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Accueil du site > Tribune Libre > Julien Doré et Cindy Sanders, c’est la même chose ! Lettre ouverte à (...)

Julien Doré et Cindy Sanders, c’est la même chose ! Lettre ouverte à Ariel Wizman et Michel Maffesoli

Qu’est-ce que cela pourrait bien vouloir dire que d’être libre dans notre société ultramoderne ? Plus que jamais, la liberté est synonyme d’esprit libre, critique, indépendant, capable d’élaborer une compréhension des faits sociaux et culturels qui serait détachée de la chape de plomb idéologique qu’est la consommation en tant que mode de vie. La liberté ne peut alors se conquérir que d’une seule manière aujourd’hui : ne pas se compromettre dans la guerre économique, échapper aux retournements sémantiques médiatiques et à la « cannibalisation » par le Mainstream, que l’on nomme désormais la hype, de tout ce qui faisait figure de contre-culture. Mais voilà que les cadres de la hype viennent nous dire que la colonisation de la sphère artistique par la sphère économique est une donnée positive. Ils nous disent, comme lors de cette soirée de haute tenue intellectuelle animée par Frédéric Taddéi le 11 juin, que la hype rassemble les gens libres et subversifs. Cette lettre s’adresse à eux, les petits malins de « l’overground ».

Vous savez bien, vous deux, que la collusion des « artistes contemporains » avec le marketing et la communication veut dire quelque chose. Ce n’est pas organique, ce n’est pas « naturel ». Vous voyez, les petits mecs des Beaux-Arts sont comme vos étudiants, Pr Maffesoli, qui travaillent pour la Money Bank Internationale. Ils fabriquent l’anti-contestation, c’est-à-dire la complaisance mêlée de cupidité vis-à-vis de tout ce qui marche (fait de l’argent) en étant sous couvert d’un alibi artistique ou relationnel. Vous ne pouvez pas aimer les nazis parce que leur esthétique est réussie. Si on est branché parce qu’on passe des galeries parisiennes aux services communication de Monsanto, alors les branchés sont les tenants et les exécutants de notre société. C’est normal. Il faut des Madonna ! Mais faut-il des Julien Doré ou des Camille. Madonna fait de la merde pour quasi-mongolien, mais elle est reconnue comme une grande artiste par ceux-là, parce qu’elle arrive à épouser toutes les modes en employant les producteurs et les réalisateurs de clips les plus formatés et les plus nuls qui sont forcément les plus cotés. C’est normal. Mais Julien Doré et Camille, eux, font soi-disant de la « bonne musique », subversive et créative. En réalité, ce qu’ils font ne s’éloigne pas plus, musicalement, de Carlos ou de Pascal Obispo que Christine Angot ne s’éloigne de Marc Lévy. Il n’y a pas plus de subversion et de création chez eux que chez Pascal Obispo ou Gad Elmaleh. Désormais la nullité gouverne tout et prend toutes les formes, même celle de la profondeur.

Comment en est-on arrivé là ? A ce point où l’artiste est devenu la même personne ignare et stupide que la directrice en marketing et nouvelles tendances culturelles ou le trader qui spécule sur des catastrophes naturelles et profitent de la jungle financière. A ce point où le subversif n’est que marketing. Où la critique officielle est devenue pire que le système lui-même. Souviens-toi Ariel, par exemple, il y a eu le punk authentique (il y avait eu de vrais punks bien avant, notamment dans le jazz) puis il y a eu Malcolm Mc Laren qui n’est qu’un sinistre manager qui a lancé ce que vous adorez : le détournement lucratif et consumériste de la création et de la subversion, soit le cynisme en création. Puis, la réaction en chaîne : « lui l’a fait, pourquoi pas moi ». C’est ce que se disent de plus en plus de sociologues qui s’abandonnent au marketing nouvelle génération. Celui qui fait décoller la vie avec des crédits ou qui nous fait faire l’expérience de l’altérité avec des écrans plats. Il n’y a rien de pire. La société totale.

