaient alors à leur insu dans le cadre d’une stratégie générale visant au démantèlement des structures issues de l’historique mouvement ouvrier.

                       

                      La pensée d’Hannah Arendt a servi pour une part d’outil idéologique dans cette stratégie. C’est la raison pour laquelle j’ai mentionné sa surprenante indulgence vis à vis de la Chine maoïste dont le moins que l’on puisse dire, et surtout à cette époque, correspondait à ce qu’elle avait défini comme société totalitaire. N’oublions pas que se mettait en place la stratégie menée par Kissinger de rapprochement USA/Chine Populaire, entre la timide stratégie du ping-pong (cela commença par ce sport et les échanges entre équipes nationales chinoises et américaines) pour finir par des accords dont l’URSS fit les frais.

                       

                      Curieusement, on observe aujourd’hui que nombre de penseurs qualifiés par certains de « néo conservateurs » et qui, souvent se réfèrent à Hannah Arendt, furent maoïstes avant de devenir des partisans du libéralisme économique.

                       

                      Pour en revenir aux liens « capitalisme-totalitarisme », celui-ci ne vaut que pour les systèmes de type « fascistes » et non pour l’URSS stalinienne. Le grand capital allemand et italien renonça provisoirement à une économie libérale tout comme Lénine, durant la NEP, renonça provisoirement à une économie de type socialiste et tout comme la Chine, aujourd’hui encore officiellement socialiste, est entrée en partie dans le jeu de l’économie de marché.

                       

                       Le bénéfice pour le Capital était, dans les régimes de type fascistes, le démantèlement rapide des structures de lutte (partis, syndicats) du monde ouvrier et la promesse de commandes de la part des Etats allemands et italiens grâce à un programme de militarisation agressif et coûteux mais dont une partie des coûts était contrôlé grâce à l’anihilation de la contestation syndicale.

                       

                      Et les petites structures de production, les PME-PMI ; qu’en est-il dans tout cela me direz-vous ? Elles sont manipulées tout comme les masses et un discours approprié est mis à leur disposition. Structures fragiles, on joue alors la peur de leurs dirigeants pour le désordre, préjudiciable à leur activité, on leur fait miroiter un retour à un ordre ancien mythique (et, disons-le réactionnaire) pour obtenir leur adhésion au nouveau régime mais, disons-le, dans un tel système, elles sont les dindons de la farce tout autant que les masses ouvrières..

                       

                      Le fascisme est un phénomène ambigu qui mêle des éléments « révolutionnaires » pour séduire les masse, conservateurs (pour les classes moyennes) mais qui ne profite finalement qu’aux élites économiques..

                      Je vous rejoint sur la nécessité d’une élévation de conscience des masses, rempart idéal contre les manipulation par la subversion du langage..

                       

                      gAZi bORAt


                    • Armelle Barguillet Hauteloire Armelle Barguillet Hauteloire 30 juin 2008 21:33

                      Merci à tous pour ces commentaires de haut niveau qui approfondissent et élargissent le thème proposé. C’est ainsi que je conçois un débat. Remarquable...


                      • kotodeuxmikoto kotodeuxmikoto 1er juillet 2008 00:09

                        haut niveau..quacelaneutienneuh :

                        hanna-machin là c’est schtroumpf vert et vert schtroumpf !!!voila...


                      • kotodeuxmikoto kotodeuxmikoto 1er juillet 2008 00:17

                        climat de paix aux usa en 48- 50,ah bon ?peut etre pas pour les noirs ,mais bon....


                      • Roland Verhille Roland Verhille 1er juillet 2008 07:51

                        Vu et merci.
                        Oui, vous soulignez un point essentiel : les organisations tendent presque toujours à s’éloigner de leur fonction fondamentale et à n’agir que dans le but d’assurer leur propre existence et les intérêts personnels de leurs animateurs.
                        Lorsqu’il s’agit de bureaucraties, rien ne s’oppose à elles.
                        Lorsqu’il s’agit d’organismes de production dits "capitalistes", ils sont automatiquement éliminés dès qu’ils ne sont plus capables d’être parmis les meilleurs .... à condition de ne pas être protégés par des dispositifs artificiels. C’est la destruction créatrice.
                        Mon commentaire visait l’Etat, structure bureaucratique par excellence protégeant toutes les autres, tendant à ne plus exister que pour lui-même et tendant inéluctablement à devenir totalitaire puisque ne pouvant que contrarier autoritairement de plus en plus les humains souvent naturellement rebelles à toute domestication.
                        Certains Etats (Canada par exemple) tentent d’injecter dans l’action publique le processus de destruction créatrice en remplaçant des administrations publiques par des "agences" gouvernementales supprimées dès qu’elles ne remplissent plus leur fonction fondamentale.


                        • Gazi BORAT 1er juillet 2008 08:51

                          @ Roland Verhille

                          S’agissant de la question de l’Etat et de son caractère englobant, il se veut le rempart contre les contrats "de gré à gré" qui ont pour inconvénient de ne pas toujours protéger les plus faibles.

                          On retrouve partout cette préoccupation : à cette "destruction créatrice" canadienne, dans le cadre d’une économie capitaliste, on peut rapprocher la "révolution permanente" prônée par Trotsky pour l’économie planifiée et aussi les campagnes de dénonciations des cadres du Parti par les masses orchestrées par Mao Zedong durant la Révolution Culturelle.

