J’ai lu attentivement les dizaines de réactions concernant mon article et je suis navré par beaucoup d’entre elles. Je maintiens évidemment ce que j’ai écris. Mais je vais peut-être mieux m’expliquer.
Partons de l’exemple de l’introduction de radars automatiques sur les autoroutes. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que cette mesure entraînerait une diminution des excès de vitesse. Diminution évidemment constatée. Pourquoi s’est-elle produite ? Parce que un certain nombre d’automobilistes ont été dissuadés de rouler vite à cause des sanctions qu’ils encouraient. Tous n’ont évidemment pas modifié leur comportement, mais au moins quelques-uns. En revanche, on voit mal comment cette mesure nouvelle pourrait inciter les chauffeurs de véhicules à rouler plus rapidement. Je pense que nous sommes d’accord.
On peut tenir exactement ce même raisonnement logique avec la peine de mort, sans prendre position sur le fond. Toute aggravation d’une peine contribue, même de manière modeste, à faire baisser la criminalité. C’est humain, c’est évident. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il faille toujours augmenter la sévérité de notre arsenal répressif.
Techniquement, l’introduction de la peine de mort ne peut que contribuer à diminuer un certain type de criminalité, bien entendu pas à l’augmenter ! L’affirmer est un crime contre le bon sens, je maintiens.
Tous ceux qui fondent leur raisonnement sur des statistiques de baisse de la criminalité dans un pays qui a aboli la peine de mort se trompent doublement. D’abord parce que personne n’est capable d’établir un instrument de mesure stable et fiable de la délinquance. Ensuite parce que l’augmentation ou la diminution de la criminalité dépend de facteurs multiples, d’ailleurs mal identifiés. L’évolution de la législation pénale ne constitue qu’un de ces facteurs. Je comprends très bien qu’on puisse observer une diminution de la criminalité dans un pays qui vient d’abolir la peine de mort, mais cette baisse s’explique nécessairement par d’autres causes.
Les réactions suscitées par mon article montrent que j’ai eu tord de me placer sur le terrain de la logique. Le sujet est beaucoup trop émotionnel.