à Dragoncat qui écrit
"Mais je pose la question : est-il possible en France de réformer sans dresser contre soi les corporatismes de tout poil ? Est-il possible de modifier les acquis sociaux (pas de les supprimer) pour se retrouver capable de compétition avec les autres pays d’Europe sans faire le jeu des syndicats qui cherchent désespérement à lutter contre leur déclin et leur manque de représentativité ? "
1) la compétition est avec les autres pays d’Europe mais aussi avec les pays émergents (Chine etc.).
Pour la compétition avec les pays européens la vraie question n’est pas de réduire (les réformes actuelles se limitent à cela) les acquis sociaux, mais d’avoir une capacité d’innovation qui nous rende compétitifs. Les dérégulations du marché du travail ne servent à rien pour concurrencer la RFA : ils ont un système plus rigide que le nôtre (sauf le SMIG) et largement aussi coûteux, cela ne les empêche pas d’être le premier pays exportateur au monde parce qu’ils produisent des produits qui sont parmi les meilleurs !
Le jour où nos politiques auront compris ça... (et aussi certains industriels, hélas)
2) en ce qui concerne les pays émergents, Europe de l’Est et surtout Chine et Inde, ils sont la vraie source des pressions actuelles sur les salaires et sur les dépenses sociales, et aussi le choc qui fait disparaître nos industries manufacturières (et aussi celle des USA).
En ce qui concerne l’Europe de l’Est on peut imaginer, modulo une grave crise économique mondiale 2008-2010, qu’ils suivent le même chemin que l’Espagne ou l’Irlande, ce serait transitoire.
Pour la Chine ou l’Inde, 2,3 ou 2,4 milliards de personnes, c’est une toute autre affaire. Ce qui est clair en revanche c’est qu’il ne sert absolument à rien de rogner sur les salaires et sur le système social pour faire face à leur concurrence ! Comment croyez vous qu’on arrivera ainsi à tenir par rapport à des pays où des centaines de millions de gens sont prêts à travailler pour 150 dollars par mois ??? (et sans protection sociale ou à peu près) Ou alors il faut qu’on arrive aux mêmes niveaux ????
Le vrai reproche que l’on peut faire à l’UMP et à Sarkozy c’est la politique à courte vue qui met le paquet sur la réduction des taxes, des charges,... et des salaires (par suite de la dérégulation) au lieu de mettre la priorité et le paquet sur la compétitivité (la vraie : celle des produits).