Les marketter, les communicants, les journalistes… sont les kapos d’un monde totalitaire et vous le savez très bien. Vous savez bien que le genre d’enchaînement idéologiques que l’on a pu entendre ce 11 juin au soir sur la 3 n’est que le produit d’un désastre culturel permanent qui fait que le talent et la critique sont systématiquement exclus du système dominant . C’est normal, ça a toujours été comme ça. Les gens libres sont faits pour être en marge, pour s’extraire. Alors il ne faut pas se tromper. Ceux que vous défendez et dont vous faites parti, les « branchés », forment la culture dominante qui cristallise à la fois les modes massives et une critique superficielle du monde tel qu’il est, dans laquelle tous les faibles d’esprits peuvent se retrouver pour mieux s’y consacrer. La seule liberté, c’est la résistance, grande ou ordinaire. Si vous ne savez pas ça, c’est que vous êtes perdus dans un modèle épistémologique occidentalo-occidentaliste typiquement colonisateur, universaliste, évolutionniste le plus ringard qui soit. Voyons Ariel, la hype est vulgaire, superficielle, auto-référentielle, conservatrice, snob, ignare, indécente et tout et tout. My space, facebook… sont les plus grandes stratégies de formatage et de contrôle social jamais mises en œuvre. Dans la nouvelle économie de l’immatériel, la relation sociale devient un objet de profit individuel. Voyons M. Maffesoli, vous vous mettez le doigt dans l’œil. Ces nouvelles libertés dont vous parlez en ricanant ne sont pas interstitielles, mais artificielles. Cette artificialité n’est pas romantique, mais mercantile. La superficialité n’est pas une cosmétique transcendantale, mais une machine de guerre, un virus qui répand la stupidité et l’avilissement. L’abolition du hasard et de la réciprocité dans la relation sociale fait de nous des robots. C’est vrai, le marketing et la communication sont les vecteurs d’un nouvel enchantement social : la consommation comme mode d’objectivation du réel et comme mode d’expérience du réel. Mais cet enchantement (cette morale) n’est pas postmoderne, il est typiquement moderne. C’est le prolongement direct de la bonne vieille rationalité instrumentale qui caractérise la modernité occidentale. Celle qui détruit tout pour le fric ! Vous dites que ce qui a déjà été récupéré est nouveau. Vous avez vu une occasion unique de devenir la tête pensante d’un grand mouvement culturel reposant sur la connivence avec le pouvoir, quelle misère ! Vous avez sauté dessus.

Comment expliquer le fait qu’il n’y a plus un écrivain, un humoriste, un cinéaste, un chanteur, un artiste qui ne sorte de son petit cas personnel ou de son petit « délire » personnel ? Pourquoi est-ce branché que de s’extasier en lisant Les Bienveillantes, cette horreur de complaisance bourgeoise ? Pourquoi est-ce branché que de travailler chez LVMH à la communication et d’aller après le travail au vernissage d’un artiste sponsorisé par Total-Fina qui « fait joujou » avec son ordinateur ou à la soirée d’un DJ Sony Ericson qui « fait mumuse » avec ses platines en gardant un œil sur les cours de la bourse ! Si les branchés font du marketing ethnique, ce sont des criminels. En fait, la hype d’aujourd’hui constitue la sphère bourgeoise médiocre que l’on appelle sphère dominante en toutes périodes. D’ailleurs, il y a un ministre de la hype, c’est Christine Albanel, ex-gouvernante du château de Versailles et capable d’esquisser un déhanchement vendeur sur le dernier David Guetta. C’est elle, cette hype nauséabonde, qu’il faut subvertir. Le monstre social à qui l’on doit résister si on veut conserver sa liberté d’esprit, c’est elle. La hype, qui se moque de ceux qui sont « out », c’est la sphère des beaufs les plus consternants et individualistes. C’est comme ça que le système tourne, c’est ça une société, et donc il faut résister à la société ! Ca ne changera jamais. Mais il ne faut pas se tromper. La hype ne peut être que cette masse privilégiée qui ne réfléchit pas et ne se réfléchit pas. La hype est cette sphère qui est sûrement née en 68 quand on nous a fait croire que les troubles sociaux était d’ordre anticapitalistes et impliquaient une critique de la société de consommation alors que ce n’était qu’une exaltation de l’individualisme performateur et de la complaisance branchouille très facile pour notre projet de société dévastateur et concentrationnaire. Donc, Ariel Wizman, Michel Maffesoli ou Frédéric Beigbeder, ou Julien Doré, ou Camille, ou le journaliste à Libé Si tu es branché, c’est que tu es un mouton. Si tu es content d’être un mouton, fier de macérer dans cette glèbe, c’est que tu es prisonnier de tous les mécanismes sociaux et médiatiques d’assimilation au néocolonialime consumériste (mondialisation) qui est d’abord un totalitarisme.

PS : dites à Frédéric Beigbeder de jeter un coup d’œil aux poètes du « grand jeu », René Daumal en particulier, à Robert Musil ou encore Zinoviev… par exemple.


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34 réactions à cet article    


  • morice morice 30 juin 2008 15:35

     il y a pire... il y a Zemmour.... !!!! 


    • GreenGarden GreenGarden 1er juillet 2008 00:55

      Et pire que Zemmour... il y a MoÔorice !

