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Commentaire de Martin sur AgoraVox

sur Les révoltes de la faim, conséquences naturelles de la mondialisation


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Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 2 juillet 2008 19:33

Un commentateur demande : « et c’est quoi local ? ça commence où, ça s’arrête où ? ». Bien-entendu cette question est justifiée : il faut donner les éclaircissements sur ce point car certains lecteurs risquent de rester dubitatifs. Il convient de préciser ce qui est habituellement sous-entendu, c’est à dire que la production des biens agro-alimentaires doit être implantée le plus près possible du consommateur.

La règle de bon sens, la règle que préconisent les écologistes, est que l’autarcie n’a pas à être totale, cependant il faut essayer d’être le plus autarcique possible et surtout en ce qui concerne les besoins vitaux primaires (nourriture, eau etc.) d’une population, en respectant donc le principe que la production agro-alimentaires doit être implantée le plus près possible des consommateurs, mais aussi il faut essayer d’être le plus autarcique possible en ce qui concerne la production industrielle (comme le souligne l’article) car le bon sens nous dit que les productions diverses doivent être réparties sur l’ensemble de la planète (pour toute une série de raisons, dont une est la réduction des gaspillages liés aux transports). 

Donc effectivement, à partir de cette observation sur « le besoin de produire le plus possible en local », on constate que cet article rassemble des informations très intéressantes mais le problème de l’explosion démographique, qui influence l’apparition des famines, y est explicitement évacuée en étant rangée parmi les mauvais arguments, les arguments qui sont prétendument avancés uniquement pas des partisans du mondialisme.

L’explosion démographique est un facteur très important des famines actuelles et à venir. Voyons pourquoi.

Il est vrai que la répartition des productions spécialisées sur certaines régions de la planète, comme l’impose l’idéologie mondialiste, veut que la production agro-alimentaire soit concentrée dans certaines régions de la planète alors que les populations consommatrices sont dans d’autres régions de la planète. En effet c’est une aberration par exemple que le Brésil devienne le producteur de l’agro-alimentation destinée à l’Europe pendant que les champs agricoles sont en Europe mis en friche. Et c’est effectivement un exemple concret de ce que veulent mettre en place les mondialistes.
 

Retenons qu’il est effectivement anti-écologique de produire sur un continent la nourriture pour nourrir la population sur un autre continent. La règle de base est que les lieux de production agro-alimentaire doivent être le plus possible proches des lieux de consommation. Cet aspect du problème est correctement exposé dans l’article.

Mais de cette première règle découlent deux autres règles :

  • Le nombre d’habitants d’une région de notre planète ne devrait pas dépasser la capacité de ces habitants de produire leur nourriture.
  • La croissance du nombre d’habitants d’une région de notre planète ne devrait pas dépasser le seuil à partir duquel l’accroissement lié de la production agro-alimentaire induit des niveaux de pollution et de dégradation de l’environnement qui sont nuisibles à la sauvegarde de la biodiversité de la planète.

Ces deux dernières règles pointent sur le problème de la croissance démographique non maitrisée. Ce n’est pas être favorable au mondialisme que d’admettre le fait que l’explosion démographique est en rapport direct avec la quantité de nourriture disponible par habitant.

Cependant la question de l’explosion démographique est dans cet article réduite à tort au rang de facteur qui dans l’apparition des famines actuelles ou futures est négligeable, ou est mal vu, tabou, presque interdit d’évocation sous des prétextes divers. L’explosion démographique est pourtant un des facteurs importants, et peut-être le plus important, de la réduction de la quantité de nourriture disponible par habitant.

Cet aspect est surtout prioritaire lorsqu’on veut bien prendre en compte les critères écologiques de l’analyse du problème.

Nous sommes 6 milliards d’humains sur la planète. Doit-on attendre d’être 44 milliards dont 25 milliards d’Africains pour devenir enfin conscients où est le cœur du problème ?

