C’est toujours un délice de lire les contradictions internes des militants "alter" ; d’un côté, ils mettent tous les problèmes mondiaux sur le dos de "l’idéologie néolibérale" et de l’autre ils critiquent ouvertement le protectionnisme honteux et totalement déloyal des pays développés (auquel l’OMC cherche désespérément à mettre fin, pour le plus grand bonheur des pays en développement soit dit en passant).
Posons-nous au moins la question : et si le monde n’était finalement pas assez libéral ? La crise alimentaire dans les pays en développement vient avant tout du fait que leur agriculture est archaïque et que la plupart des produits alimentaires consommés dans ces pays sont importés. Ces deux éléments ont la même cause : le protectionnisme agricole des pays développés et les subventions démesurées versées à leurs agriculteurs ont, depuis 30 ans, tiré les prix mondiaux vers le bas, décourageant les agriculteurs des pays en développement d’investir. Sans parler des politiques de "préférence nationale" qui ont par exemple conduit la France à tuer la production de bananes dans de nombreux pays africains pour favoriser la banane martiniquaise, pourtant plus chère à produire (et moins bonne).
Le Président Wade a eu raison d’affirmer lors du dernier sommet de la FAO qu’il faut en finir avec ce système et que ce dont l’Afrique a besoin, ce n’est pas qu’on lui envoie des sacs de riz par cargos mais qu’on la laisse développer son agriculture et, potentiellement, exporter ses produits sur nos marchés. Le libéralisme n’est pas nocif en soi, mais seulement à condition que tout le monde respecte les règles du jeu. C’est loin d’être le cas, certes, mais ce n’est pas en respectant encore moins ces règles que la situation va s’améliorer.