Je suis d’accord sur la déresponsabilisation des élites et le transfert de poids sur les subalternes, mais n’était-ce pas aussi le but pour mettre fin au taylorisme et à la "machinisation" de l’homme ?
Il n’y aurait-il pas d’un côté des personnes qui finalement n’acceptent pas cette responsabilisation accrue et de l’autre une fabrique des élites en panne ?
J’en veux pour preuve ce bac+5 qui préfère ce travail de saisie informatique des feuilles de maladies, mon sous-lieutenant de polytechnique pendant mon service militaire incapable ni de me regarder dans les yeux et encore moins de me donner un ordre, cette amie bac +5 également qui travaille dans un siège social d’une banque qui passe ses journées devant un ordinateur mais est satisfaite de simplement appliquer les directives qu’on lui donne le matin, un enseignant à la retraite que je connais qui n’a jamais voulu de la direction de l’établissement où il est resté pendant toute sa carrière (trop de papiers et trop de tracas, tu comprends), etc.
Alors que certaines personnes ne soient pas faites pour les postes à responsabilité, c’est normal, c’est humain, mais qu’ils aient suivi un cursus qui les mènent à cela pour des raisons uniquement scolaires montre que notre société est encore largement élitiste et aristocratique.
L’éducation bourgeoise était peut-être stricte mais préparait mieux peut-être au fait d’être cadre, car celui-ci est l’exercice de la solitude du commandement. Les romantiques étaient d’ailleurs souvent de ces bourgeois qui refusaient ces "charges" en héritage pour des vies plus "rêveuses". Aujourd’hui que cette responsabilisation est atomisée en réseau, c’est la structure de la prise de décision et des responsabilités qui est chamboulée. Pour autant la nature humaine ne change pas, celui qui sera plus faible psychologiquement, qui ne saura dire non ni à son patron, ni à son collègue, qui s’isolera, sera comme auparavant plus sujet aux pressions d’un individu, d’un groupe. Cependant la marginalisation a toujours existé, tout comme la culpabilisation, tout comme les suicides, les dépressions, etc. En quoi tout ceci sont des phénomènes nouveaux, si ce n’est que ce système, cette société n’est toujours pas la panacée, et qu’il n’y aura jamais de réponse globale à des problèmes personnels. Ne tombons nous pas dans des panneaux alors que des progrès ont été réalisé ; la pression sociale n’est-elle pas moins forte qu’auparavant, ne nous-sommes nous pas débarrassés de nombreux carcans ? On apprend pas la vie dans les livres et on n’y trouve pas les réponses sur nos aptitudes, les réponses face aux échecs et aux succès, aux insatisfactions, etc. mais nous rendre victime de la société, de la fatalité, nous déresponsabilise d’autant plus, et qu’est ce qui fait grandir si ce n’est de se sentir responsable, soit adulte ?