      G.


    • GreenGarden GreenGarden 1er juillet 2008 01:00

      @L’auteur,

      Bien vu quoique excessif, le tout écrit avec un style direct et nerveux.... Bravo.

      G.


    • docdory docdory 30 juin 2008 17:22

       @ Morice 
      Qu’est -ce que vous avez contre Zemmour ? Dans le débat-spectacle hebdomadaire " on n’est pas couché " de Laurent Ruquier , c’est le seul des intervenants qui sorte de l’insupportable conformisme politiquement correct de cette émission ! Ruquier , et surtout Naulleau sont accablants de " bien-pensance " ...


      • frédéric lyon 30 juin 2008 17:27

        La vindicte Moricienne contre Zemmour devrait-elle quelque chose au fait que Zemmour est juif ?????

        Il est important de souligner, une fois de plus, que nous avons à faire à une communautés d’origine étrangère, qui est venu nous emmerder chez nous avec ses haines ancestrales et avec des conflits, le conflit du Moyen-Orient notamment, qui ne concernent pas la France, ni les Français.

        Ces communautés sont responsables de la résurgence de l’antisémitisme dans notre pays. 


      • docdory docdory 30 juin 2008 18:44

         @ Thiland 

        D’une certaine façon , je comprend votre analyse de l’équivalence de Carlos , Cindy Sander et Julien Doré . Je la comprend d’autant mieux que je n’en ai jamais acheté aucun disque . ( Personnellement , j’écoute plutôt du jazz , de la musique indienne , de la bossa ou du blues rock , et je vais de temps en temps à des concerts de musique classique ) .
        Néanmoins , en tant que père de famille , et doncayant la lourde tâche d’essayer , tant bien que mal , d’ouvrir l’esprit de mes enfants ( qui ont 12 et 10 ans ) à des musiques autres que celles du top 50 , je dois dire que je suis confronté à une formidable difficulté : comment leur faire comprendre qu’il y a autre chose que la musique formatée qu’ils pourraient écouter à longueur de journée . L’option qui consiste à les emmener voire des concerts de musique classique ou de jazz est presque impraticable . Il s’agirait quasiment d’une option intégriste ! Il faut donc trouver d’autres stratégies .
        1°) La stratégie de l’auto-radio-lecteur CD : dans un trajet en voiture un peu long , chaque membre de ma famille peut proposer sa musique en CD ou à la radio pendant une heure . Je vais donc mettre une musique suffisamment différente de ce qu’ils écoutent pour leur faire sortir de leur univers , mais d’un autre côté , il vaut mieux que j’évite de les braquer complètement par une attitude maximaliste en leur mettant du Mozart , du Bill Evans ou du Ravi Shankar , ce qui me vaudrait des protestations outrées ou des quolibets . 
        2°) La stratégie de la critique nuancée . Si je leur dit que toute la musique qu’ils écoutent est de la merde en boite , ça ne marchera pas . Il faut donc que j’écoute un peu ce qu’ils écoutent , en essayant d’établir une hiérarchie dans la qualité de ce qu’ils écoutent . Or , dans les musiques actuelles , il y a ce que je trouve franchement inaudible ( la techno ) , franchement insupportable ( le rap ) . Même dans le rap , je fais une distinction entre MC Solaar , qui est écoutable sans déplaisir , et Joey Starr , Diam’s ou Akhénaton qui sont accablants , tant sur le plan des paroles que de la musique .
        Enfin , il y a le reste de la variété , pop rock , R&B ( ou ce qui prétend actuellement être du R&B ) , et chanson française actuelle . Et là , je dis du bien de certaines musiques qui , même si elles sont imparfaites , peuvent leur ouvrir les oreilles à autre chose . Par exemple , je les ai accompagné à un concert de Thomas Dutronc .
        Certes , il n’y a avait pas que du parfait dans ce concert , mais ça leur a permis d’entendre des sons inspirés par Django Reinhardt , des accompagnateurs de talent , des arrangements un peu étonnants ,et de leur faire écouter ensuite des disques de Django . Si je les avais emmené directement voir un concert des frères Boulou et Elios Ferré , musicalement bien plus subtils , ils se seraient braqués d’entrée de jeu , ça aurait été contre-productif .
        Pour ce qui est des émissions de télé réalité musicale , puisque vous parliez de Julien Doré , je préfère qu’ils regardent la nouvelle star que la star academy . En effet , la star ac est en général intégralement mauvaise et totalement formatée , avec des accompagnements enregistrés , alors que dans la nouvel star peuvent se voir des éclairs d’un certain talent , avec des accompagnateurs super-pros . Et je pense , quoi que vous en pensiez , que Julien Doré , Christophe Willem ou Camille ( je n’aime pas tout dans Camille , mais il y a chez elle des choses musicalement bien plus originales que dans le top 50 ) permettent une ouverture d’esprit vers d’autres styles musicaux , ce qui n’est certainement pas le cas de Cindy Sander , qui n’ouvre l’esprit qu’à la mièvrerie et à la niaiserie musicale totale .






