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Commentaire de La Praline

sur Du bon usage du chiffon rouge


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Lino Pralino La Praline 7 août 2008 13:49

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La Praline vous propose des analyses de vrais spécialistes, ce qui vous changera un peu de la propagande des géopoliticiens de bistrot et idiots utiles des mouvements terroristes qui sévissent  sur Agoravox :



« L’Inde est structurellement menacée par le terrorisme »
 
 
Ahmedabad, la principale ville de l’Etat du Gujarat, dans l’ouest de l’Inde, a été ébranlée samedi soir par une quinzaine d’attentats à la bombe qui ont coûté la vie à 49 personnes et en ont blessé 160 autres. La veille, Bangalore, au sud, avait elle aussi été secouée par une série d’explosions. Bilan : un mort et 7 blessés. Par le biais d’un courriel transmis aux médias, une organisation quasi inconnue, les « Moudjahidin indiens », a revendiqué la responsabilité des attaques d’Ahmedabad. En 2002, la ville avait déjà été le théâtre de très violents affrontements entre hindous et musulmans, qui avaient coûté la vie à des centaines de personnes. 
 
 
Après avoir renforcé dès ce week-end sa présence dans les gares, les aéroports et la capitale New Delhi, la police indienne déclarait lundi avoir procédé à une dizaine d’interpellations et être « sur une piste très sérieuse ». Olivier Guillard, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), analyse la situation. 
 
Le Temps : Qui sont ces « Moudjahidin indiens » ? 
 
Olivier Guillard : Il n’y a aucune certitude quant à l’identité des auteurs des attentats de Bangalore et d’Ahmedabad. Si les pistes s’orientent vers les Moudjahidin indiens, personne ne peut dire avec assurance qui ils sont. Mais, alors que les prochaines élections législatives indiennes doivent se tenir dans moins d’une année, il ne fait pas bon ne pas avoir de certitude. 
 
- Y a-t-il une recrudescence de la menace terroriste dans le pays ? 
 
- L’Inde est structurellement menacée par le terrorisme, tantôt d’inspiration religieuse, tantôt idéologique. La menace numéro un est celle des maoïstes [ndlr : la guérilla naxalite], qui sont présents sur un quart du territoire. Le Département d’Etat américain a classé l’Inde derrière l’Irak dans la liste des pays les plus exposés à la menace terroriste en 2007. 2700 personnes en sont mortes l’an passé. 
 
- Faut-il faire un lien entre la dégradation du climat politique - le gouvernement de Manmohan Singh a échappé de peu à une motion de défiance la semaine passée - et ces attentats ? 
 
- Le contexte politique est très tendu. Le gouvernement peine à se maintenir après quatre ans au pouvoir. Et le Bharatiya Janata Party (BJP), l’opposition des nationalistes hindous, a tendance à exacerber les tensions communautaires, ce qui énerve les voisins, le Bangladesh et le Pakistan. Les relations avec ce dernier se détériorent. Un haut responsable de la sécurité indienne a directement imputé au Pakistan la responsabilité de l’attentat qui a visé l’ambassade de l’Inde à Kaboul, en Afghanistan, le 7 juillet dernier. 
 
Le contexte très tendu entre la minorité musulmane et l’ultra-majorité hindoue pèse sur les débats. L’ambiance est au clivage entre les différentes communautés à l’approche des élections. En 2002, Ahmedabad avait déjà été le théâtre de terribles affrontements communautaires. 
 
- Le Pakistan ou Al-Qaida sont-ils derrière ce terrorisme islamiste ? 

- Il n’y a pas de certitude. On ne peut pas dire si ce mouvement est indigène ou s’il est apparu en résonance avec ce qui se passe au Pakistan. Mais le risque est celui d’une influence étrangère. Les Moudjahidin indiens sont une émanation du Simi, le Mouvement indien des étudiants islamiques, dont l’agenda radical puise plus dans des racines religieuses - une solidarité d’agenda avec la cause musulmane au Pakistan et au Bangladesh - que citoyennes. 
 
- Ces événements vont-ils encore fragiliser le gouvernement ? 
 
- L’opposition reprend l’argument électoral d’un gouvernement faible, qui peine à prévenir ces actes. C’est assez maladroit : le BJP ne faisait pas forcément mieux lorsqu’il était au pouvoir, jusqu’en 2004. Mais si les législatives avaient lieu aujourd’hui, il est vraisemblable que le score serait bien plus serré qu’en 2004 et même que le gouvernement y laisserait des plumes. 
 

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