Bonjour.
Votre texte fourmille de références culturelles tous azimuts, de sorte qu’on ne peut douter de l’éruditiion de son auteur. Mais votre propos part un peu dans tous les sens, et on en ressort avec le sentiment désagréable de ne pas avoir saisi votre thèse. Si vous étiez un étudiant de classe préparatoire de grande école (en France), je vous conseillerais volontiers de mieux marquer vos thèse et surtout, avant de rédiger, de construire un plan, afin que votre propos suive une réelle progression vers un argumentaire décisif. Ici, on contraire, on se perd dans les détails sans vraiment savoir où est l’essentiel.
Votre propos s’intitule "ordre et barbarie". On s’attendrait donc à voir problématisée la question de la compatibilité entre la "civilisation", que vous définissez superficiellement, et un certain désordre Car vous prenez tantôt le mot "civilisation" dans son sans anthropologique, une civilisation étant alors définie par une relative unité de structures, de langue, de moeurs, d’histoire commune, etc...Dans ce cas, il y a "des" civilisations, sans la moindre connotation axiologique. Et puis il y a l’autre définition, plus idéologiquement connotée, définie comme l’ère géo-politique caractérisée par un mouvement historique commun conduisant à un progrès technique et moral grâce au développement de l’industrie et de la culture par exemple. En ce dernier sens en effet, et seulemetn dans ce cas, on oppose péjorativement civilisation et Barbarie. Or, faute sans doute de connaissances ou d’un travail préalable de préparation de votre texte, vous semblez hésiter entre les deux définitions.
Sur cette question de la barbarie, on a l’impression dans votre texte que vous avez des idées derrière la tête, que vous n’osez pas formuler. On a l’impression que votre message subliminal est : "ceux qui se croient civilisés ne le sont pas tant que ça". ce qui à son tour sons-entend que certains, bien entendu les occidentaux, sont mal placés pour critiquer d’autres cultures. Or, si vous vous intéressez vraiment à cette question de la barbarie, je ne doute pas qu’avant d’écrire vous vous êtes un tant soit peu documenté sur la question, par exemple en lisant le classique livre de Michel Henry, "la barbarie", et sa critique, notamment dans Sylvain Auroux, "barbarie et philosophie". Ces lectures vousmontreraient qu’en fait vous enfoncez beaucoup de portes ouvertes, mais vous manquez l’essentiel, faute d’analyse conceptuelle solide.
Car, pour ce genre de texte qui pose de redoutables problèmes techniques, on a le choix entre une démarche de type "culture générale" ou de type "philosophique". La différence entre les deux, c’est l’analyse conceptuelle centrale en philosophie, extrêmement limitée en "culture générale" où l’on doit s’en tenir, pour l’essentiel à l’état de la question en utilisant les concepts tel quels, c’est-à-dire tels qu’ils sont ordinairement utilisés dans un contexte culturel donné.
Or, ici encore vous manquez votre cible. Vu l’absence totale de toute référence philosophique, mais vu par contre le foisonnement de références historiques ou géo-politique, on suppose que votre propos vise avant tout l’état de la question, car on ne voit pas ce qu’il y a de nouveau dans votre propos. Dans ce cas, vous devriez comprendre que lorsqu’on parle de "barbarie", ce n’est plus tellement pour désigner d’autres cultures, mais pour critiquer des pratiques régressives au sein même de la civilisation. C’est par exemple un aspect important de la thèse de Michel Henry. Par extension, on peut désigner comme "barbares" des pratiques qui se maintiennent dans d’autres espaces culturels, mais avec cette très nette différence par rapport à l’éopque coloniale, différence que vous semblez ignorer. Premièrement, les anciens peuples colonisés sont désormais majeurs, indépendants. et surtout, deuxièmement, ils participent déjà à un mouvement historique global de l’humanité qui se caractérise désormais par son unité. en effet, quand par exemple on critique à juste titre des pratique barbares parce que écoeurantes comme l’excision, l’infibulation, le mariage forcé, le crime d’honneur, etc... c’est tout simplement parce qu’on pense que ces peuples qui les pratiquent font désormais en réalité partie de la même civilisation que nous. La preuve ? Ils savent importer et utiliser nos savoirs et nos techniques quand ça les arrange : téléphone, télévision, techniques agricoles, informatique et j’en passe. Il n’y a plus désormais de "cultures" multiples, mais seulement des défférenciations folkloriques qui servent d’alibi pour la mauvaise foi de ceux qui refusent de se réformer. La meilleure preuve est constituée d’ailleurs par ces femmes africaines qui, de l’intérieur, militent contre leurs barbares de mâles. On peut d’ailleurs en dire autant de la sphère musulmane et de ses pratiques d’un autre âge.
En outre, on peut être agacé par certains de vos raccourcis qui évoquent une argumentation de mauvaise foi. en effet, vous écrivez par exemple :
"Barbarie, nous avions cru comprendre, en un temps reculé, qu’il s’agissait d’un stade sauvage de l’humanité, quand rien n’était en ordre et que nos ancêtres, forcément bestiaux s’adonnaient aux pires sévices contre leurs semblables... On entendait par barbarie tout ce qui est indignité pour la condition humaine : esclavage, viol, torture, cannibalisme, etc. "
C’est juste, mais cela date de l’éopque coloniale. Acutellement, on peut toujours désigner, et à juste titre, ces pratiques de "barbares", c’est-à-dire indignes de la civilisation qui, ne l’oublions pas, permet avant tout le libre épanouissement de l’individu, ce que détestent les sociétés archaïques ou médiévo-régressives. Par contre, en effet, tout n’est pas parfait dans "la" civilisation, y compris dans les pays démocratiques. Il y a encore des progrès à faire, mais ce n’est pas en retournant au moyen-âge ou en se pâmant devant des pratiques folkloriques d’un autre âge qu’on y arrivera.