      • lamorille 30 juin 2008 23:48

        un petit conseil à lyon...la vie de brian des monty python vient de ressortir en dvd...un bon film contre la paranoïa...


      • Kassandra Kassandra 1er juillet 2008 11:40

        @ Frédéric Lyon

        On dirait que sur AV il y a un concours du commentateur le plus naze, le pompon d’or du "poster" le plus con ,(un poster est la personne qui laisse un commentaire, c’est plus court et moins lourd que commentateur) le plus nul il y a pas mal de nominés entre Adama, Ierma, Calmos, Piffard, et un nouveau "mal comprenant" (mais qui promet beaucoup) Charlie, j’en oublie certainement (mais fouiller les poubelles d’AV n’est pas mon truc). Complétez la liste de vous même.

        Lyon est je pense est proche du pompon d’or par cette réflexion d’une bêtise incommensurable, bravo ! un petit effort, le premier prix est une consultation gratuite chez le psychiatre...


      • Kassandra Kassandra 1er juillet 2008 15:27

        Les "branchouillés" ont toujours été d’abord parisiens, archi conformistes, ils suivent des modes passagères et stupides (quelques fois obsolètes avant d’ exister), les papes de ce "truc" sont les rois du vide et de l’inculture, favorisant la médiocrité et la superficialité.

        Julien Doré et Cindy Sanders ? Connait pas...Qu’est-ce ??

        Camille est une chanteuse qui réussit le tour de force de dépasser avec talent ses possibilités vocales.

        Begbédée, jamais lu, aucun intérêt... Ariel Witzman est le
        Claude Allègre du showbiz... !!!


      • wangpi wangpi 30 juin 2008 18:43

        bien vu, mis à part votre vision réductrice de mai 68.
        se fût, à l’origine, un mouvement authentiquement prolétarien et révolutionnaire. je m’étonne qu’avec votre sens critique (qui sent un peu la néo-université mais bon) et votre apparente culture, vous vous fassiez le relais (involontaire ?) de cette désinformation permanente, écrite par l’état (mais instructive à ce titre, et à ce titre seulement).


        • anakin 30 juin 2008 20:48

          Non, pas bien vu ! 
          Tout démarre par un titre putassier. Presque honteux.
          Qui prouve d’entrée que l’auteur de ce pamphlet grossier n’a pas écouté un seul des disques cités.
          Comment peut-on écrire que Julien Doré c’est la même chose que Cindy Sanders ?!!!
          Cette chronique reflète un peu la tendance de l’époque : tout rejetter. En bloc. Ne rien aimer. C’est la grande révolte du moment. Le nouvel axe de la subversion. La nouvelle tentation. Pour jouir des huées. Sans doute.
          Zemmour et Naulleau en sont les fiers étendards. A la téloche.
          Parce que vous vous croyez subversif en déboulonnant de la sorte.
          Vous feriez simplement d’aller à l’essentiel : écouter les disques que vous jetez si rapidement à la poubelle.
          Que vient faire Camille à l’intérieur de votre diatribe ? Que vient faire cette artiste libre dont le parcours est à des kilomètres de celui de Julien Doré ? Pourquoi Julien Doré devrait-il faire les frais de votre mauvaise humeur alors que son album est réussi et qu’il prouve qu’il n’est pas qu’un objet de marketing.
          Berf, tout cela n’est finalement que de la branlette à deux balles !


          • 1984 1984 1er juillet 2008 01:43

            Très bon article, merci beaucoup.

            Anakin : Est-ce que Julien Doré, Joey Starr, David Guetta et Cindy Sanders représentent toute la musique ? Non. En fait de jet en bloc, il ne s’agit ici que de jeter la minorité sur-représentée. Elle ne vaut rien. On peut hierarchiser quelque peu, du moins mauvais au pire, mais dans l’ensemble ça reste de très bas niveau.

            C’st un constat très simple. Pour être dans le Top 50, il faut plaire à énormément de gens avec des goûts différents. A partir de là, l’exécutant ne peut se permettre de prendre un seul risque. Il doit avoir une image rebelle pour plaire aux adolescents, mais également une image de gendre idéal pour plaire à la fameuse ménagère. Il doit passer pour un artiste engagé parce que c’est tendance, mais il ne faut pas choquer, alors on ne s’engage qu’en faveur des choses qui font un large conscensus. "La guerre c’est mal", "Nous détruisons la Terre en la polluant, et c’est très mal". Qui serait contre ?