                          Dans ce dernier cas, il s’agissait d’une manipulation géniale visant à protéger sa place dans l’appareil d’un parti qui tendait à l’écarter alors..

                          Pour Marx, la question de l’Etat était celle d’une structure transitoire appelée à disparaitre une fois l’oeuvre révolutionnaire achevée. Cependant, avant de disparaitre, l’Etat devait accroitre son rôle centralisateur pour mieux contrôler le processus de transformation. D’où le phénomène de "surburaeucratuisation" que connut le système soviétique.

                          C’est en Turquie que j’ai vu de mes yeux le culte de l’Etat poussé au plus haut point, selon le modèle bismarckien. C’est ce qui fait qu’actuellement le parti d’un gouvernement au pouvoir se trouve menacé d’interdiction par la voie juridique (pour violation du principe de laïcité contenu dans la constitution).

                          Bien évidemment, c’est l’Armée qui se trouve garante de la continuité de l’Etat, d’où les trois coups d’état que connut le pays durant le XX°siècle.

                          A gauche, on trouve débattue très tôt cette question sur le caractère oppressif de l’état dans la controverse entre Karl Marx et Bakounine, tenant des théories libertaires.

                          gAZi bORAt

                        • Gazi BORAT 1er juillet 2008 09:21

                          @ RV (suite)

                          Bakounine et l’Etat

                           

                          Pour Bakounine, la liberté est la quête de tout révolutionnaire. Ce concept de liberté est pour lui absolu :

                           

                          « La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d’autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. »

                           

                          Cependant, l’Etat apparaît comme un obstacle à cette liberté.

                           

                          Le système décrit par Bakounine suppose un haut degré de conscience des masses. L’autorité existe, en un tel système, mais tend à se confondre avec la compétence individuelle :

                           

                          « Je reconnais l’autorité du boulanger pour ce qui est de cuire le pain, je reconnais l’autorité du cordonnier pour ce qui relève de l’art de la chaussure.. » (je cite de mémoire).

                           

                          Utopie ? En l’état actuel du niveau de conscience des individus, sans aucun doute… mais utopie généreuse ? indéniablement.

                           

                          GAZi bORAt


                        • Olga Olga 1er juillet 2008 09:47

                          @G. B.

                          Bakounine voit aussi Dieu (et donc les religions) comme un obstacle à la liberté des hommes :

                          Si Dieu est, l’homme est esclave ; or l’homme peut, doit être libre, donc Dieu n’existe pas. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle ; et maintenant, qu’on choisisse.


                        • Roland Verhille Roland Verhille 1er juillet 2008 10:16

                          Vu, merci Gazi Borat pour ces très interessantes précisions. Vous semblez bien documenté sur ces questions.
                          Le niveau des masses : Eh oui, je pense que l’humanité n’est pas encore suffisamment évoluée pour être capable de faire fonctionner correctement des Etats vraiment démocratiques, respecteux de la nature humaine, et je me demande si les Etats ne sont pas eux-mêmes un obstacle à cette évolution favorable de l’humain, à son éducation à la démocratie (En France, l’école publique a été instaurée à cet effet, et après environ un siècle, c’est un désastre).


                        • Gazi BORAT 1er juillet 2008 11:19

                          @ OLGA

                          Ni Dieu ni maître !

                          Bakounine est opposé à la religion, c’est une position qu’il partage avec Marx.

                          Par contre les libertariens, sorte de libéraux extrèmes, ne sont absolument pas opposés à la religion, bien au contraire.. car il pense qu’en l’absence de règlementation, c’est ce qui permet à l’homme de rester dans le droit chemin (je caricature à peine). Une sorte de Gestapo intérieure..

                          Bakounine parlerait ici d’aliénation...

                          gAZi bORAt


                        • Gilles Gilles 1er juillet 2008 15:34

                          Verhille

                          "à son éducation à la démocratie (En France, l’école publique a été instaurée à cet effet, et après environ un siècle, c’est un désastre)."

                          A vous lire j’ocsille entre acquièsement (mon coté libertaire) et rage. Pas mal de perles dans votre discours trés, trop, idéologisé du libertarien type qui essait de modeler le Monde a sa vision bornée.

                          L’ecole de Jules Ferry n’avait que peut à voir avec l’ambition de faire de la France une démocratie par le bas ; Non mais quelle connerie. Regardez déjà l’époque et vous me direz ensuite de quelle "démocratie" vous parlez

                          L’école publique était déjà une nécessité...industrielle. La révolution industrielle ayant besoin de plus en plus de main d’oeuvre qualifiée sachant au moins lire et écrire. L’idée n’était certainement pas d’en faire des citoyens à l’esprit critique, ouverts, capables de se prendre en main et de revendiquer leur droit...... et là en effet, je vous suis, 100 ans aprés c’est un désastre, mais pas le même que vous insinuez !

                          L’autre avantage de l’ecole publique et gratuite aura été de gommer les identités régionales et d’enfin anihiler les "patois" vulgaire, de rendre la patrie une et indivisible, unie derrière un drapeau et un nationalisme fervent

                          La "démocratie" actuelle n’est que la conséquence inéluctable de ces choix. Mais maintenan on a trouvé d’autres moyens de tenir la masse instruite

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