Il ne suffit pas qu’il y ait des intérêts. Les intérêts sont là pour garantir un minimum de création de valeur, donc limiter le risque d’inflation.
Les banques devant rembourser plus qu’elles n’ont emprunté, comme tous les emprunteurs dans le système actuel, elles doivent créer de la valeur pour assumer cela, comme vous lorsque vous empruntez. Vous devez rembourser un peu plus, et il vous faut bien "créer" le complément quelque part (en travaillant, vous concernant).
Concernant vos 60 milliards, vous n’êtes pas cohérent.
Vous nous faites un exemple où les 60 milliards servent pour l’investissement selon vous, ce qui signifie que par ailleurs vous empruntez 60 milliards de plus pour l’amortissement obligatoire chaque année de la dette. Je cite :
"Payer cet amortissement va réduire le capital de la dette de 60 milliards, la dette passera donc à 1140 milliards d’euros ... Hors comme nous empruntons pour payer cet amortissement, la dette repasse à 1200 milliards d’euros ... Comme je vous l’ai dit, la gestion de l’amortissement de la dette est une opération totalement transparente et je ne vois pas en quoi elle interviendrait dans nos calculs ... "
Vous empruntez pour amortir, donc vous n’empruntez pas 60 milliards, mais 120 (où alors vous avez trouvé 60 milliards d’économies que vous n’avez pas détaillées). Où sont les 60 qui manquent dans votre tableau ? Votre calcul de nouvelle monnaie est juste, c’est votre calcul de nouvelle dette qui ne l’est pas/ Mais c’est peut être trop dur à comprendre.
Vous nous sortez un tableau qui amortit la dette du bilan de l’Etat (+20 milliards) et de l’inflation. Vous ne déflatez pas dans le second cas, vous le noterez (déjà une incohérence). En plus, selon votre tableau, l’inflation n’a aucun effet sur la balance de l’Etat... Curieux, très curieux.
On dirait que pour le budget vous vous placez en monnaie constante, et pour la dette en monnaie courante. C’est une incohérence majeure. Si vous vous placez en monnaie constante partout (ce qui vous permet de justifier l’accroissement de l’excédent puisque l’inflation ne vient pas rogner les marges), vous ne pouvez pas déflater l’inflation de la dette.
Donc votre premier tableau considère qu’on a annulé, même si vous ne le voyez pas, 60 milliards de dépenses annuelles (c’est la seule chose qui vous permet de ne pas emprunter 120 milliards annuellement), quand le second n’annule pas ces dépenses (sinon le budget serait excédentaire).
Je vais essayer une dernière fois de vous faire comprendre la réalité. Vous avez les dépenses de l’Etat et ses recettes. Le bilan est un déficit de 40 à 50 milliards. Sur les dépenses vous avez les interêts de la dette, uniquement les intérêts et pas du tout d’amortissement, les investissements, l’éducation, l’armée, etc.....
En dehors de ce bilan vous avez l’amortissement de 60 à 70 milliards par an de la dette existante. Elle vient en plus.
Si on intégrait cet amortissement (comme ça devrait être le cas si le gvt n’avait pas trouvé une astuce comptable il y a des années), alors le déficit passe à 110/120 milliards par an. On emprunte alors ces 110/120 milliards pour combler le trou. Regardez un peu les comptes de l’AFT pour comprendre le mécanisme.
Votre calcul néglige ce fait. Si vous voulez rembourser la dette par la nouvelle tout en conservant l’investissement de 60 milliards par an selon vous, c’est 120 milliards qu’il vous faut trouver. Soit une dette cumulée (compte tenu de la réduction des intérêts) de 2000 à 2200 milliards au bout d’une vingtaine d’année. C’est mieux que si on emprunte toujours autant avec intérêts, mais c’est moins bien que si on prend le taureau par les cornes et qu’on réfléchit à comment mieux utiliser la ressource disponible (trouver des économies, et trouver des recettes).
