Bertrand,
En fait d’"asséner" le lien entre orthographe complexe et pouvoir, seules deux lignes y faisaient référence, sous forme d’hypothèse :
" N’y aurait-il pas un désir de maintenir une distinction de classe, entre le commun et ceux qui maîtrisent peu ou prou la langue soutenue ? Si telle est la volonté inconsciente qui fait sursoir à cette évolution, quelques difficultés en moins n’y changeraient rien."
Ainsi qu’une citation qui n’engage que son auteur.
De toute façon, les classes sociales trouvent toujours diverses façons de se reconnaître, formules de politesse, tournures, habillement, etc.
Je ne parle pas du tout d’aller jusqu’à une écriture phonétique, je comparerais ça à un polissage du bois, afin que le toucher en soit doux et l’aspect brillant !
Je ne crois pas que le génie de la langue réside dans ses particularités orthographiques les plus tarabiscotées. Et ne dit-on pas que Racine écrivait ses pièces avec un vocabulaire relativement limité ? Qu’à l’époque de Rabelais, l’orthographe n’était pas fixée comme elle l’est devenue avec le développement de l’écrit ? Ni les mots rares ni l’orthographe bizarre ne fondent la richesse de la langue, àmha.
En outre, de nombreuses langues ont connu des remaniements, et leurs locuteurs n’en sont pas devenus soudain nivelés par le bas, comme le remarque Skirlet : hébreu, russe, italien, portugais, indonésien, et probablement d’autres.
J’ai rajouté dans les messages un lien sur le même problème en Allemagne.
Je pense qu’en parlant de nivellement par le bas, on tombe dans l’exagération et le cliché, et qu’en souhaitant une élévation du niveau culturel qui maintiendrait absolument toutes les bizarreries, on est aussi dans l’excès ; dans le rêve, un rêve généreux, mais loin de la vraie vie, qui est celle de jeunes consacrant de plus en plus de temps à l’image (de loisir ou de travail) via l’informatique, et de moins en moins à l’écrit ou à la lecture.
J’aime lire la langue soutenue, comme par exemple celle d’Amélie Nothomb, mais même elle n’abuse pas de tournures absconses et précieuses, c’est à peine si quelques mots rares et quelques imparfaits du subjonctif s’y glissent. Je ne connais pas son opinion sur cette réforme, mais je constate qu’elle n’abuse pas des formes grammaticales désuètes.
" En conséquence, il paraît évident qu’il faudrait simplifier l’orthographe."
Si j’ai conclu en souhaitant une nouvelle réforme modérée (à mon avis, notre gouvernement est davantage axé sur l’anglais ces temps-ci), mon article évoquait surtout une réforme qui est déjà faite, déjà en vigueur, légale, et semble-t-il progressivement appliquée.