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Commentaire de J. GRAU

sur C'est pas beau, de voler les riches !


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Jordi Grau J. GRAU 30 août 2008 20:31

Bonjour à tous ceux qui ont pris le temps de réagir à mon article, et merci pour vos contributions, souvent constructives. Même si elles ne sont pas très nombreuses, je ne peux pas répondre à tout ce que vous avez écrit. Juste quelques remarques :


A Tzecoatl : mon article était déjà un peu trop long. Je n’ai pas pu parler (sauf de manière allusive) du fait que les salariés doivent aliéner le fruit de leur travail, mais vous avez raison : c’est un point essentiel. Il est d’ailleurs significatif que Locke n’en parle pas. Consciemment ou non, il n’a voulu pas étudié comment l’économie fonctionnait concrètement. S’il l’avait fait, il se serait rendu compte que de très gros écarts de richesses ne peuvent être produits que par une exploitation du travail d’autrui, ce qui aurait contredit ses propres principes. Je signale à ce propos que Hannah Arendt - qu’on présente parfois comme une libérale, à cause de sa critique des systèmes totalitaires - se disait anticapitaliste. Pourquoi ? Parce que pour elle le capitalisme entraîne nécessairement une expropriation.


A Pebesse  : Vous dites que rien ne m’empêche de créer une paillotte, sauf peut-être mon incapacité à gérer une affaire. Je ne sais pas si je suis capable de gérer une affaire, car je n’ai jamais essayé. Mais j’imagine, en effet, que ce n’est pas le cas de tout le monde, sinon il n’y aurait plus de salariés. Or, contrairement à ce que vous semblez dire, je suis loin de m’en réjouir. Mon discours n’est pas : "Salariés, exigez de meilleurs salaires de vos patrons". Je ne suis pas forcément contre ce genre de discours, mais cela ne mène pas très loin. Ce qui me paraîtrait vraiment révolutionnaire, dans le bon sens du terme, c’est que les salariés cessent d’être salariés, s’approprient les entreprises où ils travaillent et apprennent à les gérer ensemble. Cela paraît complètement impossible, pourtant quelques expériences ponctuelles d’autogestion ont montré que des gens effacés, timides, manquant de confiance en eux, pouvaient découvrir qu’ils avaient des talents de gestionnaires et participer à l’organisation de l’entreprise. Cf. par exemple le documentaire sur les salariés de Lipp dans les années 70 : L’imagination au pouvoir (disponible en DVD).

Donc, finalement, nous ne sommes pas si éloignés que cela. Vous semblez dire aux gens : "Arrêtez de vous plaindre, créer votre propre entreprise". Je dis presque la même chose : "Arrêtons de nous plaindre de nos salaires ou de nos conditions de travail. Réapproprions-nous nos outils de productions et le fruit de notre travail." La seule différence entre vous et moi, c’est que vous ne mentionnez pas la possibilité d’une gestion collective. Or, sauf cas très particulier (comme pour votre SCI, par exemple), une entreprise ne peut pas reposer sur les épaules d’un seul homme. Donc, de deux choses l’une : soit on reste dans le système actuel, avec une différence hiérarchique entre propriétaires privés et salariés ; soit on supprime le salariat et on organise l’autogestion. Dans le premier cas, il serait absurde de dire aux gens : "Arrêtez de vous plaindre, devenez patrons !" Car il est impossible que tout le monde devienne patron. Il faut bien des salariés.


A "liberté chérie"  : Je suis entièrement d’accord avec vous quand vous écrivez : "Il y n’a que deux facons de s’enrichir. Soit par le travail soit en prenant dans la poche des autres". Je suis partiellement d’accord quand vous dites : "Le socialisme est la deuxiéme solution". Le socialisme, tel qu’il a été mené jusqu’à présent, correspond en effet à ce que vous dites. Mais ce qu’on peut dire du socialisme et encore plus vrai du capitalisme. Dans le monde d’aujourd’hui, qui gagne le plus d’argent ? Il me semble que ce ne sont pas les fonctionnaires nourris aux frais des contribuables (même si certains fonctionnaires n’ont vraiment pas à se plaindre de leur salaire.) Les plus grandes richesses se font en investissant un capital financier et en le faisant fructifier, directement ou indirectement, par le travail des autres. Si vous parvenez à me montrer le contraire, alors j’adhère illico à l’association "Liberté chérie".


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