Bonsoir
La question des émissions de CO2, ou plutôt des équivalents CO2, par l’activité agricole est pertinente. Notre système agricole est-il durable ?
il est attaqué sur ses pratiques (érosion, amendement, OGM), sur ses conséquences économiques et sociales (la faim dans le monde persiste, les économies vivrières des PMA ne résistent pas) et sur l’environnement (algues, odeurs, gaz à effet de serres) ; alors pourquoi donc aller chercher les biocarburants, solution de facilité pour éviter de reconfigurer notre parc auto et notre façon d’envisager notre way of life, mais pas seulement : le transport est le moyen permettant d’assurer la réalité physique d’une transaction économique.
Alors sur les pratiques : le progrès technique, la volonté farouche de se mettre à l’abri du besoin, ont guidé nos aieux ; aujourd’hui ce temps paraît lointain, la denrée agricole apparaissant comme allant de soi, presqu’un bien naturel qui ne vaut pas grand chose. Il y a donc quelques milliards d’individus à nourrir et ce sera l’objectif premier, effet de serre ou pas. l’agriculture devra produire, et ceux qui manqueront de terres en chercheront ou bien intensifieront la production agricole.
Sur le plan économique, la PAC était accusée de causer du tord aux PVD avec les exportations subventionnées de l’UE, qui est le plus grand acheteur de produits agricoles de ces même pays. Aujourd’hui, l’utilisation non alimentaire est accusée de même. Cette utilisation remet pourtant l’agriculture au coeur d’une réalité simple : elle fournit, avec la forêt, de la nouriture mais également des matériaux et de l’énergie, chose surprenante dans nos pays depuis plusieurs dizaines d’années. Les surfaces gigantesques à mobiliser pour couvrir l’équivalent de nos besoins pétrolier révèle la surmobilisation d’énergie fossile que nous réalisons actuellement. Qui se soucie d’avoir ne serait-ce qu’une voiture de 90 CV de puissance ? Dans beaucoup de pays, un cheval signifie quelque chose de concret. On ne sait peut-être pas bien comment fonctionne le cycle du CO2, sa cinétique, en revanche on sait mesurer l’évolution du taux de concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Faut-il se plaindre de l’accroissement des émissions de méthane issues de l’extension nécessaire des rizières pour nourrir les populations ?
Alors sur l’environnement : c’est la bonne question puisqu’on en arriverait à casser son outil de travail. On ne peut nier des comportements de prédation ou opportunistes vis à vis de la terre. cela peut exister là où la terre est « abondante » mais pas dans nos pays largement peuplés. L’enjeu est donc de réussir à faire entrer dans les calculs économiques la vraie valeur de différents biens et services engendrés par un acte de production. Et de le faire avec une cinétique acceptable par le corps social de la société.
L’agriculture et la forêt sont les seuls secteurs qui fixent le cO2 de l’air, les autres le rejette. On peut choisir ensuite le rejeter après avoir consommé des aliments, de le stocker (nos poutres), ou de le substituer à des énergies carbonées extraites du sol. Les bilans CO2 seront différents à chaque fois.
Je suis d’accord avec vous sur le fait que le CO2 n’a pas « d’odeur » et pourtant, celui venant de l’agriculure ou de la forêt me semble plus légitime. Les biocarburants apportent une solution temporaire, permettant d préparer l’arrivée d’autres solutions technologiques, et ne doivent pas nous détourner de l’objectif de réduire nos dépenses énergétiques.
La priorité est de réduire l’intensité carbone de nos consommations énergétique et de matériaux synthétiques.