Cette monnaie ne créera pas de richesse comme vous le dites, puisque la plus grosse partie viendra en renouvellement de la dette actuelle. La dette précédente a-t-elle créée de la richesse ? Donc cet argent supplémentaire viendra uniquement augmenter la masse monétaire sans créer de nouvelles richesses : c’est la définition de l’inflation. ll y a plus d’argent pour acheter la même chose, du coup la chose coûte plus.
Pire, l’Etat ne devant pas rembourser plus que ce qu’il a emprunté (donc se creuser la tête pour trouver des ressources), et bien il fera ce qu’il a toujours fait et ce que ceux qui ont accès à un mécanisme tel : il réemprunte pour rembourser, ca ne lui coûte rien de plus. Vous inventez donc la dette perpétuelle, avec l’Etat qui doit toujours 2000 à 2200 milliards. Une dette qui ne génère plus d’intérêts certes, mais une dette que l’Etat n’a aucun intérêt à rembourser (ca ne lui coute rien, et la rembourser ne lui rapportera rien, pourquoi se fatiguer à la rembourser dans ces conditions ?).
Si vous ne voyez ni ne comprenez ce mécanisme, que nos ainés ont mis 1 siècle à comprendre et à mettre en place, retournez en cours d’économie, première année.
Au bout des 20 ans, vous avez réglé le problème des intérêts (50 milliards), la dette est passé de 1200 à 2000, votre budget hors investissement de 60 milliards est de 50 milliards (les intérêts que vous avez récupérés). Chaque année vous avez 60 milliards à amortir, et 60 milliards d’emprunt pour vos investissement (toujours en monnaie constante). Bien, donc en fait, vous n’emprunter que 10 pour les investissements, le reste étant pris sur votre excédent budgétaire. Votre emprunt annuel est donc de 60 (amortissement) + 10 (nouvelle dette). La dette se creuse moins vite, de 10 milliards par an contre 60 actuelement, , mais elle continue à se creuser...
Comment la rembourser alors ? En faisant en sorte que le bilan de l’Etat soit plus positif encore donc en réduisant les dépenses et en améliorant les recettes, bref ce qu’on demande actuellement. Vous arrivez à la même solution que nous, mais vous avez choisi de reporter cela de 25 ou 30 ans. Sympa pour vos enfants, mais vous vous ne serez peut être plus impacté d’ici là.
Vous avez donc un problème bien réel de réduction des dépenses et/ou d’accroissement des revenus de l’Etat. Or à partir du moment où vous devez trouver ces 60/70 milliards, pourquoi le faire dans 25 ans lorsque la dette ne génèrera plus d’intérêts, et pas maintenant ?
Je persiste à croire que les francais ne sont pas plus bête que les Canadiens, et qu’ils peuvent intelligement remettre à plat leur balance recette/dépense en choisissant ce qu’il convient de conserver comme dépense et en allégeant le reste
Enfin, sur la monnaie, vous n’avez pas compris le mécanisme. Les 12% de création monétaire "des banques privées" sont en fait la création de masse M3 (comme vous l’avez souligné précédemment), laquelle inclue la masse créée par les banques centrales, par les banques privées en propre, par la titrisation, par les entreprises (obligations), etc...
Ce ne sont pas les banques uniquement, ce sont tous les organismes qui créent des valeurs échangeables acceptables en titre de monnaie donc banques centralesen tête, banques privées, entreprises, Etats. On trouve dedans les obligations d’Etat (60 milliards sur les 216 que vous dénoncez), sur que les épargnants seront content de se voir privés de ce moyen d’épargne.
Par ailleurs vous semblez croire le raisonnement d’Allais, lequel repose sur l’idée que la banque prête, recoit le prêt en dépôt et donc reprête. Ce qui signifierait que les banques peuvent prêter indéfiniment. Même un élève de 6ème est capable de voir l’erreur de raisonnement. Non, les banques ne peuvent pas prêter indéfiniment, c’est même ce que vous constatez en ce moment : les garanties des prêts ne sont plus suffisantes, le volume des prêts diminue.