Vous écrivez ensuite :
"Mais une observation même distraite de l’actualité nous montre un monceau d’indignités accumulé à seule fin de répandre les bienfaits de la démocratie."
N’auriez-vous pas le courage de dire clairement à quoi vous pensez ? A l’irak, peut-être ? Vous savez bien que la question est bien plus complexe, et que ceux que vous rangez dans le camps des civilisés hypocrites ne sont pas tous d’accord sur cette question. Il y en a par exemple qui pensent qu’il aurait mieux vallu laisser ces arabes se débrouiller, qu’ils ne osnt pas capables d’accéder à la démocratie et que, par conséquent, pour eux, la dictature de Saddam est préférable... Je ne suis pas certain que vous soyez d’accord avec cet argument.
Vous poursuivez :
"On comprend alors, mais personne ne nous le dit clairement, qu’il existe maintenant une bonne et une mauvaise torture, en somme, il existe un bon et un mauvais mal."
C’est un des effets pervers d’internet que de permettre à n’importe qui d’écrire n’importe quoi, sans faire au préalable l’effort de se documenter, ce qui exigerait un minimum de modestie, voire d’humilité. Car si vous voulez parler de la torture, faites-le, au moins, en connaissance de cause. Les textes sur la question ne manquent pas. Et personne, parmi les défenseurs de la torture, n’a affirmé qu’elle était tantôt bonne, tantôt mauvaise ? Même le général Ossarès n’a rien dit de tel ? Ils ne parlent JAMAIS d’un bien, mais toujours dun "mal nécessaire". Si je lisais une telleânerie dans une copie de mes étudiants, je ne liras pas la suite et je lui mettrais un zéro avec une appréciation sévère. Ce genre d’affirmation est par ailleurs très grave, car elle colporte des idées fausses et malsaines.
Vous poursuivez :
"C’est un fait extraordinairement nouveau dans l’Histoire et qui scelle l’invasion du monde par le progrès, c’est un phénomène absolument unique pour l’humanité. Ne sommes-nous pas, en effet, la fine fleur de l’humanité, l’accomplissement ultime de tout ce que la nature humaine peut porter d’inventivité et d’élan vers des horizons toujours plus lointains "
Là, vous vous "écoutez penser", si je puis me permettre. Car justement, sans doute par ignorance philosophique (avec-vous lu au moins le "projet de paix perpétuelle" de kant ?) vous croyez que la civilisation que nous représentons est un "aboutissement ultime". Or, je vous signale que personne ne dit cela ? Même Fukuyama, dans son livre "la fin de l’hstoire", ne va pas jusqu’à dire que nous avons atteint le ’règne des fins" dont parlait Kant ou la "vie éthique" dont parlait Hegel. Même la thèse la plus radicale sur la fin de l’histoire n’affirme pas qu’il n’y a plus de progrès à faire. Aussi, quand vous croyez dénicher une contradiction dans la "civilisation", vous vous trompez tout simplement de cible. Peut-être également faut-il vous dire que vous écrivez trop vite. Car s’il nous étions "l’accomplissement ultime de tout ce que la nature humaine peut porter d’inventivité", il n’y aurait alors plus de place pour un "élan vers des horizons toujours plus lointains " puisque par définition, on y est déjà ! Quand je pense au nombre d’étudiants qui risquent de copier/coller des phrases comme ça, j’en frémis. S’il y a barbarie, c’est aussi dans la banalisation, sur la toile, de texte médiocres qui font perdre leur temps à beaucoup de gens qui seraient mieux insiprés de passer plus de temps dans les livres que sur internet.
Je n’insiste pas sur vos approximations à propos de la cosmogonie ou des "universaux".
Vous écrivez : "Les éléments présentés ici reposent sur un modèle anthropologique, celui de la construction des groupes humains du plus petit – la tribu – à de plus vastes ensembles – les civilisations". Or, on sait depuis Aristote que ce n’est pas la tribu, mais la famille, prise au sens large. Vous vous présentez comme anthropologie, je sui sdonc étonné d’une telle erreur, à moins en l’espèce que ce soit moi qui ici ignore les classifications anthropologiques anglo-saxonnes les plus récentes, qui n’utiliseraient le mot groupe que pour désigner .des "ensembles de familles" ; si tel est le cas, je m’excuse pour cette critique.
Je suis désolé d’avoir eu la dent un peu dure, mais vraiment je trouve qu’on ne devrait mettre sur internet que des textes sinon achevés du mions assez construits pour pouvoir être lus efficacement. Ce n’est pas le cas du vôtre, car on en sort, encore une fois, avec le sentiment de ne pas avoir compris où vous voulez en venir. Si vous étiez un de mes étudiants, je vous inviterai à un travail méthodologique urgent.
15/08 20:15 - Illel Kieser ’l Baz
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15/08 17:34 - masuyer
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10/08 11:55 - Illel Kieser ’l Baz
Bonjour Fabrice Gueho, je vois que vous avez publié un article sur le multiculturalisme et les (...)
08/08 17:37 - Illel Kieser ’l Baz
@ Iren-Nao « Dites donc, vous me faite bosser ! », normal, c’est une agora... « Mais (...)
08/08 13:15 - Coquille
Merci pour votre réponse. "Vous êtes une adepte de la « la branlette intellectuelle de (...)
08/08 12:45 - Iren-Nao
@ l’auteur Dites donc, vous me faite bosser ! Merci pour votre reponse, et voici la (...)
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