Voilà un article essentiel dans le sens où il pose une question fondamentale, loin des querelles idéologiques : la politique, l’économie, pour quoi faire ?
On pourrait penser, comme semble le faire l’auteur de l’article (et comme moi-même), que la politique et donc l’économie devraient être au service du bonheur du plus grand nombre. Quand j’y pense, ça me parait d’une telle évidence que, voyant ce sentiment si peu partagé par mes contemporains, j’en viens à me demander si je ne suis pas totalement anormal...
Notre système libéral, qui est celui qui règne peu ou prou sur l’ensemble de la planète, prône la compétition à tous les niveaux : individus contre individus, entreprises contre entreprises, nations contre nations. Les intérêts particuliers sont privilégiés au détriment de l’intérêt général. Cela aboutit inexorablement à l’accroissement des inégalités aussi bien à l’intérieur de nos sociétés qu’au niveau international. Je rappellerai que nous permettons (dans le sens où nous ne faisons rien de significatif alors que nous le pourrions) qu’un drame effroyable se produise au quotidien : 100 000 personnes meurent de faim chaque jour dans le monde ! C’est l’équivalent d’une shoah tous les deux mois ! Six holocaustes par an !!! C’est absolument monstrueux (et tout porte à penser que ce nombre va augmenter de manière très importante dans les années à venir). J’ai pris l’exemple le plus frappant mais il faudrait aussi parler de la misère que nous cotoyons dans nos sociétés...
Tout ça pour dire qu’il faudrait réfléchir à ce que nous voulons : si nous voulons continuer à vivre dans un monde d’égoïstes qui fonctionne en faisant miroiter à tout le monde la possibilité de devenir riche, même si le prix à payer pour cet "american dream" (où le bonheur se réduit à la possibilité de consommer à tout va) est d’enfoncer dans la misère une partie toujours plus importante de la population, alors disons le ouvertement ! C’est un choix qu’il faut assumer. Que les politiques libéraux le disent bien haut : oui à l’élitisme et malheur aux vaincus !
Sinon, si nous avons en nous un minimum de morale, de compassion, il faut honnêtement se poser la question et se demander si nous ne devrions pas radicalement changer de système... En ce qui me concerne, je suis séduit par les idées avancées par les partisans de la décroissance (de la non croissance plus exactement) mais il est fort possible que d’autres solutions existent. Il est simplement important d’engager une réflexion sur le sujet et je remercie l’auteur de l’article de l’avoir fait.