Le nombre d’habitants d’une région de notre planète ne devrait pas dépasser la capacité de ces habitants à prendre en charge leurs besoins vitaux de façon autonome de tout point de vue et pas uniquement sur la question de la production de nourriture. Par exemple les ressources naturelles en eau douce ne sont pas également réparties sur toutes les régions de la planète. La croissance de la population d’une région de la planète doit également être limitée en fonction des ressources naturelles en eau douce qui sont disponibles dans cette région.

L’une des omissions importantes de cet article est la suivante : si la production agro-alimentaire doit suivre la croissance démographique non maîtrisée de la population mondiale alors nous allons vers des catastrophes humanitaires gigantesques.

C’est une question de déséquilibre entre d’un coté le potentiel de production agricole en respectant les équilibres écologiques (problème d’utilisation de pesticides, d’utilisation d’eau, de réduction de la biodiversité par la réduction des zones « sauvages » etc.) et de l’autre coté la masse croissante des populations.


C’est un fait certain : il va être de plus en plus difficile de nourrir la population mondiale si des actions prioritaires ne sont pas entreprises pour faire baisser fortement la natalité dans certaines régions du globe.

Les gains de productivité dans les techniques agricoles se traduisent partout dans le monde par l’accroissement des pollutions de types divers et par l’accroissement des déséquilibres écologiques du fait de l’accroissement des zones agraires, de la réduction des forêts, de l’exposition accrue à l’érosion des grandes surfaces cultivés industriellement.

Autrement dit la solution n’est certainement pas dans le productivisme agricole en expansion perpétuelle. La solution est dans des mesures volontaristes de contrôle de la natalité dans les pays où les populations prolifiques n’arrivent pas à subvenir à leurs propres besoins alimentaires. Ces pays sont ceux où les structures économiques ne peuvent pas suivre l’explosion démographique et où les adolescents ont pour objectif principal de venir gagner en Europe de quoi nourrir leur famille nombreuse.

Par exemple, le Niger a très peu de surface cultivable et très peu d’eau disponible pour l’agriculture, pourtant le Niger est le pays avec le taux de natalité le plus élevé au monde : plus de 7 enfants par femme. À ce taux-là la population double environ tous les 20 ou 25 ans. À l’évidence la priorité est dans la baisse de la natalité et pas dans la hausse de la productivité agricole.

Si on n’intervient pas avec des mesures volontaristes pour imposer la baisse de la natalité dans les pays qui n’arrivent pas de façon autonome à assurer la survie de leur population, alors le scénario démographique « moyen » qui prévoit 9 milliards d’habitants sur la planète en 2100 sera largement dépassé et pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliards d’habitants. La Division de la population de l’ONU a en effet publié ses prévisions les plus récentes concernant la progression de la population mondiale. La Division de la population envisage plusieurs scénarios dont un scénario « moyen » avec 9 milliards d’habitants en 2100.

« Selon ce scénario moyen, le niveau de la fécondité mondiale se stabilisera autour de deux enfants par femme. Toutefois, la Division de la population rappelle que même de faibles variations dans le taux de fécondité peuvent avoir d’énormes conséquences sur le long terme. Même une faible variation de 0,25 enfant par femme par rapport à ce scénario moyen de 2,1 enfants par femme aboutirait à une prévision de la population mondiale pour 2033 de 2,3 milliards d’habitants (hypothèse basée, pour un taux de fécondité de 1,85 enfant par femme) à 36,4 milliards (hypothèse haute, pour un taux de fécondité de 2,35 enfants par femme). »

Vous trouverez le texte du paragraphe précédent dans le Communiqué de presse de l’ONU, en langue française, dont le sous-titre précise que la population mondiale pourrait éventuellement « atteindre 44 milliards vers 2100 » car ce n’est pas exclu :


