Le titre de cet article est de toute évidence quelque peu provocateur.
Mais j’apprécie beaucoup le raisonnement qui amène à contester un certain consensus politique qui se dégageait autour de cette décision du Conseil d’Etat, faisant suite à une opposition du Ministère de l’emploi à l’acquisition de la nationalité française par une femme marocaine, mariée depuis plus de deux ans à un Français.
L’un des éléments fondamentaux du pacte républicain tel qu’il existe en France depuis plus d’un siècle, c’est la loi de séparation des églises et de l’Etat.
Il s’en est suivi un régime de tolérance ou de "neutralité bienveillante" des autorités républicaines à l’égard des cultes comme des autorités religieuses à l’égard de la chose publique qui m’apparaissent comme une clef de voute de la liberté personnelle.
Cette tolérance peut être mise en danger de bien des façons. Par une tendance du religieux à s’immiscer dans la vie publique comme par une tentation du politique à régir la religion qui ne devrait relever que de la sphère privée.
Si la manifestation extérieure, ostentatoire, de ses croyances peut être perçue comme allant au-delà de la liberté individuelle, une agression ou une manifestation de prosélytisme à l’égard des autres, je trouve les tentations d’immixion des autorités publiques dans le champ des consciences au moins aussi dangereuses.
Or, juger de l’adhésion individuelle de cette femme au principe de l’égalité des sexes, et en juger notamment au vu de son apparence vestimentaire, pour moi, ça va au-delà de ce que les autorités politiques (confirmées en l’occurrence par les autorités judiciaires) devraient être habilités à faire.
D’autant plus que la seule victime de cette vision absurde du rôle de la femme était l’épouse en question, et qu’on voit mal en quoi elle aurait nui à la paix civile en France.
Comme beaucoup ici, je supporte de plus en plus mal de voir des femmes obligées de se dissimuler pour éviter d’attiser la convoitise de leurs alter égaux (comme le disait une femme iranienne pleine de bon sens dans un reportage que j’avais eu l’occasion de regarder il y a quelques années, de toute façon, c’est un problème d’homme, ça, pas de femme !), mais je considère que tant qu’il n’y a pas de préjudice porté au reste de la communauté citoyenne, l’Etat doit être très attentif à ne pas s’immiscer dans ce qui ne concerne que les consciences individuelles.