La situation est plus complexe que ça. D’une part, le titre de psychothérapeute ne demande aucune qualification particulière, n’importe qui a le droit d’écrire ça sur sa plaque.
Dans le souci d’offrir une certaine garantie au public, il apparaît logique d’exiger une certaine qualification à celui qui désire utiliser cette dénomination. Après tout, on exige des coiffeurs qu’ils aient un CAP avant d’ouvrir un salon de coiffure, pourquoi pas les pychothérapeutes ? Il existe d’ailleurs un projet de référentiel européen, instaurant au moins deux ans d’études en psychologie (qui curieusement, exclut les médecins de cette exigence).
D’autre part, puisque cette dénomination est vacante, pourrait-on dire, cela crée (potentiellement) un appel d’air de tous ceux qui prétendent nous rendre la vie meilleure, et effectivement, on peut craindre que des sectes utilisent cette porte d’entrée pour dominer nos vies. Ouais, je veux bien.
Ça laisse surtout le champ libre à tous les nuls qui se croient compétents. Je connais bien le domaine, et je peux vous dire que le nombre de pitres, qui, après un stage ou deux, s’intitulent psychothérapeutes, est affolant.
En France, troisième point, la domination de la psychanalyse (dire freudienne, surtout) pose un problème. Entre la psychanalyse et la psychiatrie lourde, jusqu’à récemment, il n’y avait quasiment rien, chacun fonctionnait en parallèle, avec d’un côté une validation du titre par la Faculté, et de l’autre, une validation par des associations dites reconnues. Quelques courageux fonctionnaient avec les deux compétences, ce qui permettait paradoxalement de ne pas valider la valence psychanalyse, puisque quand on est psychiatre, on a de toute façon le droit de faire des psychothérapies.
Depuis l’émergence des techniques comportementales et cognitives, et autres méthodes, la psychanalyse est ébranlée dans son socle : il n’existe pas de diplôme de psychanalyste, voyez-vous, et il ne peut y en avoir, si on suit certains ayatollahs de la discipline. Nous assistons donc en fait, cachée derrière des arguments diplomesques, à une véritable lutte concurentielle entre les analystes et les autres "thérapeutes", qui brandissent leur diplôme, tout heureux que des freudiens dénient la possibilité de mettrre en place un tel système.
Quatrième point, un certain lobby des médecins cherchent à récupérer, ou tout au moins dominer ce secteur d’activité. Puisque dans thérapeute, il y a thérapie, donc : traitement, seuls les médecins devarient être autorisés à psychothérapeutiser, n’est-ce pas...
Le résultat de tout ça, c’est que tout le monde s’engueule. Et comme le gouvernement n’y connaît pas grand chose, on peut avoir peur de futures décisions idiotes. Alors qu’au début, tout était simple...