Selon Libération, ce n’est pas seulement l’arrière grand père qui était juif, mais aussi le père hongrois :
"Cécilia Sarkozy, 46 ans. La femme très médiatique du numéro 2 du gouvernement, omniprésente à ses côtés, épouse les ambitions du présidentiable numéro 1.
La deuxième dame de France
Par Vanessa SCHNEIDER
LIBERATION QUOTIDIEN : jeudi 8 juillet 2004
Sa force à elle se lit dans son regard à lui. La façon dont il lui tient la main, ses « ma chérie », ce besoin qu’il a de trouver ses yeux. Animal, Nicolas Sarkozy, qui aime à répéter qu’il n’a « pas peur du sang », a trouvé la louve pour l’accompagner dans sa chasse.
Elle est longue et féline, silencieuse et déterminée. Jamais loin de lui, un peu décalée sur les photos où elle ne sourit jamais, gardant sa tendresse pour l’intime. Cécilia accompagne son mari dans ses déplacements, s’impose à ses côtés au premier rang des meetings politiques, l’écoute et le conseille.
Elle n’hésite pas à lui signifier ses désaccords sur les sujets de fond (comme la prostitution, où elle le trouve trop répressif), mais ils préfèrent compter ensemble les blessures de leurs adversaires. La bataille de la droite et la conquête des Français sont des combats qu’ils mènent à deux. Elle gère son agenda, le débarrasse des importuns, surveille son alimentation, le remplace parfois quand il est débordé, dans un douteux mélange des genres. Elle n’est pas aimée. Trop grande, trop belle, trop influente, trop froide. Cassante. « Timide », se défend-elle.
Tout a commencé par un mariage. Ce jour-là, Cécilia Maria Sara Isabel Ciganer, jeune fille des beaux quartiers aux yeux de chat, épouse Jacques Martin, animateur vedette, de vingt ans son aîné. Elle l’a rencontré quelques mois plus tôt et est enceinte. En face du couple, celui qui les unit, le jeune maire de Neuilly-sur-Seine, Nicolas Sarkozy, est subjugué. « Mais pourquoi je marie cette fille à un autre ? Je l’aime, elle est pour moi », pense-t-il alors. Il rappelle la jeune épousée. Elle est inquiète, le prend « un peu pour un malade ».
Les Martin et les Sarkozy deviennent amis, se retrouvent à dîner chez des connaissances. Leurs enfants, deux filles pour elle, deux garçons pour lui, ont le même âge. Officiellement, l’histoire de Nicolas et Cécilia démarre il y a dix-sept ans, lorsqu’elle quitte bruyamment son mari célèbre pour un autre amené à le devenir, avec ses deux gamines sous le bras. La cadette a 6 mois. Ils s’installent immédiatement ensemble. « On a vécu deux années d’enfer, se souvient-elle, on en a pris plein la figure. Nous étions le sujet de conversation numéro 1 des dîners en ville. » Les bourgeoises de Neuilly trompent leur ennui en déblatérant sur « la pute du maire ». Un matin, Nicolas Sarkozy arrive dans son bureau avec un oeil au beurre noir.
La rumeur attribue le cocard à un coup de sang de l’époux abandonné. « Faux, jure Cécilia, il avait simplement fait une chute de cheval. Jacques aurait été incapable de faire une chose pareille, il a trop de respect pour les fonctions de Nicolas. » Epoux multiple et père prolifique, l’animateur s’efface devant le politique et accorde le divorce à sa belle en quatre mois. Madame Sarkozy, une Corse qui ne se mêle pas de politique, est moins conciliante. Lorsque Nicolas décroche le Budget sous Balladur en 1993, il n’a toujours pas pu épouser Cécilia. « Elle en a beaucoup souffert, commente un de leurs amis. Les huissiers demandaient exprès : "Qui est la dame à côté du ministre ?" » « J’ai senti les regards hostiles, dit-elle, mais on a tenu malgré tout parce qu’on savait que ce qu’on vivait était vrai. » Leur vie est une immense bagarre, leurs ennemis sont partout : jaloux, médiocres, chiraquiens.
