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Commentaire de J. GRAU

sur La société ne veut plus du « prêt à gouverner » de gauche produit par les think tanks


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Jordi Grau J. GRAU 9 septembre 2008 13:51

Bonjour.

Je suis d’accord avec votre analyse. La France a vécu une évolution comparable, avec un certain retard, à celle de la vie politique américaine : le débat sur l’image a de plus en plus primé sur le débat de fond. Comme vous, je pense que les enjeux fondamentaux échappent de plus en plus à la volonté des citoyens. Ce que je reprocherais à votre article, c’est qu’il ne tente pas d’expliquer cette dérive. Pour ma part, je proposerai une explication, qui n’a pas la prétention d’être exhaustive ni d’être originale, mais qui me semble pertinente.

Si la politique est devenue en grande partie une affaire de mode et de style (dans le sens le plus superficiel du mot), c’est parce que les partis dominants se sont rapprochés. Aux Etats-Unis, les divergences idéologiques entre démocrates et conservateurs se sont progressivement estompées. En France, cela fait longtemps que le PS s’est rapproché du RPR puis de l’UMP. La trahison récente d’un certain nombre de socialistes (Bockel, Besson, Kouchner...) n’est que la suite logique d’une évolution plutôt ancienne. Remarquons aussi que, sur des questions fondamentales (économie, politique sécuritaire), la gauche s’est davantage rapprochée de la droite que l’inverse. Les gaullistes des années 60-70 étaient, dans le domaine économique, bien plus à gauche que les socialistes actuels. Et cela s’est vu aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. 

Il serait trop long d’expliquer cette évolution. Elle tient pour une bonne part à l’affaiblissement du mouvement ouvrier. Même si ce mouvement,dans certains pays, a favorisé l’apparition de dictatures, il a aussi - dans les pays restés démocratiques - beaucoup contribué au débat politique. Face à une agitation révolutionnaire ou quasi-révolutionnaire, il fallait trouver des compromis entre les intérêts des capitalistes et ceux du patronat. Une série d’événements (mac carthysme aux Etats-Unis, crises pétrolières, arrivée au pouvoir d’économistes néolibéraux dans la Chili de Pinochet, dans l’Argentine des généraux, dans l’Amérique de Reagan et le Royaume-Uni de Thatcher, chute de l’Union soviétique, dérèglementation des marchés financiers....) ont complètement changé la face du monde. Un consensus droitier s’est installé un peu partout. La démocratie est devenu, à bien des égards, un passe-temps sans grands enjeux,où l’on se bagarre sur des points de détail faute de pouvoir proposer de véritables réformes (j’entends par là des progrès, et non ces régressions que la propagande gouvernementale et médiatique appelle "réformes").


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