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Commentaire de Paul Villach

sur Mme Carla Bruni-Sarkozy à la BBC entre camail, came et camelote


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Paul Villach Paul Villach 21 septembre 2008 15:47

@ Sisyphe

À la différence des courtisans inconditionnels qui ont vu forcément dans cet article un crime de lèse-majesté, et qui, faute de pouvoir le réfuter, s’en sont pris lamentablement à la personne de l’auteur, vous, au moins, vous avancez des arguments. Et je vous en remercie.

1- L’art n’est pas une science, dites-vous ! Qui le conteste ? Mais ce truisme n’est brandi que pour dénier tout droit à une critique rationnelle de l’art. On sait à quelle dérive insensée cela a mené : le tableau blanc ! Je vous renvoie à la pièce sublime de Yasmina Réza, « ART » (1994), jouée par Pierre Arditi, Pierre Vannek et Fabrice Luchini. J’y fais une longue référence dans un article paru sur Agoravox. Si ça vous intéresse, vous pouvez vous y reporter.

2- Vous contestez ensuite le droit d’isoler un texte de sa musique dans une chanson.  Je ne vois pas pourquoi il serait interdit de l’examiner à part. Au nom de quoi ? Vous prétendez que c’est au nom d’ une « alliance subtile ». C’est surtout votre ruse qui est « subtile » : elle vise à préserver le malheureux texte de toute critique. Mais, je vous l’accorde, dans le cas présent, le bruitage qui accompagne les paroles ne leur est pas supérieur : leur alliance est parfaite. Sauf à appeler musique un simple bruitage, et peinture, un tableau blanc, et par complaisance, à renoncer à appeler "un chat, un chat et Raulet un fripon" !

3- Parmi les arguments que j’ai moi-même présentés, vous en contestez deux :
- Je prétends avec le « Times » que Mme Bruni-Sarkozy n’a pas de voix. C’est le moins qu’on puisse dire. C’est assez décourageant pour les artistes qui en ont une et qui, faute d’avoir eu une notoriété de mannequin ou de joueur de tennis, ne se verront jamais offrir la moindre chance d’être diffusés.
Votre goût de la tautologie est révélateur : « la voix de Carla Bruni est ce qu’elle est  » ! Bravo ! Personne ne vous dira le contraire. Mais la tautologie permet « subtilement » de faire admettre l’inacceptable qu’on se garde de définir. Vous vous dispensez ainsi d’examiner le filet vocal insignifiant de Mme Bruni-Sarkozy qui, mannequin, a cru pouvoir jouer de sa notoriété pour oser se lancer dans une carrière de chanteuse. Que d’autres n’aient pas davantage de voix, ne justifie pas plus cette prétention à chanter.


Des arguments que j’ai développés pour critiquer le texte lui-même, vous n’en examinez qu’un seul  : l’image incongrue qui assimile un être aimé à « la came » ! Pas innocent, quand même, l’usage de cet argot du milieu !
Que l’image ait été déjà maintes fois utilisée, ne valide pas pour autant sa pertinence. L’euphémisme sommaire que vous employez pour excuser complaisamment son utilisation par Mme Bruni-Sarkozy est un peu court : « Ici, de façon un peu provoc, mais bon !  » Non, ce n’est pas bon !
Surtout, vous ne dites rien de l’objection que je soulève : l’auteur reste l’épouse du président de la République française et, à ce titre, soumise à un certain devoir de réserve. 


J’observe que les autres arguments vous laissent sans voix, comme celle de Mme Bruni-Sarkozy : 1- images vulgaires à la Catherine Millet, 2- images appelées par la rime sans rime ni raison, 3- image saugrenue de « la manne », 4- images tirées des romans sentimentaux de gare, 5- paradoxes éculés ou abscons, 6- conception de l’amour chère aux Précieuses ridicules de Molière, 7- vers de mirliton…

Voilà les raisons pour lesquelle je trouve ce texte pitoyable. Écrire expose. Sauf courtisanerie de rigueur, disposer d’un statut social particulier n’est pas un argument d’autorité qui permette d’échapper à la critique.

4- Il semble enfin que votre point de vue repose sur un présupposé contestable : « ça plaît ou ça ne plaît pas », dites-vous ! Autrement dit, « des goûts et des couleurs on ne discute pas ».
Je ne partage pas ce point de vue. Car tous les goûts ne se valent pas ! Il est sûr qu’en pratiquant cette intimidation, on ne risque pas de confronter les arguments. Cette égalisation des opinions jette un interdit qui limite la liberté d’expression, sème la confusion dans les esprits, permet à la médiocrité de prospérer, et aux imposteurs de faire fortune.

5- Enfin vous partez d’un préjugé gratuit que vous m’imputez à tort : « Si on veut critiquer Carla Bruni, dites-vous, ce ne sont pas les angles d’attaque qui manquent (notamment, sa fascination du pouvoir) ; l’attaquer sur sa voix ou ses chansons me parait celui le moins opportun.  »
Mais , ce n’est pas le sujet ! Je n’ai eu nul dessein d’attaquer Mme Bruni-Sarkozy ! C’est tout de même singulier, ce glissement qui va du texte à l’auteur, pour disqualifier la critique du texte soupçonnée d’entrée d’un a priori partisan !
Vous lui prêtez une "fascination du pouvoir" qui vous indispose. C’est votre problème ! Faites en un article si vous voulez. En ce qui me concerne, j’ai seulement prétendu analyser un texte, seulement un texte (avec musique et voix) en présentant des arguments, puisque cette dame l’a jugé digne d’être soumis à un public. Je n’ai pas votre parti-pris. Paul Villach 






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