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Commentaire de Paul Villach

sur Une publicité d'Andros pour que la vue pimente la saveur


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Paul Villach Paul Villach 2 septembre 2008 15:51

@ Zen

Je viens d’achever la lecture de ce petit mémoire "savant" dont vous avez recommandé la lecture. 

Il doit avoir pour auteurs des étudiants appliqués et peu au fait du problème !
Il encourt à mes yeux les quatre reproches suivants :

1- L’étude sommaire manque cruellement du langage technique qui permette d’identifier avec précision les mécanismes mis en oeuvre dans cet "objet" qui n’est même pas identifié : le mémoire appelle en page 2 "la chose" "l’utilisation du sex appeal" ! Quelle rigueur ! La formule ne veut rien dire et montre surtout une soumission au jargon américain et une ignorance de sa propre langue !
Or, ce procédé, je le nomme leurre d’appel sexuel. Il existe des produits d’appel employés par la grande distribution pour attirer le client en magasin. Ce sont des leurres. Et il existe des appels sexuels, comme d’autres sont humanitaires. On obtient donc fort logiquement le concept de leurre d’appel sexuel.
Il est vrai qu’on peut chercher : ce leurre n’a pas encore droit de cité à l’université. Autant faire de la mécanique à mains nues !

2- Une stratégie très importante du leurre d’appel sexuel est en outre complètement ignorée

- Seule est illustrée et vaguement étudiée la méthode ostentatoire qui exhibe des zones sexualisées du corps humain. 

- Or, comme dans le cas de cette publicité d’ANDROS, la méthode par les procédés d’insinuation est plus répandue qu’on ne le pense. C’est même la plus subtile et la plus efficace : elle permet, comme je l’écris, de contourner les interdits de la morale publique et de ne pas focaliser l’attention sur le leurre au détriment du produit à promouvoir  : métonymie, symbole, intericonicité, ambiguïté volontaire, charge culturelle des lignes et des couleurs, image, comparaison, jeu de mots.. Et on peut en dire des choses en usant de ces procédés, sans que la morale puisse y trouver à redire, puisque tout se dit par insinuation et peut être dénié aussitôt en accusant le détracteur de projeter ses fantasmes... en toute hypocrisie !

3- Aucune analyse du mécanisme de "l’objet du désir" qui se mue en "désir de l’objet" n’est présentée. C’est tout de même la seconde fonction essentielle du leurre d’appel sexuel après la captation d’attention, qui seule retient celle de nos auteurs.

4- Enfin l’approche est très moralisante : il n’est question que d’éthique et de déontologie. Avant de moraliser, il importe de bien comprendre le mécanisme de cette stratégie qui use du leurre d’appel sexuel.

Or, cette étude a été effectuée en 2004 par William Endres et Christophe Hug sous l’autorité de l’institution des Hautes Études Commerciales (HEC) de l’Université de Genève. 
C’est préoccupant comme niveau de savoir !
À moins que nos futurs managers tiennent à cacher leurs recettes ! Mais c’est trop tard : on les connaît ! Paul Villach


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