"Un petit raisonnement pour réfuter très simplement votre théorie sur la création de valeur et sur les intérêts ... S’il suffisait de demander des intérêts lors d’un emprunt pour que soit assuré derrière une création de richesse ... Pourquoi avoir mis en place tout un système de Banque centrale avec des taux directeurs afin de contrôler la quantité de monnaie créée par les banques pour lutter contre l’inflation"
Justement par la monnaie créée par les banques vient en grande partie de l’argent qu’elles empruntent aux banques centrales. Comme elles doivent rembourser plus, elles doivent créer de la richesse. Deuxième étage, elles prêtent, l’emprunteur doit créer de la richesse pour être en mesure de rembourser. De fait le mécanisme a une limite : lorsque la banque pense que l’emprunteur ne pourra pas rembourser avec les intérêts, elle cesse de prêter (c’est le cas actuellement).
A contrario, si l’emprunteur n’a rien qui l’oblige à créer de la richesse sur l’argent qu’il emprunte, encore une fois, pourquoi se fatiguerait il ?
"En effet, si c’était suffisant, s’il suffisait de demander le paiement d’intérêts pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’inflation, alors vu que toutes les banques demandent des intérêts, il n’y aurait pas besoin de limiter la quantité de monnaie qu’elles vont créer"
Bien sûr que si. Parce que les intérêts garantissent que l’emprunteur devra créer de la richesse pour rembourser la dette majorée. Mais cette création ne peut pas être infinie. Il arrive un moment où la création de richesse devient impossible, donc le remboursement impossible. La banque, c’est son travail, doit alors refuser le prêt puisqu’il ne pourra pas engendrer de richesse suffisante.
Prenons un exemple ultra simple : si vous touchez 2000 euros par mois sans rien faire, est-ce que vous allez vous forcer à aller travailler ? La plupart diront "Non". Est-ce que votre patron vous accorde une augmentation substancielle si vous ne travaillez pas ? Non. Est-ce que la banque va vous prêter 10000 euros à un chomeur pour faire la fête ? non. Donc il y a une limite naturelle à la création de monnaie par le mécanisme du prêt : le moment où le remboursement du prêt devient trop aléatoire.
C’est toute la subtilité du mécanisme. Demander des intérêts, c’est rendre obligatoire à terme la création de richesse. Mais cette création ne pouvant être illimité, l’enveloppe des prêts ne peut pas augmenter nindéfiniment, c’est ce que Allais a oublié dans son raisonnement (il y a un moment où le crédit déposé sur un compte ne peut plus servir à prêter). C’est le danger des raisonnements ne tenant pas compte des contraintes externes (intérêts composés, prêts gratuit sans contrepartie, etc...).
C’est exactement ce que vous dites sur l’investissement. Si vous investissez dans un outil de production, vous créez de la richesse pour reprendre votre terme. Si vous investissez dans un ordi pour travailler mieux, plus vite, vous créez de la richesse puisque vous allez pouvoir produire plus de richesse dans le même temps. Si vous investissez dans 2 ordis, vous ne créez pas plus de richesse que si vous en aviez acheté 1 (sauf si vous êtes capable d’être productif à 100% sur deux ordinateurs en même temps). Donc vous ne créez pas suffisement de richesse pour compenser votre emprunt.
Le système n’est pas parfait, mais le votre ne l’est pas plus. Dans un monde idéal, où l’Etat ne serait pas déjà dans la merde et dans lequel l’Etat ne pourrait absolument pas emprunter sauf pour investir de manière réellement productive (on en est à 3 si imbriqués), alors la présentation serait séduisante.
Mais nous ne sommes pas dans un tel monde, et négligé, comme vous le faites, des paramètres "parce qu’ils ne font pas partie du budget" est une bêtise avec de graves conséquences.
Placez vous dans la situation, votre revenu est inférieur de 20% à vos dépenses hors amortissement, l’amortissement de votre dette annuellement représente 25% de vos revenus. Allez voir votre banquier, dites lui que vous voulez emprunter pour amortir le prêt précédent, et emprunter à côté pour investir, et voyez si vous, vous seul, arrivez à maintenir votre système.
Voyez si comme vous le dites, ce nouvel emprunt pour amortir est sans conséquence, et revenez nous faire part de votre expérience.
19/07 17:57 - Nico
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02/07 12:27 - xa
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02/07 05:12 - logan
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