Très bon article, merci beaucoup.
Anakin : Est-ce que Julien Doré, Joey Starr, David Guetta et Cindy Sanders représentent toute la musique ? Non. En fait de jet en bloc, il ne s’agit ici que de jeter la minorité sur-représentée. Elle ne vaut rien. On peut hierarchiser quelque peu, du moins mauvais au pire, mais dans l’ensemble ça reste de très bas niveau.
C’st un constat très simple. Pour être dans le Top 50, il faut plaire à énormément de gens avec des goûts différents. A partir de là, l’exécutant ne peut se permettre de prendre un seul risque. Il doit avoir une image rebelle pour plaire aux adolescents, mais également une image de gendre idéal pour plaire à la fameuse ménagère. Il doit passer pour un artiste engagé parce que c’est tendance, mais il ne faut pas choquer, alors on ne s’engage qu’en faveur des choses qui font un large conscensus. "La guerre c’est mal", "Nous détruisons la Terre en la polluant, et c’est très mal". Qui serait contre ?
En résumé, pour plaire il faut faire des concessions à tous les niveaux. Il faut diluer, diluer, et encore diluer. De la musique homéopathique, en somme.
"Artiste" est un terme que je réserve à très peu de monde. Je veux bien dire que Julien Doré est un artiste, mais alors trouvez-moi d’urgence un terme plus fort pour qualifier Zappa, Monk ou Ellington. Affubler Zappa et Doré du même qualificatif, est-ce même envisageable ? Existera t-il à l’avenir, des artistes capables de coupler la musicalité hors-normes avec la subversion la plus rafinée, comme Zappa a su le faire ?
Le véritable problème, c’est que pour hierarchiser il faut disposer d’un socle de connaissances. Julien Doré peut toucher au génie quand on ne connait que lui et qu’on le compare à Cindy Sanders. Mais une fois que l’on écoute quelque chose de plus grand, de plus fort, de plus inventif, on se rend compte.
Bien sûr, il convient d’écouter "de tout", même du rap, pour coller à l’étiquette actuelle. N’ai-je pas lu dernièrement dans un magasine féminin de mon amie, qu’il fallait ab-so-lu-ment écouter Brahms parce que, je cite "C’est branché d’écouter du classique" (Véridique). Partant de là, comment voulez-vous que le citoyen moyen fasse la différence entre Julien Doré et de la soupe s’il n’a jamais écouté de la musique ?
Je crois que je ne remercierai jamais assez mon père d’avoir un jour glissé, en ma présence, "Straight, no chaser" de Monk dans son vieux lecteur de vynils.