@Kalki (20 septembre 2008 à 13H15) : "Je veux dire tout simplement qu’il faut accepter les diffèrences culturel : mais se mettre en accord sur des fondement et les appliquer".
Je comprend bien ce que vous dites, mais quand les mots deviennent des institutions, ils perdent leur sens et se vident de ce qui les fait vibrer. Ce n’est pas une critique, ce que vous dites est sensé.
Lorsque l’on parle de démocratie, il faut se représenter de quoi il s’agit. C’est comme parler du pain comme d’un objet dont on aurait oublié la fonction. La démocratie, au delà de l’institution, représente la tentative d’une distribution équitable de la parole et de son envie d’être la parole d’un groupe au sein d’un dialogue où règne l’esprit d’ouverture à l’autre. La parole doit y être bienveillante, mais l’écoute également. J’en veux pour preuve la devise française : "Liberté, Égalité, Fraternité". Au vu de cette devise, la démocratie française, donné en exemple au monde, ne peut pas être un rapport de force entre groupes antagonistes, mais bien un dialogue ouvert pratiqué dans un esprit de liberté, d’égalité et de fraternité.
Au sein d’une famille, quelle qu’elle soit, on envisagerait pas le dialogue autrement. Pourquoi le dialogue reprenant les groupes d’influences qui prennent part à la démocratie aurait-il une autre finalité que l’envie commune d’arriver à un compromis acceptable pour tous, c’est-à-dire par la famille républicaine ?
Si la démocratie d’un esprit de dialogue devient un rapport de force, alors la démocratie trahit l’esprit de la devise française, et la démocratie est vidée de sa substance. N’oublions pas l’étymologie même de ce mot qui souligne que l’élu qui participe au dialogue démocratique est au service du peuple "souverain", et non de sa carrière.
Donc, oui, la démocratie peut être un fondement de l’humanisme parce qu’il accepte le principe de réciprocité.
La laïcité, bien entendu, aussi, puisqu’au delà même de la séparation de l’Église et de l’état, elle représente l’esprit de tolérance et de dialogue avec les franges modérées des groupes qui y participent. Il faut bien comprendre ce qu’est la tolérance. C’est un terme qui nous vient de l’industrie et qui désigne la marge de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas.
Le terme intolérance n’a pas lieu d’être parce qu’il est intrinsèquement compris dans celui de tolérance. Là, nous avons un problème d’incompatibilité avec l’humanisme, puisqu’il y a rejet d’une partie de l’humanité, celle dont le comportement n’est pas acceptable, j’ai nommé les noyaux durs qui représentent le repli communautaire, et l’aveuglement dans le radicalisme dont la vision ne dépasse plus que des vérités adjacentes à leur radicalisme.
Comment arrivé à ramener à la raison ou dans le dialogue laïque, disons les brebis égarés ? Certainement pas par un discours excluant qui renforcerait encore le repli communautaire au sein du noyau dur. "On attire pas les mouches avec du vinaigre". Il faut donc que la laïcité soit attirante, et non repoussante, c’était la finalité de la laïcité dans l’esprit des libres-penseurs : sortir de tout dogme quel qu’il soit pour établir un esprit de dialogue bienveillant, car avant toute différence culturelle, spirituelle, philosophique ou politique, la seule évidence qui soit, c’est l’appartenance à l’espèce humaine, à l’humanité.
Les êtres humains ont tous les mêmes besoins primaires, et si l’humanisme dit quelque chose, c’est d’abord : "Résolvons dans l’alliance, et non dans la division, les besoins primaires de l’humanité". Quels sont ces besoins primaires ?
Par ordre d’importance :
- Être en sécurité
- Se nourrir
- Se reposer
Ce n’est que lorsque ces trois besoins sont résolus que l’homme peut aborder des besoins secondaires tels que :
- Envisager l’avenir
- Se trouver ou construire un abri
- Se cultiver, c’est-à-dire trouver un sens à son existence
- Se reproduire et transmettre son savoir à la génération qui suit
Seul l’individu n’est rien, et toute puissance acquise est vaine si elle ne trouve à se transmettre avant que la mort ne frappe de nullité tous les acquis de la puissance de l’individu. L’unité de l’humanité, n’est pas l’individu, mais bien la famille à travers la relation qui unit ses composantes. L’individu naît faible, et meurt faible. C’est entre les deux qu’il peut aspirer à la force, mais il ne peut arriver à ce stade que grâce à la protection et à la bienveillance de ses parents. De la même manière, que l’enfant est dépendant de l’adulte, le vieillard affaibli redevient dépendant de son enfant enfant devenu adulte. L’adulte est le support très temporaire de la force.
On devrait enseigner la mort aux enfants, car l’individualisme naît de l’inexpérience de la mort, et cette impossibilité d’expérimenter soi-même la mort nous fait vivre comme des immortels. On peut expérimenter la souffrance, et donc comprendre le danger, mais on ne peut expérimenter la mort, et en comprendre ce qu’elle implique pour nous. Ce qui est terrible à dire, c’est que la mort des autres ne nous en apprend pas plus sur le sujet. Je dis qu’il faut enseigner la mort, mais j’en ignore tout, et je n’ai absolument aucune idée sur ce qu’il faudrait enseigner. J’ai vu l’agonie d’un homme. Son regard affolé par l’évidence de ce qui lui arrivait. Sa poitrine chercher l’air, et retomber en expulsant un dernier un souffle rauque. J’ai vu son regard prendre cette fixité caractéristique. D’être, il est devenu objet. Il en est de la sortie de la vie comme de son entrée. L’absence de vie n’a rien à voir avec la vie.
