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Commentaire de Gérard Ayache

sur Tectoniques impériales, vestiges impériaux, vertiges impérialistes


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Gérard Ayache Gérard Ayache 6 octobre 2006 11:26

Bonjour Bernard Dugué.

Merci pour cet excellent article. Les nouveaux empires contemporains « basés sur les Etats, l’économie et le pouvoir médiatique » ne sont-ils pas les germes de ce que j’appelle l’Hypermonde ?

Cette expression a été employée dès 1990 par Pierre Berger pour désigner l’espace immatériel créé par la convergence des technologies de l’information. En 1998, Jacques Attali apporte la dimension géopolitique au terme en intégrant dans sa définition l’nfluence des lois du marché.

Dans « La Grande confusion » je développe l’idée que l’hypermonde n’est pas seulement une expression métaphorique, mais un concept. L’hypermonde est consubstantiel du marché mondialisé ET de l’hyper-information. Le marché et l’information ont un lien organique avec l’hypermonde. Ils en sont l’effet et la cause. Ils le produisent en créant, multipliant et organisant ses interconnexions ; ils le structurent en lui conférant du sens et de l’imaginaire ; ils en sont ainsi les facteurs. Mais ils en sont aussi les produits, ordonnés, amplifiés et véhiculés dans tous ses rouages. Le concept de « mondialisation » qui est utilisé désormais communément sur l’ensemble de la planète, apparaît insuffisant pour comprendre le monde actuel. Il limite l’analyse à la seule prédominance de l’économique ; il connote des concepts dépassés tels que l’impérialisme pour rendre compte de la réalité ; il ne traduit pas suffisamment le poids de l’hyper-information dans la reconfiguration de la société et des individus ; il ne permet pas d’envisager son processus comme un phénomène anthropologique, obéissant aux lois de l’espèce humaine.

Je pense que l’hypermonde, né du marché et de l’information n’en est pas une forme transcendantale, extérieure à eux, mais un ordre immanent, à l’intérieur d’eux. L’hypermonde est une hyperpuissance immanente. Il ne correspond à aucun régime d’historicité ; c’est un concept qui suspend le temps et le cours de l’histoire. Il fixe, dans un présent dilaté, l’ordre du monde, pour un instant éternel. Délivré du passé, l’hypermonde n’intègre pas l’avenir dans son présent. Dans son univers temporel, les choses sont créées et pensées de toute éternité. L’hypermonde n’a pas d’histoire ce qui ne signifie pas qu’il se situe à la fin de l’histoire.

L’hypermonde n’a pas de territoire ; son espace est la planète tout entière. Il n’a ni frontières, ni centre, ni extérieur, ni territoire. Son espace est en perpétuel mouvement, traversé du flux des réseaux en reconstruction et déconstruction permanentes. L’hypermonde absorbe dans le même concept les États, les nouvelles formes supra-nationales, les sociétés, les cultures et les individus. Il crée le monde réel et modifie non seulement les interactions humaines mais la nature humaine elle-même.

Je ne pense pas que l’hypermonde soit dirigé ; il n’est pas le produit d’une puissance cachée, omnipotente et transcendante. En revanche il architecture de facçon autopoieitque un ordre du monde dont rien n’interdit qu’il puisse évoluer, muter pour créer de nouvelles formes réagencées en fonction de nouveaux rapports d’équilibre de ses forces internes. C’est là qu’une « révolution humaine » a toute sa place.


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