Immense sujet qui mériterait un long développement. Mais faisons simple : Prenons juste un exemple : " Marx ou la parabole automobile ".
Si l’on voulait dire ce que sont les héritiers de Marx (et ses opposants), la droite et la gauche, on pourrait l’illustrer à travers l’histoire de l’automobile. Au début il y eut les vicinales, les départementales et les nationales. A cette réalité physique se surajoutait une organisation humaine, dont beaucoup de commentateurs d’aujourd’hui, diraient qu’elle exprimait une vision étroite du vivre-ensemble : La vision égalitariste de cette époque, c’était… la priorité... à droite. Peu importe qu’il y ait un flot ininterrompu de véhicules circulant à grande vitesse sur les nationales, le pékin qui circule sur la vicinale est prioritaire, dès lors qu’il vient de la droite. Cela avait une certaine légitimité, du point de vu ... " vicinalien ", mais bon… Puis sont venus les autoroutes et leurs bretelles d’accès. Le maître-mot du " capitalisme triomphant " devint alors, " fluidité ", faisant oublier à chacun d’entre-nous (ou presque)… " les archaïsmes égalitaristes". C’est vrai nous avons oublié ce que les mots "partage" et "responsabilité" veulent dire. Mais corollaire, nous ne savons plus qui nous sommes. La régression identitaire de la plupart des grandes démocraties du monde en est l’illustration. Heureusement, les faits sont tétus et de là peut-être, viendra le salut d’un monde à la dérive. Le toujours plus automobile des 50 dernières années a mené le monde au bord du gouffre. Il n’y a plus que Georges Busch et Claude Allègre pour croire encore que la crise écologique en cours se réglera par un toujours plus d’individualisme de capitalisme et de technicité. De grès ou de force, il va nous falloir réapprendre ce que le mot " collectif " veut dire. Oui, demain, nous aurons besoin d’Etats forts, car plus le monde se complexifie, plus nous aurons besoin de contrôle social pour maîtriser notre avenir. Ce contrôle social ressemblera à celui de Georges Orwell, si nous continuons à nous laisser décerveler par les adeptes du chacun pour soi, mais il pourra être autre, si nous nous réapproprions les enjeux du monde. Oui également, Marx a eu raison de mettre en évidence l’importance de la violence sociale. Nous ne voulons plus la voir, mais elle est toujours là. Elle a simplement changé d’espace et de camp. La crise économique des années 80 a imposé une redistribution des cartes entre capital et travail à l’échelle de la planète entière et les puissants du monde (de droite, bien évidemment) ont réinvestit le terrain politique. L’anesthésie des opinions (à l’intérieur) et la violence politique (à l’extérieur) sont leurs outils de reconquête. La guerre est redevenue notre horizon politique commun. Les attentats du 11 septembre nous dit-on... Il y a une autre manière d’écrire l’histoire. Les vrais risques du monde ne viennent pas de la violence des faibles, mais plutôt de l’inconsistance des puissants. Nos sociétés industrialisées et conquérantes déposent sur la surface du globe, un peu plus chaque jour, des bombes de toutes sortes, civiles et militaires. Au prétexte des risques, nous voulont faire la guerre à ceux qui n’en ont pas… parcequ’ils pourraient en vouloir. Joli sophisme, jolie manière de se dédouaner à bon compte, mais terrible régression politique ! Et surtout, que de risques prenons-nous à nous comporter de telle manière ! Le fiasco de l’Irak n’est qu’un début. Marx revient ? Quelle bonne nouvelle ! un peu de cohérence dans ce monde d’abrutits !
Mais revenons à la parabole automobile. La droite… et Monsieur Bernard Degué, tiennent absolument à enfermer la gauche dans une idéologie dont les murs d’enceinte se limitent à l’anticapitalisme et à un égalistarisme étroit. Du calme, Monsieur Degué. Il est temps d’inverser les termes du débat. Le sujet d’aujourd’hui, ce n’est pas l’idéolgie de la gauche, mais celle de la droite. L’individualisme et l’idéologie qui va avec, la violence du fort au faible, ne sont pas les solutions du monde d’aujourd’hui et demain. Elles sont le problême, pour toutes les raisons que nous avons dîtes. La gauche, quand à elle, est en effet en crise. D’abord parcequ’elle se soumet à la violence de la droite (et de ce point de vue, une prise de conscience serait bien utile), d’autre part parcequ’elle ne sait plus ouvrir les portes du monde. L’individualisme finit pas rendre timoré, que l’on soit de droite ou de gauche.
La force de Marx, c’est d’avoir embrassé le monde dans sa réalité et sa globalité. Nous n’avons d’autre issue que de faire de même aujourd’hui. Ceux qui brandissent un crucifix à chaque fois qu’ils entendent le mot " idéologie " nous trompes et (ou) se trompent. Il ne peut exister de monde sans idéaux et idéologies. A fortiori lorsque le monde se complexifie. Aujourd’hui, tout autant et peut-être plus encore qu’hier, la vision de Marx est utile à la compréhension du monde. Aujourd’hui, tout autant et peut-être plus encore qu’hier, la gauche à un rôle à jouer, si tant est qu’elle sache se renouveller. Pour cela elle doit penser la société à l’échelle du monde. Et cela, c’est difficile, car tout concours à atomiser la société. Elle doit aussi penser l’individu au regard de sa responsabilité collective. Et cela c’est nouveau, donc difficile à appréhender.