A David Samahdi
Tout à fait d’accord avec vous. Les paradis fiscaux sont une honte, et les grands Etats sont parfaitement complices de ces Etats-voyous. Monaco n’est qu’une annexe de la France, tout comme le Luxembourg pour l’Allemagne. Ils sont bien pratiques pour justifier l’absence de politique de redistribution. D’un air triste, les conservateurs vous disent : "Bien sûr, ce serait bien qu’on répartisse un peu mieux les richesses. Mais que voulez-vous mon bon monsieur, si on taxe trop les riches, ils iront s’établir à Monaco, en Suisse ou au Lichtenstein." Tout cela est parfaitement hypocrite...
A Adrian
Bonjour.
Je ferai quatre remarques par rapport à votre commentaire :
- Je ne sais pas d’où vous tirez vos chiffres. Je suis allé sur le site d’où vous tirez ce texte, et l’article n’expliquait pas ce point. Que l’Etat se serve au passage, et qu’une grosse partie des impôts ne soit pas employée dans l’intérêt général, nous en sommes d’accord. Il n’empêche que la destruction de l’Etat-providence s’accompagne d’une explosion de la pauvreté. C’est bien visible aux Etats-Unis et en Europe.
- Même dans une économie libérale, une redistribution des richesses est nécessaire. Pour faire face aux risques (accidents, incendies, maladie, vieillesse, chômage, etc.), il est indispensable de mutualiser les ressources. Ainsi ceux qui sont bien-portants (pour l’instant) donnent à ceux qui sont malades, ceux qui sont jeunes à ceux qui sont vieux. Ces mécanismes de solidarité peuvent être mis en oeuvre par des entreprises privées (assurance) ou par des organismes qui ne fonctionnent pas comme des entreprises (fonds gérés par l’Etat, par les salariés, mutuelles...). Dans tous les cas, ces mécanismes permettent à une personne de ne pas être ruinée si un coup particulièrement dur lui arrive. Ce qui se passe alors, c’est que ceux qui ont de l’argent en donnent à celui qui risquerait de tomber dans la misère. Quelle horreur, n’est-ce pas ?
Maintenant, quelle est la meilleure manière de mutualiser les richesses ? Je ne suis pas sûr que les assurances privées soient la meilleure solution. Pourquoi ? Parce que leur but n’est pas de faire plaisir aux clients, mais de faire un maximum de profit, ce qui n’est pas le cas d’une mutuelle, ni même d’un organisme d’Etat (même avec ses salauds de fonctionnaires).
- Comme je viens de le dire, la mutualisation des ressources ne se fait pas nécessairement par le biais de l’Etat. Vouloir redistribuer les richesses, ce n’est pas dire : "Donnons tout à l’Etat, qui se chargera de répartir équitablement le fruit de notre travail". Cette répartition peut et doit d’abord s’effectuer au niveau local (entreprise, municipalité, ...). En tout état de cause, elle doit être contrôlée démocratiquement - ce qui est très difficile, il est vrai, si on laisse trop de pouvoirs aux technocrates qui sont censés représenter l’Etat.
- L’Etat est coercitif, c’est vrai. Cela fait même partie de sa définition. Mais vous oubliez de dire que cette coercition ne se fait pas seulement contre ces malheureux riches. Ce n’est pas un hasard si les mouvements ouvriers, au départ, étaient très hostiles à l’Etat : celui-ci, par l’intermédiaire de la police, la justice et la prison, était en effet un instrument au service des propriétaires, pour mater les mouvements sociaux. Sous la pression du mouvement ouvrier, mais aussi pour éviter une nouvelle crise comme celle des années 30 (dont on sait qu’elle est une des principales causes de l’arrivée de Hitler au pouvoir), l’Etat a cessé d’être seulement sécuritaire pour devenir aussi social. Depuis une trentaine d’années, nous assistons à une décomposition de plus en plus rapide de l’Etat-providence et un retour en force de l’Etat sécuritaire. Peu à peu, nous revenons à l’âge d’or du libéralisme : le XIXème siècle. Donc, si vous voulez vraiment lutter contre l’Etat, devenez anarchiste. Mais peut-être l’êtes-vous déjà. Peut-être faites-vous partie de cette frange radicale du libéralisme, qui veut la privatisation de tout ce qui existe, y compris les fonctions régaliennes de l’Etat...