La vie, c’est d’abord une mise en relation complexe, et l’homme sera toujours dépassé par la complexité des relations dans lesquelles il est embringué. Comme nous ne pouvons pas avoir une vision cohérente de tous les facteurs qui rentrent en ligne de compte dans la complexité de la réalité, nous n’avons pas d’autre choix que de réduire les équations à leur plus simple expression, et établir des généralités. Cette vision partielle que nous avons de ce qui nous dépasse (la décohérence), tend souvent à nous faire reconstruire (l’encohérence) la réalité à partir des généralités que l’on a produit, et à réduire la superposition d’états du réel à un seul état qui n’est qu’une abstraction.
La seule chose que je déduis de tout cela, c’est que l’alliance du genre humain doit être totale, toute sous-alliance contenant en germe le spectre de la division et des conflits que la division peut entraîner. Je crois vraiment que l’humanité n’en est encore qu’à se chercher, et qu’il nous reste beaucoup de chemin à faire. L’intelligence de l’homme ne peut être consacrée à la cannibalité, parce que cela rentre en contradiction avec le principe de réciprocité, d’où la nécessité d’établir des protocoles bien compris, et certainement pas imposés autrement que par la raison et la nécessaire solidarité. Et la laïcité ne se limité certainement pas à un dialogue consacré à la spiritualité, mais également à tous les systèmes de pensée, comme les convictions politiques, par exemple.
@Kalki : "Des fondements comme la démocratie, la laicité, et un certain interventionnisme rationnel de l’état (qui serait incorruptible).
Cela doit surement vous rappeller les droits de l’homme et des notions de l’ONU ... est ce que c’est appliqué ou n’est ce pas un prétexte d’avoir essayé(un peu), le prétexte du plus fort. Celui qui réécrit l’histoire ?"
L’échec n’invalide pas le potentiel de réussite. Je dirais que la société ressemble au jeu de sudoku. On remplit le cases de manière logique, mais c’est à posteriori que l’on se rend compte que l’on s’est gouré. Alors, il ne sert à rien de continuer à s’enfoncer dans l’erreur, il faut avoir le courage de revenir en arrière et d’envisager d’autres solutions. Voilà l’histoire de l’humanité. L’ONU est la seule bonne évidence à laquelle l’humanité est arrivé pour résoudre les divisions, mais les divisions persistent et paralysent l’action de l’ONU. Ce n’est pas l’ONU qu’il faut montrer du doigt, mais bien les divisions opportunistes. Lorsque l’on voit la difficulté qu’il y a à obtenir un forum cohérent, on peut comprendre les difficultés de l’ONU. C’est en soutenant l’ONU contre le lobbysme que l’on aider l’ONU à réaliser ses objectifs de départ. Les lobbies profitent de l’inertie des masses. C’est la masse qui doit bouger pour réduire la nuisance des lobbies, mais si la masse ne se rassemble pas sur les exigences morales de l’ONU, cela ne fera qu’accentuer les problèmes de l’ONU, et donc de l’humanité.
@Kalki : "(question aux ’conservateurs’) Faut il rechercher le meilleur quitte à le creer ou est il préférable de s’en laver les mains ?"
C’est aux conservateurs de répondre. Mais comme on dit : "Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain". Il n’y a jamais échec total. C’est d’ailleurs ce que je reproche souvent à l’athéisme. L’ennemi a des besoins similaires aux nôtres, c’est de croire qu’il est différent autrement qu’en apparence, qui nous jette dans des conflits absurdes.
@Kalki : "La culture n’est que la pointe de l’arme de la guerre idéologique utilisé consciemment ou non (je ne sais pas si il existe un intelligence collective, c’est juste une question d’interret économique dans une monde concurrentiel et néoténique )".
Toute idéologie est un point de vue fermé à tout autre qu’à lui-même. C’est un individualisme de groupe. La réalité, c’est la relation. Cette relation est bien plus complexe que la plus complexe des idéologies. L’Univers est un, c’est donc l’unité qu’il faut chercher. L’idéologie est une vision décohérente. Voir et comprendre le bilan collectif de l’humanité, c’est acquérir une conscience collective, qui dépasse de loin la conscience individuelle, et qui sert celle-ci, plus que ce que l’individu peut en penser.
@Kalki : "Mais cette pointe est incisive".
Disons que c’est son aveuglement à ne voir qu’elle, qui est incisif.
@Kalki : "Un ’pays’/ une société qui n’aurait plus sa culture, mais celle d’un autre, aurait tout perdus. Sa culture, Son intelligence, sa liberté de penser. Cette état ne serait qu’un département de l’empire, une vassalité, une pâle copie sans âme".
Bien au contraire, jamais une addition n’a été une soustraction, et si une manifestation qui regroupe plusieurs milliers de participants semble être une réduction des motivations personnelles à manifester, c’est la puissance même de la manifestation sous un dénominateur commun qui permet à l’individu de réaliser un objectif ou une partie de celui-ci, qui lui aurait été impossible de réaliser sans la puissance de la manifestation.
Et si la Terre était dans un empire galactique, vous pourriez dire la même chose à un niveau supérieur, et dire que la Terre perdrait à faire partie de l’empire galactique. La culture s’enrichit de l’échange d’idée. Diriez-vous que notre échange de point de vue vous émascule de votre identité ? Aucune culture n’est absolument accomplie. La frilosité envers la rencontre est une hérésie, car ce qui a fait de vous ce que vous êtes, c’est la rencontre, l’information que l’autre vous a apporté.
Considérez mon propos comme bienveillant, et non comme une critique du vôtre.
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