On verrait n’importe qui dans la rue infliger un centième de ces souffrances
à un chien ou à un chat, on interviendrait immédiatement. Là non, puisqu’on
vous dit que c’est de la culture. Etrange manifestation culturelle dont les
protagonistes sont généralement analphabètes. Une interview de torero,
c’est gratiné, culturellement parlant. A côté d’un torero, un tennisman a
carrément l’air d’un érudit...
Rien que le costume… Comment peut-on
s’attifer de pareils oripeaux de farces et attrapes sans éclater de rire ?
Avec leur cul moulé dans le strass, on dirait des dragqueens sadiques en
train de se venger sur une pauvre bestiole trapue, avec ses bonnes grosses
couilles brinquebalantes. Qu’est-ce que c’est que cette culture qui consiste
à crier « ollé » au milieu de dix milles brutes ? Ca augmente la personne
humaine de belles et bonnes connaissances ? C’est culturel de hurler de joie
quand la bête s’effondre à bout de terreur et de souffrance ? Ca fait
entrevoir un progrès quelconque ?
« C’est une émotion esthétique ! »
rétorquent les aficionados. Eh bien non. C’est faux. C’est toujours le même
costume à paillettes à la con, le même taureau noir, la même musique de bal
pour mongoliens. Il n’y a là rien d’esthétique.
Je voudrais citer Cavanna,
dans un extrait de Coups de sang, un livre indispensable : « Ah, le sang !
Extase des extases, frisson suprême qui fait, sur les gradins de bois
mouiller les culottes des mémères et bander les impuissants. On leur ferait
applaudir l’égorgement de leurs propres enfants, à ces sales cons, pourvu
que le spectacle en vaille la peine. » Fin de citation.
Rien ne justifie jamais la souffrance sauf le crétinisme et
l’idéalisme, ces deux jumeaux. J’entends déjà les objections. « Mais le
taureau a sa chance, il arrive même qu’il soit gracié. » Gracié… Pour être
gracié, il faut d’abord être coupable ! Quelqu’un pourrait-il expliquer ce
que c’est que la faute d’un taureau ? La faute d’un taureau, c’est d’être né
dans un monde où des gens qui passent pour être évolués n’arrivent pas à
dépasser le stade du primate drogué par la vue du sang.
Une remarque pour finir. Si le dieu qu’on nous dit est vraiment bon, lui
qui a fait deux cornes aux taureaux, pourquoi n’a-t-il pas fait deux trous
du cul aux toréadors ?