Plus il devient populaire, plus elle devient visible. Elle attire l’attention des médias et se prête au jeu des interviews. A Beauvau, elle irrite par son omniprésence et son commandement rugueux. A Bercy, elle horripile et est épinglée par le Canard enchaîné pour ses exigences et ses dépenses démesurées. « Mensonges », s’offusque-t-elle, feignant l’étonnement d’être prise pour cible à son tour. « J’essaie de me protéger mais ça me démolit, assure-t-elle. Je n’ai pas de carapace pour ça. » Pas sûr. Ce n’est évidemment pas par hasard que Cécilia Sarkozy s’est retrouvée au coeur du pouvoir. Cette femme-là a le flair pour dénicher des hommes avec lesquels elle ira loin. Elle préfère dire qu’elle est « attirée par des gens atypiques, pas classiques, charismatiques ».
Après treize ans passés chez les soeurs de Lübeck, une institution religieuse huppée, et un séjour à l’université de droit d’Assas à Paris, la jeune Cécilia ne sait pas bien quoi faire de sa vie. A ses heures perdues, elle utilise son mètre 78 pour servir de mannequin cabine aux ateliers de la maison de couture Schiaparelli. Elle reconnaît avoir été « fascinée » par son premier mari, « cet homme plus âgé qui s’intéressait à une minette comme moi, ce puits de science qui m’a appris plein de choses ». Avec Nicolas, c’est le « coup de foudre » : « Il est si brillant. » Flash-back sur le mythe familial. Cécilia Sarkozy, fière de n’avoir « aucune goutte de sang français dans les veines », n’a rien d’une parvenue. Son père est issu d’une famille de propriétaires terriens près d’Odessa, Russes blancs « massacrés par les rouges ». Il quitte son pays vers 12-13 ans pour deux décennies de trou noir.
Aventurier, il court de continent en continent, brise des coeurs et fait des affaires, sans avoir de métier. Un profil qui rappelle celui du père Sarkozy, un juif hongrois coureur de jupons. Muni d’un passeport d’apatride, André Ciganer fait un bout de route avec Joseph Kessel, puis s’arrête net sur la Côte basque. Il vient d’y croiser une beauté espagnole, Teresita, fille d’ambassadeur et petite-fille du compositeur Isaac Albeniz. Il a 39 ans, elle en a 18, elle a les traits d’Ava Gardner et se fait appeler Diane. Quasi orpheline, elle se laisse épouser quinze jours plus tard. « Ce sont deux paumés qui se sont rencontrés et follement aimés », raconte la seule fille des quatre enfants du couple. Les Ciganer s’installent à Paris, le père devient fourreur. « Nous avons eu une enfance très calme et gâtée, élevés dans la religion catholique. Et nous n’avons jamais déménagé », poursuit-elle.
A la maison, la petite fille assiste à des dîners où l’on parle toutes les langues, où se côtoient des curés et des peintres. Un de ses frères est devenu citoyen américain, un autre a pris la nationalité péruvienne. Cécilia, elle, cavale derrière son époux de ministre et après une « vie différente ». La femme du numéro 2 du gouvernement se décrit comme une mère poule qui téléphone trois fois par jour à sa fille aînée, étudiante en Angleterre. Elle a donné au fils qu’elle a eu avec Nicolas le prénom des rois de France, Louis. Elle jure ne pas vouloir sacrifier ses enfants à la politique et admet en même temps donner à son dernier une vie « bizarre », ballotté de ministère en ministère, voyant son père le plus souvent entouré de gardes du corps, obligé de partir à 7 h 30 du matin pour traverser tout Paris et arriver à temps à l’école à Neuilly.
Quand sa seconde fille se plaint des contraintes que lui impose la vie publique du couple présidentiable, elle lui répond : « Quand on a la chance d’avoir un beau-père comme le tien, on ne crache pas dans la soupe. » A ses deux aînées, elle inculque « le goût du travail et de l’effort » : « Elles seront des carriéristes, elles ne dépendront pas d’un homme. » Pas comme elle qui s’échine sans rémunération pour son champion. Depuis quelque temps, elle pense à rouler pour elle. Elle a refusé de figurer sur la liste UMP en Ile-de-France pour les élections régionales de mars mais ne dit pas non à la mairie de Neuilly en 2007. « J’ai envie de ne plus avoir besoin de me justifier, de m’installer, d’avoir une étiquette. » De reconnaissance.
A supposer qu’il s’agisse d’une rumeur, il ne semble pas que Vanessa Schneider ait eu à subir le même sort que Siné.