Deuzio, la spéculation sur les produits agricoles a été très forte en 2007-2008, accentuant un phénomène amorcé au début des années 2000 après l’éclatement de la bulle de l’internet. Après la crise des subprimes qui a éclaté aux États-Unis à l’été 2007, les investisseurs institutionnels (surnommés en français « zinzins ») [6] se sont désengagés progressivement du marché des dettes construit de manière spéculative à partir du secteur de l’immobilier américain et ont identifié le secteur des produits agricoles et des hydrocarbures comme susceptible de leur procurer des profits intéressants. Ils font cela en achetant les récoltes futures de produits agricoles à la Bourse de Chicago et à celle de Kansas City qui sont les principales bourses mondiales où l’on spécule sur les céréales. De même, ils achètent sur d’autres Bourses de matières premières la production future de pétrole et de gaz en spéculant à la hausse. Ceux-là mêmes qui ont provoqué la crise aux États-Unis par leur soif de profits, en exploitant notamment la crédulité des familles peu solvables d’Amérique du Nord désireuses de devenir propriétaires d’une habitation (c’est ce qu’on appelle le marché des subprimes), ont pris une part très active dans la forte hausse des cours des hydrocarbures et des produits agricoles. D’où l’extrême importance de remettre en cause la toute-puissance des marchés financiers.
Les politiques du FMI et de la Banque mondialeTertio, les pays en développement ont été particulièrement démunis face à cette crise alimentaire car les politiques imposées par le FMI et la Banque mondiale depuis la crise de la dette les ont privés des protections nécessaires : réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières et spécialisation dans un ou deux produits d’exportation, fin des systèmes de stabilisation des prix, abandon de l’autosuffisance en céréales, réduction des stocks de réserve de céréales, fragilisation des économies par une extrême dépendance aux évolutions des marchés mondiaux, forte réduction des budgets sociaux, suppression des subventions aux produits de base, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale des petits producteurs locaux avec des sociétés transnationales… Maîtres dans l’art de l’esquive, les institutions mises en cause reconnaissent juste quelques errements pour mieux rester au centre du jeu international. Mais un timide mea culpa dans un rapport semi-confidentiel ne peut suffire car elles ont commis le crime d’imposer un modèle économique qui a délibérément privé les populations pauvres des protections indispensables et les a livrées à l’appétit des acteurs économiques les plus féroces. Loin d’être inquiète pour la misère galopante qu’elle contribue à répandre, la Banque mondiale semble surtout inquiète des troubles sociaux qui pourraient menacer la globalisation néolibérale, structurellement génératrice de pauvreté, d’inégalités, de corruption, et interdisant toute forme de souveraineté alimentaire.
L’orientation proposée depuis des années par Via Campesina, organisation internationale des mouvements paysans, constitue une réponse à la crise .
« Pour garantir l’indépendance et la souveraineté alimentaire de tous les peuples du monde, il est crucial que les aliments soient produits dans le cadre de systèmes de production diversifiés, de base paysanne. La souveraineté alimentaire, c’est le droit de chaque peuple de définir ses propres politiques agricoles et, en matière d’alimentation, de protéger et réglementer la production agricole nationale et le marché interne afin d’atteindre des objectifs soutenables, de décider dans quelle mesure ils recherchent l’autosuffisance sans se débarrasser de leurs excédents dans des pays tiers en pratiquant le dumping. […] On ne doit pas donner la primauté au commerce international par rapport aux critères sociaux, environnementaux, culturels ou de développement. » [7]
Via Campesina
Remarquons une nouvelle fois la politique du « deux poids deux mesures » : pour assurer la sécurité énergétique, les gouvernements du Nord n’hésitent pas à subventionner l’industrie privée, alors que via la Banque mondiale, le FMI et l’OMC, ils nient le droit des gouvernements du Sud à subventionner leur producteurs locaux, que ce soit dans l’agriculture ou l’industrie. Voir www.cadtm.org/spip.php  ; ?article3518 “Secret report : biofuel caused food crisis”, The Guardian, 4 juillet 2008, www.guardian.co.uk/environment/2008/jul/03/biofuels.renewableenergy OCDE, « Evaluation économique des politiques de soutien aux biocarburants », 16 juillet 2008, www.oecd.org/dataoecd/20/14/41008804.pdf « L’OCDE, très critique sur les biocarburants, est favorable à un moratoire », dépêche AFP, 16 juillet 2008. Les principaux investisseurs institutionnels sont les fonds de pensions, les sociétés d’assurance et les banques ; ils disposent de 60 000 milliards de dollars qu’ils placent là où c’est le plus rentable. Sont aussi actifs les hedge funds (fonds spéculatifs), qui peuvent mobiliser 1 500 milliards de dollars. Via Campesina, in Rafael Diaz-Salazar, Justicia Global. Las alternativas de los movimientos del Foro de Porto Alegre, Icaria editorial et Intermón Oxfam, 2002, p.87 et 90
					 					 					 					
					 					 					 						 						 						 					 Damien Millet[1] Remarquons une nouvelle fois la politique du « deux poids deux mesures » : pour assurer la sécurité énergétique, les gouvernements du Nord n’hésitent pas à subventionner l’industrie privée, alors que via la Banque mondiale, le FMI et l’OMC, ils nient le droit des gouvernements du Sud à subventionner leur producteurs locaux, que ce soit dans l’agriculture ou l’industrie.
[2] « Banque mondiale : les biocarburants responsables à 75% de la hausse des prix alimentaires », Solidarité et progrès, 5 juillet 2008.
[3] « Secret report : biofuel caused food crisis », par Aditya Chakrabortty, The Guardian, 4 juillet 2008,
[4] Évaluation économique des politiques de soutien aux biocarburants, OCDE, 16 juillet 2008, Téléchargement.
[5] « L’OCDE, très critique sur les biocarburants, est favorable à un moratoire », dépêche AFP, 16 juillet 2008.
[6] Les principaux investisseurs institutionnels sont les fonds de pensions, les sociétés d’assurance et les banques ; ils disposent de 60 000 milliards de dollars qu’ils placent là où c’est le plus rentable. Sont aussi actifs les hedge funds (fonds spéculatifs), qui peuvent mobiliser 1 500 milliards de dollars.
[7] Via Campesina, in Rafael Diaz-Salazar, Justicia Global. Las alternativas de los movimientos del Foro de Porto Alegre, Icaria editorial et Intermón Oxfam, 2002, p.87 et 90
05/10 16:57 - wilkins
Ces articles sur la crise géorgienne sont tout simplement excellents et très bien documentés. (...)
17/09 02:42 - morice
par tonton raoul (IP:xxx.x19.133.242) le 16 septembre 2008 à 09H26 @e-fred Je (...)
16/09 11:41 - morice
par tonton raoul (IP:xxx.x19.133.242) le 16 septembre 2008 à 09H37 A rappeler enfin que la (...)
16/09 11:33 - Avatar
Tatall Raoul, Vous exposez encore publiquement vos symptômes xénophobes lorsque vous écrivez (...)
16/09 11:29 - morice
Merci Olga, ça résume PARFAITEMENT la tendance des attaques... "Les propos de votre (...)
16/09 11:28 - morice
"De gros cons" : cherchez BIEN, je n’AI JAMAIS utilisé ça... CHERCHEZ DONC, (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération