Bien que ce ne soit pas le thème de mon article (thème qui serait plutôt l’emprise sociale par la culpabilisation), oui, je persiste dans ce que je dis là. Je n’énonce pas que les enfants de la bourgeoisie étaient mieux élevés. Je dis qu’on leur administrait ce que l’on appelait une "bonne éducation", avec des règles strictes, beaucoup de frustrations à surmonter pour obtenir un résultat secondaire et, surtout, le spectre de la faute, tout cela par l’intermédiaire de nurses, de pensionnats, de répétiteurs. Ces principes éducatifs rigides étaient généralisés (cf "C’est pour ton bien" d’Alice Miller) et la violence éducative traversait les couches sociales, mais les adultes de milieux moins aisés n’avaient pas ces instruments à leur portée, l’éducation revenant au groupe, formé d’adultes très pris par leurs activités, activités que partageaient alors leurs enfants.
En tout cas, si la psychanalyse a mis en évidence le complexe d’oedipe et le sentiment de culpabilité, c’était à partir de la bourgeoisie viennoise dont elle est issue, et qui consultait le Dr Freud essentiellement pour des névroses. Depuis, les tableaux cliniques ont évolué et l’on rencontre beaucoup plus de ce que l’on nomme "états-limites", moins centrés sur le sentiment de culpabilité, et davantage sur une fragilité de la construction de la personnalité.
Mais, je le répète, ce n’est pas le sujet de l’article, juste une introduction à ma thèse sur le pouvoir que l’on peut avoir sur un groupe en le culpabilisant.