Fouad :
Tu mets les points sur les i ! Excellente analyse.
Ce qui est terrible avec l’invasion de l’Irak c’est qu’elle nous interpelle non seulement sur le problème que tu évoques - l’incapacité des Arabes à se débarrasser de leurs régimes corrompus (mais... à leur décharge, compte tenu des moyens dont dispose le moindre tyranneau de basse-cour, blindés, police secrète, aviation, armes sophistiquées, AUCUN peuple ne peut à lui seul renverser un régime de ce type... à moins de basculer dans un système plus répressif encore), mais sur la valeur relative des dictateurs.Avec recul on pourrait dire que pour des centaines de milliers d’Irakiens, mieux valait composer avec Saddam que de finir torturés, égorgés, en bouillie, affamés, et ainsi de suite.
Ou bien, se contenter de renverser le grand chef pour lui substituer un général plus présentable.
Il est certain que flanquer une baffe à un dictateur, puis mettre sous embargo son peuple pendant dix ans a déjà été d’une stupidité criminelle.
Mais l’article peut nous amener à réfléchir à l’attitude de l’homme moderne envers la guerre et le temps.
Il est indéniable que, contrairement à nos aïeux, nous avons évacué la guerre de la panoplie des relations entre Etats. Ne serait-ce que les dégâts dits ’collatéraux’ de la moindre arme moderne dévie complètement la guerre de sa raison première - mettre hors-combat un adversaire armé.
Et notre rapport au temps - vivant comme nous le faisons dans l’immédiat - fait que nous ne voulons plus supporter la mort et la destruction à grande échelle, pendant des années, dans l’idée hypothétique que cela irait mieux après.
Rice est assez logique avec elle-même. N’a-t-elle pas comparé la guerre en Irak avec la guerre de Sécession ? 617 000 morts sur un pays qui comptait alors 30 millions d’habitants, des destructions énormes, le tout pour parvenir à une suppression bâclée de l’esclavage.