Je suis frappé par l’évidence avec laquelle vous assénez que la maîtrise de l’orthographe actuelle par un nombre trop limité de personnes montre que ces dernières veulent conserver le "pouvoir". En conséquence, il paraît évident qu’il faudrait simplifier l’orthographe. C’est cette logique qui a amené à baisser considérablement le niveau du bac pour le rendre accessible : on a donné l’impression (fausse) aux personnes de milieu socio-économique plus défavorisé qu’elles avaient un meilleur accès à l’éducation, et ce faisant, on a baissé le niveau général.
Si on suit votre logique, il suffirait de supprimer toute difficulté orthographique et - pourquoi pas - écrire phonétiquement pour amoindrir le pouvoir de ceux qui savent (en supposant que cela soit souhaitable d’ailleurs) pour répartir ce pouvoir vers d’autres qui ont moins d’accès à la culture. Sans remettre en cause les exemples que vous prenez (qui permettent au moins de sourire pour les plus caricaturaux d’entre eux), il ne faudrait pas oublier une vérité fondamentale de l’écriture : l’orthographe est avant tout porteur de sens, d’histoire et de culture. On ne pourra y toucher sans s’attaquer à ces effets collatéraux, autrement plus inquiétants que la maîtrise du pouvoir par ceux qui maîtrisent l’orthographe : il est vrai que le pouvoir est plus accessible à ceux qui ont accès à la culture. Si on veut y remédier, c’est par l’élévation générale du niveau culturel qu’il faut y parvenir. Mais cela a un coût, bien plus important que de décréter simplement une simplification. En l’absence de courage politique, on fait la part belle à la démagogie que vous relayez (fort bien d’ailleurs).