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sur Et si Redeker avait raison ?


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(---.---.12.115) 9 octobre 2006 22:35

Avec la prise de Kismayo, les Tribunaux islamiques contrôlent tous les ports du sud de la Somalie Article paru dans le Monde du 26.09.06.

La troisième ville de Somalie est tombée aux mains des combattants islamistes. Une force internationale devrait déployer 3 500 hommes dans le pays, d’ici à la fin septembre

Pas un seul coup de feu n’a été tiré alors que Kismayo, la troisième ville de Somalie, tombait, dimanche 24 septembre 2006 au soir, aux mains des miliciens des Tribunaux islamiques. La prise en tenaille du grand port du sud du pays par des centaines d’hommes, appuyés par plusieurs dizaines de « technicals » (véhicules équipés d’armes antiaériennes), avait laissé planer, au cours des deux dernières semaines, la menace de combats. Puis, le colonel Barre « Hirale » Adan Shire, le chef de la Juba Valley Alliance (JVA) qui contrôlait la ville, a pris finalement la fuite dimanche.

Pour les autorités du gouvernement fédéral de transition (TFG) installées à Baidoa, plus au nord, le coup est rude. Barre « Hirale », leur allié, était également ministre de la défense de leur autorité, dont la zone d’influence « se réduit comme une peau de chagrin », selon un observateur. Barre « Hirale » avait dit être prêt à défendre la ville contre l’offensive des Tribunaux, quitte à demander l’appui de l’Ethiopie, soutien du TFG. Il a préféré quitter Kismayo avec ses miliciens entassés à bord de 40 camions.

Les forces des Tribunaux islamiques, qui s’étaient massées à une bonne cinquantaine de kilomètres du port, n’ont pas eu besoin de déferler vers Kismayo. Leurs alliés s’y trouvaient déjà. Parmi les 600 hommes mobilisés, tous ne sont pas venus de Mogadiscio, où des recrutements importants avaient eu lieu. Beaucoup de miliciens sont originaires de cette région.

Car parmi les quatre responsables qui se partageaient jusqu’ici l’autorité sur Kismayo et la Juba Valley Alliance, deux hommes avaient été, plus ou moins secrètement, les chevaux de Troie des Tribunaux dans le port, à commencer par le numéro deux de la faction, Yusuf Mire Seraar.

Quant au chef militaire de la JVA, Mohamed Roble Jim’ale « Gobale », il a été l’architecte de la reddition de Kismayo. En juin, il avait combattu avec ses hommes aux côtés des forces des Tribunaux islamiques pour la prise de Mogadiscio, avant d’organiser à distance la création de tribunaux appliquant la charia dans la ville portuaire.

Pour préparer le terrain aux miliciens, les deux ex-responsables de la JVA se sont appuyés essentiellement sur les membres d’un sous-clan du groupe des Habr Guedir - les Ceyr -, tandis que la population appartenant au groupe des Marehan restait à l’écart. Mosaïque complexe de groupes originaires de plusieurs régions de Somalie, Kismayo s’est toujours révélée difficile à contrôler depuis l’effondrement de l’Etat, en 1991.

Dans l’immédiat, le mouvement des Tribunaux islamiques contrôle tous les débouchés de la mer du sud du pays, sur une ligne qui court le long de la côte, en commençant au nord de Mogadiscio et descendant jusqu’à la frontière kenyane. A Baidoa, à moins de 300 km de Mogadiscio, le TFG du président Abdullahi Yusuf est un peu plus en proie à l’asphyxie.

Le TFG espère voir le Conseil de sécurité de l’ONU se réunir pour alléger les conditions de l’embargo sur les armes à destination de la Somalie. Une telle décision lui permettrait d’importer légalement du matériel militaire et faciliterait le déploiement d’une force régionale.

L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), organisme regroupant sept pays de la région dont l’Ethiopie, a annoncé déployer à partir du Kenya, dès la fin septembre, une force de 3 500 hommes, l’Igasom. Alors que le financement de ce déploiement, évalué à 355 millions de dollars pour une année, n’est pas bouclé, et que les effectifs demeurent imprécis, les Tribunaux ont constamment répété qu’ils considéreraient comme ennemi tout soldat étranger mettant le pied sur le sol somalien.

Le responsable de la sécurité du Conseil islamique suprême de Somalie (SICS), Yusuf Mohamed Siad « Indahaade », a menacé de fermer prochainement la frontière avec le Kenya, décision facilitée par la prise de la région de Kismayo. Un autre responsable du SICS, en charge de l’éducation, a promis d’ouvrir des camps d’entraînement afin d’y préparer les étudiants somaliens à la « guerre sainte ».


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