            En résumé, pour plaire il faut faire des concessions à tous les niveaux. Il faut diluer, diluer, et encore diluer. De la musique homéopathique, en somme.

            "Artiste" est un terme que je réserve à très peu de monde. Je veux bien dire que Julien Doré est un artiste, mais alors trouvez-moi d’urgence un terme plus fort pour qualifier Zappa, Monk ou Ellington. Affubler Zappa et Doré du même qualificatif, est-ce même envisageable ? Existera t-il à l’avenir, des artistes capables de coupler la musicalité hors-normes avec la subversion la plus rafinée, comme Zappa a su le faire ?

            Le véritable problème, c’est que pour hierarchiser il faut disposer d’un socle de connaissances. Julien Doré peut toucher au génie quand on ne connait que lui et qu’on le compare à Cindy Sanders. Mais une fois que l’on écoute quelque chose de plus grand, de plus fort, de plus inventif, on se rend compte.

            Bien sûr, il convient d’écouter "de tout", même du rap, pour coller à l’étiquette actuelle. N’ai-je pas lu dernièrement dans un magasine féminin de mon amie, qu’il fallait ab-so-lu-ment écouter Brahms parce que, je cite "C’est branché d’écouter du classique" (Véridique). Partant de là, comment voulez-vous que le citoyen moyen fasse la différence entre Julien Doré et de la soupe s’il n’a jamais écouté de la musique ?

            Je crois que je ne remercierai jamais assez mon père d’avoir un jour glissé, en ma présence, "Straight, no chaser" de Monk dans son vieux lecteur de vynils.


            • anakin 1er juillet 2008 19:17

              Cher 1984,
              Vos artistes ont l’air bien froids. Je vous en conseille de bien vivants. Les Fleet Foxes. On en parlera peu. Ils ne squatteront pas les charts. Mais qu’est-ce que c’est bien ! Si ça se trouve leur magnifique premier album est peut-être disponible en vinyle !

              http://www.myspace.com/fleetfoxes

              Allez, puisque qu’on évoque la notion d’artiste, que pensez-vous de cette vision de l’artiste raté par un artiste, un vrai, un peu râleur, mais très bon faiseur, hors réseaux et marketing :

              LE MONDE : Qu’est-ce qu’un artiste raté ?


              JLM : C’est celui ou celle qui fait la moitié du chemin, sans rien sacrifier. Le monde est plein d’artistes qui ne le sont que six heures par semaine, du samedi matin au dimanche soir. Ils sont d’une arrogance, ils veulent tout arracher ! Alors qu’être artiste, c’est un engagement total, où tous les risques sont pris. C’est une décision à laquelle on se tient. Quitte à dormir dehors, à vivre autrement. Tout le monde a en soi des capacités créatives, cela n’en fait pas un artiste pour autant. Etre artiste, c’est une affaire de vocation et de discipline, une discipline de fer. Etre artiste, c’est du travail, du travail, du travail et encore du travail.

              JLM c’est Jean-Louis Murat


            • WOMBAT 1er juillet 2008 06:41

              Un article brillant, bien écrit et que l’on lit volontiers mais en fin de compte s’apparentant à l’enfoncement de portes ouvertes, ou, si vous préférez, à la découverte de l’eau chaude. Il ne s’agit point de ma part d’excommunier, voire de jeter l’anathème puisqu’il permet à 1984 et à d’autres, j’espère, de rebondir de manière pertinente. Thelonious Monk y est cité, à juste titre, comme un parangon absolu de ce que l’intelligence humaine peut atteindre à travers l’art, pourtant combien de lecteurs d’Avox ont écouté Monk, ou simplement en connaissent l’existence ? L’Art, avec un grand A, sa compréhension profonde et sa mise en oeuvre, demeure un "sport" que seule une infîme minorité est appelée à pratiquer car il requiert un long apprentissage et, par conséquent, beaucoup d’efforts. Désolé si mon intervention (modeste, rassurez vous) peut paraitre élitiste, pourtant l’art est un langage à part entière et en tant que tel il faut d’abord l’étudier. Malheureusement sur ce point toutes les bourriques sont convaincues que ce n’est nullement nécessaire et d’en savoir autant, sinon plus, que les plus fins critiques, lesquels, bien entendu, ne sont que des crétins vendus. La preuve, ils ont détesté les Ch’tis...Soyons sérieux, s’il vous est offert le plus beau livre du monde et qu’il est en Chinois, vous pourrez tout au plus vous en servir pour caler votre table de cuisine tout en vous repaissant de la série Harlequin, par contre si vous pratiquez la langue et si votre culture est au niveau, quelle délectation !
              Signé : un Monkolâtre qui vient, devant vous, d’enfoncer d’autres portes ouvertes.


