Salut la Taverne

Je crois que ton attachement, voire ta fascination pour Bayrou – que je ne déteste pas -, t’empêchent de raisonner, et c’est ton affect qui s’exprime, ce que je comprends.

Bayrou ne pèse que très peu pour le moment sur l’échiquier politique. Il n’a même pas réussi à passer sur son fief. C’est étrange, non ? De plus, de nombreuses voix qui l’ont côtoyé s’élèvent pour souligner son autoritarisme. Je veux bien que l’on doute des dires d’une ou deux personnes, même dix. Mais ici, nous avons affaire à des dizaines de témoignages similaires. Je ne suis pas dans le secret des dieux, aussi ne puis-je connaître la vérité. Je demeure donc circonspect, attentiste.

Tu dénonces la mainmise des castes supérieures sur le pouvoir, en faisant passer ce phénomène pour nouveau. Il n’en est rien. Cela a toujours été, dans tous les pays du monde, à toutes les époques. Même le régime de l’ex-URSS fonctionnait pour le profit de quelques-uns. Le seul tort de Sarkozy en ce domaine est de rendre ce phénomène plus voyant : c’est un homme d’action sans culture de l’autre, aussi ne s’embarrasse-t-il pas de marques d’attention. Il est obnubilé par ceux qui existent sur le plan social et il cherche à acquérir une particule.

Il y a justement beaucoup de similitudes entre Sarkozy et Tapie. L’article de Léon que tu dénonces résonne fort justement à mes oreilles car cela rejoint ce que j’ai pu constater au contact de certains entrepreneurs, dans leur manière de négocier les marchés. Et c’est ce que j’éprouve aujourd’hui ; à un niveau plus modeste, certes. Il ne suffit pas de proposer le meilleur produit ou service pour gagner. Le milieu a fait payer à Tapie son honnêteté dans sa malhonnêteté, et dans l’affaire dont tu parles, je crois effectivement que Nanard est plus victime que coupable. C’est peut-être ce qui arrivera à Sarkozy qui n’est pas non plus issu du cru. Pour le milieu, il est l’autre, l’étranger. Comme Tapie.

Le programme économique de Bayrou était à mon sens le meilleur, et c’est pourquoi il a obtenu mon suffrage aux Présidentielles. De plus, il a su développer un embryon de programme social, ce qui m’importe beaucoup également. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions : Bayrou n’est pas le Messie ; il doit évoluer dans un contexte international dont les multiples interdépendances laissent peu de place aux décisions d’un seul. Il doit prendre en compte l’autonomie des Marchés et de leurs acteurs principaux.

Comme gaullien de longue date, je rejette naturellement la politique et la personnalité de Sarkozy qui ne respectent pas les fondements de la France, mais il manque un je-ne-sais-quoi à Bayrou pour emporter mon adhésion. En tout cas, il n’est certainement pas le leader de l’opposition : c’est aussi Sarkozy !

Bonne soirée le Taverneux, bonne soirée à toute la communauté d’Agoravox