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Commentaire de Christophe

sur Burqa ou francité


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Christophe Christophe 18 juillet 2008 17:18

@Cosmic Dancer,

Vous n’êtes pas si manichéenne que ce que vous laissez croire, il me semble que vous êtes plus subtile que cela.

Tout d’abord, concernant votre lien sur les propos d’un anthropologiste, sachez que même si c’est une science que j’ai pas mal étudié, je reste assez circonspect face aux différents propos. Comme le signale notre auteur du jour : Nous pourrions ainsi prendre pour référence les philosophes allemands et japonais des années 1930, qui s’écrivaient pour prouver d’un côté qu’il vaut mieux être grand, blond, aux yeux bleus, baraqué et en pantalon, et de l’autre petit, aux cheveux et aux yeux noirs, fins et en kimono. Ils ne sont d’ailleurs parvenus qu’à une conclusion, c’est qu’il valait mieux en ce temps-là être Aryen ou Japonais que Juif ou Coréen. En fait, ces conclusions philosophiques trouvaient leurs origines dans les travaux d’ethnologie ; l’anthropologie évolutionniste était à l’œuvre et à son apogée à cette charmante époque.

Comme notre auteur a tout à fait raison de souligner : je critique ouvertement la philosophie des Lumières et la religion chrétienne. Ne pas avoir un regard critique à l’égard, principalement, de la philosophie des Lumières, marque, à mon sens, un aveuglement. Ce dernier est souvent mis en exergue dans les postures universalistes ; bien entendu, les valeurs universelles ne peuvent être que celles que nous défendons ! Concernant ces fameuses valeurs universelles que nous reconnaissons comme telles dans le monde occidental, les avons-nous soumises, en guise de question et non d’affirmation, au reste du monde ? Avons-nous agi, comme le souligne Habermas : Au lieu d’imposer à tous les autres une maxime dont je veux qu’elle soit une loi universelle, je dois soumettre ma maxime à tous les autres afin d’examiner par la discussion sa prétention à l’universalité. Ainsi s’opère un glissement : le centre de gravité ne réside plus dans ce que chacun souhaite faire valoir, sans être contredit, comme étant une loi universelle, mais dans ce que tous peuvent unanimement reconnaître comme une norme universelle. Un universalisme décrété n’a strictement rien d’universel si il n’est pas accepté par l’ensemble auquel il est censé s’appliquer ; sauf à poser comme postulat que toute évolution mène inexorablement vers ce que nous définissons comme universel, et nous retombons dans le piège de l’anthropologie évolutionniste ; il existe des races supérieures dont la caractéristiques présentes ne peuvent être que les futures caractéristiques des sociétés arriérées.

D’autre part, vous dites que vous luttez pour que les femmes soient libres ; soit, j’en fais de même, même si je ne fais pas partie de la gente féminine. Est-ce à dire que vous refusez catégoriquement qu’une femme puisse faire le choix de se vêtir avec un voile intégral ? Il ne me semble pas que la demande d’un homme soit suffisante pour justifier une opposition ; ce qu’il me semble pertinent de juger c’est l’acceptation ou le refus de la femme ; la décision qu’elle consent librement de prendre, en connaissance des conséquences, bien entendu.

Je peux concevoir que nous soyons opposés à ce type de pratique ; l’étant moi-même. Mais ce qui me gêne, justement, dans la décision du conseil d’Etat, est qu’une structure étatique qui se doit de ne pas imposer une quelconque façon d’être et de penser puisse émettre un jugement sur ces points précis. Par contre, si la pratique salafiste est considérée comme une pratique sectaire, que le jugement soit clair et non qu’il fasse l’amalgame entre une secte et la religion dont cette secte est une émanation. Or, il ne me semble pas que le salafisme soit considéré, en France, comme une secte alors qu’il l’est dans nombre de pays musulmans.

En fait, tout réside dans notre approche de ce qu’est la liberté ; qu’elle soit approchée de façon individuelle ou collective. D’un point de vue individuel, pouvons-nous, dans un cadre juridique, limiter la liberté individuelle de certains pour correspondre à la pensée d’autres, même majoritaire ? Si oui, ne sommes-nous pas, à ce stade, dans le conformisme imposé par la loi ? La liberté est-elle une valeur qui s’impose ou une valeur qui s’acquiert ? Pouvons-nous imposer la liberté à ceux qui ne la demandent (veulent ?) pas ?


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