              • morice morice 1er juillet 2008 08:07

                 par docdory (IP:xxx.x0.180.33) le 30 juin 2008 à 17H22 

                 
                @ Morice 
                Qu’est -ce que vous avez contre Zemmour ? Dans le débat-spectacle hebdomadaire " on n’est pas couché " de Laurent Ruquier , c’est le seul des intervenants qui sorte de l’insupportable conformisme politiquement correct de cette émission ! Ruquier , et surtout Naulleau sont accablants de " bien-pensance " ...


                ah ben maintenant on sait qui vous êtes, Docdory. accablants ; dites-vous... oui, mais de veulerie.

                • morice morice 1er juillet 2008 08:08

                   par frédéric lyon (IP:xxx.x60.232.32) le 30 juin 2008 à 17H27 

                   
                  La vindicte Moricienne contre Zemmour devrait-elle quelque chose au fait que Zemmour est juif ? ? ? ? ?
                  non c’est parce qu’il avant tout con et profère des idées d’extrême droite. comme vous d’ailleurs. on peut être juif et con, ça n’exclue pas.

                • morice morice 1er juillet 2008 08:09

                   Comment peut-on écrire que Julien Doré c’est la même chose que Cindy Sanders ?!!! 
                  c’est pourtant. 


                • morice morice 1er juillet 2008 08:10

                   en tant que père de famille , et doncayant la lourde tâche d’essayer , tant bien que mal , d’ouvrir l’esprit de mes enfants ( qui ont 12 et 10 ans ) à des musiques autres que celles du top 50 , je dois dire que je suis confronté à une formidable difficulté : comment leur faire comprendre qu’il y a autre chose que la musique formatée qu’ils pourraient écouter à longueur de journée .

                  Purée, je les plains. 


                • morice morice 1er juillet 2008 08:12

                   Le véritable problème, c’est que pour hierarchiser il faut disposer d’un socle de connaissances. Julien Doré peut toucher au génie quand on ne connait que lui et qu’on le compare à Cindy Sanders. Mais une fois que l’on écoute quelque chose de plus grand, de plus fort, de plus inventif, on se rend compte. 

                  c’est l’échelle de richter des nazes ; là... on démarrre au zéro absolu, celui au dessus est toujours à -200.


                • le pen la vie la vraie 1er juillet 2008 10:45

                  beigbeder, quand il a écrit 99 francs, est passé dans pas mal de télés ; il y a tenu un discours au départ assez nouveau, semblant prendre au sérieux sa croisade antipublicitaire ; malheureusement, le dandy qui est en lui a vite repris le dessus.
                  carlos était un artiste sympathique et un fort bon raconteur d’histoire ; rien à voir avec toutes ces branchouilles merdiques ; obispo a écrit certaines chansons de qualité ; ceux qui critiquent cindy sanders ont oublié qu’elle a été récupérée par la système couard sous la menace du peuple (en fait c’est une chanteuse sympathique).
                  Ariel wizman est passé un jour aux grosses têtes, pensant peut-être être un comique lui aussi ; il y a pris une raclée et a juré qu’on ne l’y prendrait plus ; pas de risque, mon triste sire !
                  J’ignore qui est julien doré et je m’en porte fort bien ; mr docdory qui fait de la nuance entre les music réalités de merde va nous faire des enfants bayrouistes, je le crains.
                  j’aime bien le ton de l’article ; je ne saurais en faire de pareils, c’est dommage parce que moi aussi j’aimerai bien dire du mal des gens ; je peux monsieur ? alors wizman quel connard avec sa tête de pédé, et canal + quelle télé de branchouilles à la con, denizot faudrait l’interner avec ses chroniqueurs à la con, comme yann barthès, massenet, quand on les voit on a envie de taper dessus, et pierre louis bas le demeuré gauchiste, et ruquier le gros faux cul, et toutes ces merdes qui nous entubent chaque jour ; un jour on va venir dans les télés et on les libèrera comme on délivre le gens dans les dictatures et toutes les branchouilles iront en taule.
                  y’a pas à dire, ça fait du bien !
                  vive l’attaque personnelle ! plus il y aura d’attaques personnelles contre les gauchistes, et moins il y aura du personnel gauchiste d’attaque !