En fait tout dépend du taux de natalité moyen des femmes. Le taux de natalité moyen global en Europe (l’ensemble du continent y compris la Fédération de Russie) est actuellement descendu à environ 1,3 enfant par femme. Le taux de natalité qui permet de maintenir une population au même niveau, donc le taux de renouvellement stable, est de 2,1 enfants par femme. Dans certaines régions de la planète ce taux restera longtemps très supérieur à 2,1 enfants par femme. C’est une question d’évolution des mentalités. Ainsi les démographes se basent sur les données économiques et sociologiques (donc sur le contexte de civilisation et le contexte culturel) pour estimer l’évolution des tendances démographiques. D’après ces études, les démographes prévoient généralement que l’évolution des mentalités en Afrique sera très lente, que la notion de transition démographique n’est pas encore applicable en Afrique, et que le pic des populations en Afrique ne sera toujours pas atteint en 2100, date à laquelle les Africains seront selon les estimations moyennes entre 2,2 milliards et 3 milliards (ou entre 15 et 25 milliards dans les cas extrêmes, peu probables mais pas impossibles). Il ne faut pas oublier que les Africains étaient 130 millions en 1900, qu’ils étaient 780 millions en 2000 et qu’ils sont déjà 950 millions en 2008. Le taux de natalité moyen sur l’ensemble du continent africain est actuellement d’environ 5 enfants par femme.

Le graphe suivant centralise les données démographiques mondiales fournies par divers organismes officiels spécialisés dans les études démographiques, dont notamment la « Population Division » des Nations Unies et l’INED à Paris :

Taux de fécondité dans le monde.


Ce graphe est extrait de l’article « Démographie et immigration : suicide collectif des Européens » qui a été publié sur AgoraVox :


Pour nous recentrer sur le sujet principal de l’article, les famines et la capacité de fournir les ressources agro-alimentaires, la solution écologique et de bon sens est la suivante : le nombre d’habitants d’une région de notre planète ne devrait pas dépasser la capacité de ces habitants à se prendre en charge de façon autonome, y compris sur la question de la production de nourriture. Les Africains sont actuellement près d’un milliard. Comment sera produite leur nourriture lorsqu’ils seront 25 milliards (si on n’arrête pas leur explosion démographique) ?

Les autres continents devront-ils leur fournir la nourriture ? Il est anti-écologique de produire sur un continent la nourriture pour nourrir la population sur un autre continent. Les lieux de production agro-alimentaire doivent être proches des lieux de consommation.

Encore une remarque : les écologistes estiment que les ressources renouvelables de la planète, en respectant les équilibres écologiques, permettraient d’offrir une vie confortable, du niveau que connaissent aujourd’hui les pays « occidentaux », à 2 milliards d’habitants.

N’est-ce pas également un critère à prendre en compte ? N’est-on pas déjà largement en surpopulation ?

Quel avenir vise-t-on : une planète avec 2 milliards d’habitants avec une vie confortable de tout point de vue, ou bien une planète Terre avec 10 ou 20 ou 40 milliards d’habitants qui seront 5 fois ou 10 fois ou 20 fois de tout point de vue moins bien lotis que ce que connaissent aujourd’hui les pays « occidentaux » ?

Quoi que l’on fasse, un fait est incontournable : toute augmentation de la production agricole se traduit par l’augmentation de la pollution liée à l’industrialisation de l’agriculture. Une planète Terre avec 10 ou 20 ou 40 milliards d’habitants sera aussi 2 fois ou 4 fois ou 8 fois plus polluée que maintenant et avec le réchauffement généralisé qui s’en suivra et avec des difficultés pour produire et répartir la nourriture. Est-ce cela que l’on veut ?

Il n’y a qu’une solution : la réduction des naissances dans les régions où les populations ne sont déjà pas capables d’assurer leurs propres moyens de survie. Les aides au développement devraient exclusivement viser cet objectif ce qui d’ailleurs contribuerait rapidement à réduire la pauvreté endémique de ces régions.
 

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