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Commentaire de masuyer

sur Le pluralisme des cultures est un mythe


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masuyer masuyer 15 août 2008 17:11

M Gueho,

j’arrive un peu tard sur cet article que j’avais lu hier sans avoir eu le temps de réagir.

J’ai beaucoup d’admiration pour cette attitude critique de ce que l’on appelle "relativisme culturel" consistant à le dénigrer non pas pour ce qu’il est mais à travers la caricature ethnocentrée qui est en fait le lus souvent par les zélateurs de la thèse d’un "occident" (mythique en fait) seul porteur d’universalité et donc culturellement "supérieur". Au comptoir du café du commerce passe encore, mais sous la plume d’un "agrégé de philosophie" cela pourrait prêter à sourire. Je ne m’appesentirai pas sur l’agrégation, quoiqu’il y ait beaucoup à dire sur ce moule qui souvent hélas doit plus au bachotage qu’à une véritable attitude d’homme (donc de penseur) libre, vous pourriez me retourner le compliment de la caricature.

Le relativisme culturel ne consiste pas à mettre sur un pied d’égalité comme vous le dites et d’autres avec vous Lorie et Beethoven sur un pied d’égalité ou le tag et un tableau de Boticelli. Le relativisme culturel ne hiérarchise pas, même si je l’admet, cela peut être une attitude mentale difficilement accessible à un fruit de l’élitisme de l’Education Nationale, où sous couvert de jargon "pédagogiste" rien sur le fond n’a changé dans la mission de cette structure (et de celles qui l’ont précédé), c’est à dire le tri et la sélection des "cadres" de la société.

Comment peut-on écrire sur la "culture" sans interroger le terme, en le prenant dans son acceptation populaire actuelle, en mélangeant allègrement les concepts, ce qui est un vice de pensée pour un philosophe. On ne sait jamais vraiment si vous dissertez sur le concept de culture ou celui de l’art, cela me semble follement imprécis, même si comme l’a souligné un commentateur, c’est "bien écrit". Je dirais plutôt "bien écrit mais peu pensé".

Nous ne sommes pas très loin parfois de ces délires "à la Rex" (expression agoravoxienne) voulant affirmer une soit-disant "superiorité de l’occident" en comparant fielleusement par exemple des chants de travail bantous à l’oeuvre de Mozart. Sans voir que c’est précisément cette comparaison qui met ces deux formes d’expression musicale sur un pied d’égalité. Je ne ferai pas ici l’affront de poser la question : quid des ventes de musique dite classique (je préfère le terme musique savante occidentale) ou des fréquentations de salles de concerts dans ce "mythique occident".

Pourtant votre texte démarre plutôt bien :

Or, à force de mettre l’accent sur les différences et les spécificités, on oublie que pour l’essentiel toutes les cultures reposent sur des mécanismes communs, tout simplement parce que, comme l’atteste l’échec des tentatives de destruction de l’idée d’homme du siècle dernier, les hommes sont finalement partout les mêmes, et les différences ne sont guère plus que du folklore.

Une phrase qui pourrait être écrite par un "relativiste", je passe néanmoins sur l’utilisation du terme folklore, anglicisme qui en français à un caractère péjoratif qu’il n’a pas dans les pays qui l’ont forgé. Une société donnée à une époque donnée, par ses pratiques culturelles qui sont évolutives, répond à ses "problèmes". Ce sont ces pratiques culturelles qui créent la notion d’altérité, même si elles sont fondées sur des mécanismes "universels". Le "folklore" dans son acceptation française est une volonté de figer "muséographiquement" des pratiques populaires mises en scène pour la communion dans le souvenir d’un passé idéalisé et qui dit finalement plus sur le monde où il s’exprime que sur le monde qu’il est censé représenté.

Je soumet donc au philosophe de se pencher sur ces notions "d’art populaire", "d’art savant" et je rajouterai "d’art commercial et industriel" (pour tenter de définir ce que pourrait être Lorie ou autres Britney Spear, qui sont des "produits culturels" à destination du peuple et non de l’art populaire). Tout en sachant que ces catégories sont perméables et que leurs frontières floues n’interdisent pas les échanges (je pense notamment aux danses de cour que peut s’approprier la "culture populaire" et dont s’inspireront par la suite les compositeurs de musique savante).



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