                  • frédéric lyon 1er juillet 2008 11:49

                    Est-ce qu’ilo n’est pas mignon, notre ami Momo, quand il jure qu’il n’est pas musulman et qu’il n’est pas antisémite ???

                    Allez Momo, jure-nous que tu ne savais pas que Zemmour est juif !

                    Tu nous feras bien rigoler.


                    • frédéric lyon 1er juillet 2008 13:09

                      N’est-il pas croquignolet, celui-là aussi ???? Tu sors de quel égoût, fiston ?????


                    • ThatJazz ThatJazz 1er juillet 2008 13:11

                      @ Thiland,

                      Même si je vous trouve un peu trop enflammé, j’avoue que je partage en partie votre opinion. C’est effrayant de voir à quel point le système avale tout, digère tout même les subversions. Regardez par exemple comment la mode a repris le style hippie, devenue hippie-chic, et les vêtements ouvriers, avec des bleus de travail strassés et griffés...C’est à croire que toute lutte est inutile !


                      • frédéric lyon 1er juillet 2008 13:29

                        Bravo fiston, enfin tu nous montres de quoi tu es capable !!!

                        Un peu vulgaire sans doute, mais on ne va pas faire la fine bouche avec des mecs comme toi, pas vrai ??? On sait bien que vous ne faites pas dans la dentelle !!


                      • frédéric lyon 1er juillet 2008 13:42

                        Allez fiston, ne débande pas !! Parle-nous encore d’anus, de pipi et de caca. C’est encore là que tu sembles être le plus à l’aise !

                        Allez vas-y, déboutonne toi, ici on est entre nous, ça ne sortira pas de la famille !!


                      • Kalki Kalki 1er juillet 2008 13:38

                        Ce qui est populaire n’est pas forcément nul et non original, n’est ce pas ?
                        Je sens comme un arrière gout d’ "enfant rebelle" ( comprend qui peux ) chez l’auteur, peut etre même un peux trop présent au sens ou il fait les erreurs ( et utilise le meme stratagème) qu’il critique
                        c’est une affaire de gout, tout de même les gouts
                        même si comme vous l’avait très bien étudié et dis, le facteur sociétal est (très) présent.

                        Les "genres" en eux même que choisissent les personnes et selon leur goûts,
                        peuvent avoir un interet artistique, même si c’est vendus commercialement.

                        L’oeuvre n’est pas l’artiste ou le papier d’emballage.

                        Il y a du bon partout.
                        Il vaudrait mieux eviter catégoriser les personnes par respect,
                        on devrais mieux prendre un peu de recul et si on est sincère avec sois memen prendre le temps de s’attaquer à des "catégories" basé scientifiquement sur des statistiques.
                        Et non pas sur des démons bien ciblés, bien qu’ils existent.

                        ( je ne joueux pas aux moralisateurs )

                        Je dis seulement que la critique seule n’est pas constructive ( et je ne donnerais meme pas l’exemple d’un politicien ).
                        Quand il y a un problèmes reconnus, il faut sois participer a un mouvement pour le resoudres
                        sois proposer une solution quitte à la créer.
                        ( et etre a la hauteur de ses convictions )

                        Peut etre que l’éducation sert a éduquer ?
                        Peut etre que l’éducation peut planter les graines d’un esprit libre ?

                        Il est vain de s’y prendre avec des adultes.
                        IL n’y a plus que les sentiements qui les touches.

                        De l’intelect aux libres penseurs
                        je vous concède le forum des commentaires.


                        • morice morice 1er juillet 2008 13:46

                           par frédéric lyon (IP:xxx.x60.232.32) le 1er juillet 2008 à 11H49 

                           
                          Est-ce qu’ilo n’est pas mignon, notre ami Momo, quand il jure qu’il n’est pas musulman et qu’il n’est pas antisémite ? ? ? 

                          Allez Momo, jure-nous que tu ne savais pas que Zemmour est juif ! 

                          Tu nous feras bien rigoler.

                          de le savoir ne m"empêche aucunement de dire comme Floresti que c’est un con de première, qui a un problème de zizi, et pas celui auquel vous pensez : c’est un gros naze de MACHO. Juif ou pas : il est CON, et dangereux. 

                          • morice morice 1er juillet 2008 13:48

                            " Une petite fiotte d extreme droite, rétrograde, mysogyne, raciste comme pas deux, reactionnaire, antidemocrate affirmé, completement con, prétentieux, érudit de l’inculture," jusque là je partage l’opinion, c’est un bon résumé.... a part le mot fiotte ça pourrait m’aller. 


