La question de la technique dépasse en l’englobant celle de l’économie et donc du capital. Le ressort exact, c’est l’homme, avec autour le système technique et à la périphérie l’économie. Le capital n’est rien sans un dispositif technique et un environnement structuré et garanti par l’Etat. Si les excès récents des fonds ont été réalisés, c’est grâce à l’encadrement et la bienveillance des Etats.
Et bien la dessus, Marx avait quand même tout compris, même si je ne partage pas du tout le lutte des classe et autres communisteries.
Mais pour le fait d’avoir vu que c’était l’organisation technique qui dictait l’organisation économique et sociale on peut dire qu’il avait vu très juste. Il l’a fait au début de la révolution industrielle. Comme le fesait remarquer Neil Postman, ce sont souvent les inventeurs qui sont les plus grands révolutionnaires, même si la plupart du temps, ils n’en ont pas conscience. Et surtout, l’inventeur ne s’attend généralement pas aux répercussions de son invention ! Gutemberg croyait ainsi que son imprimerie allait propager le christianisme. Elle a en réalité permis non seulement la réforme mais la propagation de traités scientifiques qui ont finit par mettre à mal l’église. Le message la dedans, repris par des philosophes non marxistes comme Marshall McLuhan et Neil Postman c’est que toute invention technique porte en elle un message. Ce message est codé par le changement qu’induit son utilisation sur ses utilisateurs directs et indirects. Et que l’on soit d’accord ou non avec ce message, il est très difficile de lutter contre parce que justement il est souvent invisible. La conséquence c’est que l’organisation politique est souvent dictée par la technologie que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. (A ce sujet lire Neil Postman, The Technopoly excellent ouvrage sur ce sujet vu par un technosceptique).
Aujourd’hui c’est l’informatique et internet qui révolutionnent la technique et qui vont donc révolutionner à leur tour l’organisation économique et sociale. Et ce n’est donc pas étonnant que Marx redevienne à la mode. Son analyse redevient en phase avec la société même si ses conclusions restent inadaptées.
Nous passons de l’économie industrielle à l’économie de la connaissance, tout va devoir changer pour laisser place à cette nouvelle donne. La plupart des gens n’ont pas idée de ce qui se trouve dans les labos, prêt à l’emploi. Mais une chose est sure, c’est qu’il est illusoire de croire que la volonté politique peut arréter toute cette technologie et ses conséquences. De bons dirigeants essaieraient de centrer la société autour de cette nouvelle donne petit à petit et d’accompagner le changement. On assiste malheureusement au contraire à une opposition frontale. Mais le barrage commence à se fissurer et lorsqu’il cédera on assistera a des changements de très grande ampleur.
Le XXIème siécle aura surement son nouveau Marx qui impressionné (en bien ou en mal) par ces changements décrira fidélement ce qu’il voit. La question est : quelles seront les utopies du XXIème siécle.