                          • Breakbeat75 1er juillet 2008 14:15

                            Une citation et une pensée pour prolonger cet article au style remarquable, au fond intéressant mais discutable :

                            Public Enemy disait à juste titre dès 1989 : Don’t believe the hype ! Je pense qu’au final ça suffit pour rester vigileant...

                            Meilleure façon de définir la hype  : Deeply superficial ! En d’autres termes, il faut donner l’impression de maîtriser tout en restant accessible. Tout l’inverse d’un intello en somme. C’est pourquoi le rouleau compresseur de la hype fonctionne si bien (entièrement d’accord avec l’auteur).

                            Un regret...

                            La liberté ne peut alors se conquérir que d’une seule manière aujourd’hui : ne pas se compromettre dans la guerre économique, échapper aux retournements sémantiques médiatiques et à la « cannibalisation » par le Mainstream, que l’on nomme désormais la hype, de tout ce qui faisait figure de contre-culture

                            O thésard THILAND que je respecte pour mettre son temps au service d’une réflexion éclairée, ça veut dire quoi ne pas se compromettre dans la guerre économique ? Ne pas travailler dans la sphère privé, ne pas consommer, ne pas donner dans l’usure, ne pas chercher à tirer profit d’une activité professionnelle...vous donnez bien une partie de la réponse dans votre article :

                            Les gens libres sont faits pour être en marge, pour s’extraire. Alors il ne faut pas se tromper. Ceux que vous défendez et dont vous faites parti, les « branchés », forment la culture dominante qui cristallise à la fois les modes massives et une critique superficielle du monde tel qu’il est, dans laquelle tous les faibles d’esprits peuvent se retrouver pour mieux s’y consacrer. La seule liberté, c’est la résistance, grande ou ordinaire. Si vous ne savez pas ça, c’est que vous êtes perdus dans un modèle épistémologique occidentalo-occidentaliste typiquement colonisateur, universaliste, évolutionniste le plus ringard qui soit.

                            ça va très loin ! Devant cette forme d’excès engendré par un autre excès (la hype) je dis : don’t believe totaly Thilan !


                            • frédéric lyon 1er juillet 2008 14:59

                              De l’auteur :

                              "Si vous ne savez pas ça, c’est que vous êtes perdus dans un modèle épistémologique occidentalo-occidentaliste typiquement colonisateur, universaliste, évolutionniste le plus ringard qui soit.
                               
                              ............................


                              Nous ne savons pas dans quel "modèle épistémologique" nous sommes "perdus", mais ce que nous savons, ne revanche, c’est qu’il existe des petits cons prétentieux qui vous nous l’expliquer.

                              Vous avez dit ringard, cher ami ?


                              • jondegre jondegre 1er juillet 2008 15:03

                                "Ceux que vous défendez et dont vous faites parti, les « branchés », forment la culture dominante qui cristallise à la fois les modes massives et une critique superficielle du monde tel qu’il est, dans laquelle tous les faibles d’esprits peuvent se retrouver pour mieux s’y consacrer. La seule liberté, c’est la résistance, grande ou ordinaire. Si vous ne savez pas ça, c’est que vous êtes perdus dans un modèle épistémologique occidentalo-occidentaliste typiquement colonisateur, universaliste, évolutionniste le plus ringard qui soit."

                                Bien envoye.




                                • sagnard 2 juillet 2008 11:26

                                  On peut citer le livre qui a inspiré le débat cité dans la lettre ouverte dans lequel on retrouve de nombreux arguments cités dans cette discussion : "Vous êtes sur la liste ? Enquête sur la tyrannie des branchés" publié aux éditions du Moment

                                  http://www.amazon.fr/Vous-%C3%AAtes-sur-liste-tyrannie/dp/2354170130


                                  • Christoff_M Christoff_M 3 juillet 2008 12:55

                                     ils vont à des soirées de mauvais gout désignées par Starck , des soirées sponsorisées par une marque de bottes ou de portables, les "intellos" sont des vrais faux branchés fatigués, des vieux beaux déguisés en trentenaires pseudo cool et qui viennent chercher de la chair fraiche intéressée pour meubler leur ennui....


                                    • Antoine 4 juillet 2008 00:53

                                       Parler de musique est superflu car le plus souvent ceux qui le font évoquent tout ou presque sauf précisément la musique faute d’en détenir les subtilités, mieux vaut l’écouter ! Moralité : pour savoir (enfin !) ce qu’est la musique et en particulier la voix, allez à l’opéra. Pour la présente saison, c’est presque trop tard mais pensez-y lors de la prochaine. Heureux par exemple ceux qui ont pu entendre Anna Netrebko, Joyce DiDonato et les autres il y a quelques semaines dans le Bellini !! A bons (’futurs") entendeurs...

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